Brexit : wait and see…
L’événement de ces derniers jours, dont on ne peut pas ne pas dire un mot, est le résultat du « référendum britannique ».
Appelés à se prononcer par un Premier ministre imprudent, les citoyens du Royaume-Uni ont donc, le 23 juin, à une faible majorité, signifié leur désir de quitter l’Union européenne (UE), dont leur pays est membre depuis plus de quarante ans.
Inattendu, ce résultat a semé l’émoi dans une grande partie du monde ; en Europe même, depuis plus de dix jours, règne une cacophonie d’une rare intensité : on entend tout et son contraire.
Vient à l’esprit, immanquablement, la célèbre phrase de William Shakespeare : « Une histoire racontée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien. »
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Par le scrutin du 23 juin, les citoyens du Royaume-Uni ont en effet révélé, non pas leur unité, mais leurs divisions. Les plus âgés et les moins éduqués ont la nostalgie d’une Grande-Bretagne seule et souveraine : ils ont donc voté pour le départ ; mondialistes, les plus jeunes, les mieux éduqués et l’élite du pays se sont prononcés contre.
Et, avec eux, la majorité des Écossais.
Les conséquences de ce vote s’étant déjà annoncées plus catastrophiques encore que prévu, le Royaume-Uni y donnera-t-il suite ? Ou bien recherchera-t-il les voies et les moyens de revenir en arrière ?
Nul ne le sait, mais le fameux « wait and see » des Britanniques a tendance à gagner chaque jour plus de terrain.
Des commentateurs très sérieux en arrivent même à affirmer : « Je ne crois pas que le Royaume-Uni quittera l’Union européenne ; cela n’arrivera pas. » Peut-être mais, au sein du Royaume-Uni, pour l’heure, règne une certaine anarchie…
Dans ces conditions, la sagesse et la prudence commandent d’attendre que la poussière soit retombée, que les uns et les autres aient retrouvé leurs esprits. Restent posées deux questions : où en seront le Royaume-Uni et l’Europe dans un an ? Comment auront-ils surmonté ce choc et quelles en auront été les conséquences sur le reste du monde ?
D’ici là, beaucoup d’eau aura coulé sous les ponts et d’autres dossiers auront évolué. Parmi eux, deux qui nous intéressent plus particulièrement s’amorcent en ce mois de juillet.
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1) L’Union africaine
Il se confirme que, lors du prochain sommet de l’Union africaine (UA), du 10 au 18 juillet, à Kigali, l’on demandera à l’actuelle présidente de sa Commission, Mme Nkosazana Dlamini-Zuma, de demeurer à son poste jusqu’à la fin de l’année et qu’elle acceptera cette demande.
Elle a, en effet, convenance à ne rentrer en Afrique du Sud qu’en 2017 pour briguer la succession de son ex-mari, l’actuel président. De leur côté, les chefs d’État de l’UA n’ont pas trouvé son successeur : aucun des candidats actuels ne passe la rampe, et le reste de l’année 2016 n’est pas de trop pour dénicher l’homme ou la femme qui donnera à la Commission un président dont la stature se rapproche de celle d’un Alpha Oumar Konaré, créateur de la fonction.
L’UA en a un besoin d’autant plus pressant que sa situation financière est dramatique. Des cinq grands pays africains – Algérie, Afrique du Sud, Nigeria, Égypte et Libye – qui en assuraient les trois quarts du financement, le dernier n’existe plus et les quatre autres ont perdu toute marge financière.
L’argent des cotisations des États membres ne rentre pas, et l’UA ne sait pas comment boucler son budget pour l’année 2016.
2) Turquie-Israël
Ces deux grands alliés des États-Unis ont été amis et même complices pendant des décennies. Y compris sur les plans militaire et du renseignement, domaines dans lesquels ils collaboraient étroitement.
Leurs relations ont commencé à battre de l’aile à partir du début de ce siècle, avant de se dégrader sérieusement il y a six ans.
En 2010, la marine israélienne avait en effet arraisonné le Mavi Marmara, un navire affrété par Ankara pour porter secours à Gaza, et tué dix citoyens turcs. Les deux pays avaient alors rompu leurs relations, rappelé leurs ambassadeurs et, depuis, se livraient une guerre d’usure.
Sans la pression des États-Unis, qui ne s’est jamais relâchée, ils ne se seraient pas rabibochés.
C’est désormais chose faite et, à l’échelle du Moyen-Orient et même au-delà, c’est un événement majeur.
Chacune de ces deux puissances a consenti à faire des concessions douloureuses – qu’elle s’était juré de ne pas faire. C’est dire si la pression américaine a été forte et si les deux pays avaient intérêt à se retrouver.
Israël s’est absolument refusé à lever le blocus de Gaza, réclamation essentielle de la Turquie.
Qui a obtenu cependant de pouvoir aider largement Gaza, mais en acceptant le contrôle d’Israël sur tout ce qu’elle y envoie.
En dehors des avantages bilatéraux de ses deux signataires, l’élément le plus nouveau de cet accord est qu’il fait de Gaza un protectorat turc.
Pour la première fois depuis un siècle, la Turquie reprend pied dans une entité arabe vouée à devenir un pays et affiche son islamisme militant en mettant tout son poids politique et économique derrière le mouvement islamiste déclaré qu’est le Hamas.
LE ROYAUME-UNI ? 2% DU MONDE
Comment se répartit le revenu mondial entre les principaux pays ou blocs régionaux intégrés du monde ?
Le Fonds monétaire international (FMI) a rendu publique, cette semaine, une première évaluation en parité de pouvoir d’achat qui tient compte de la sortie du Royaume-Uni de l’Europe.
L’Union européenne ne rassemblera plus que 27 pays (voir graphique).
Avec ses quatre nations constitutives (Angleterre, Irlande du Nord, Écosse et pays de Galles), le Royaume-Uni ne représentera plus que 2 % du revenu mondial (en parité de pouvoir d’achat), un niveau à peine supérieur à celui du Mexique.
La Chine, les États-Unis et l’Union européenne (à 27 pays) composeront le trio de tête ; à eux trois, ils contribueront pour moitié au revenu mondial en 2016.
Derrière eux, dans l’ordre, l’Inde, le Japon, la Russie, le Brésil et l’Indonésie.
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