Albert Zeufack : « L’expertise africaine doit venir du continent »

Premier Africain noir nommé au poste d’économiste en chef pour l’Afrique à la Banque mondiale, Albert Zeufack s’est fixé une mission : donner ses lettres de noblesse au rôle d’économiste sur le continent, notamment auprès des autorités politiques.

Albert Zeufack est l’économiste en chef pour l’Afrique à la Banque mondiale. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

Albert Zeufack est l’économiste en chef pour l’Afrique à la Banque mondiale. © Vincent Fournier/Jeune Afrique

ProfilAuteur_FredMaury

Publié le 4 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

Le Camerounais a travaillé pendant plus d’une décennie sur l’Asie du Sud-Est, avec à la clé un regard aiguisé sur le développement africain. Il était le grand invité de l’économie RFI-Jeune Afrique.

Pensée économique

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« Jusqu’à récemment, l’expertise économique était assimilée à d’autres continents. Même dans certains pays africains, lorsqu’on parle d’expert, on s’attend à voir un étranger. Il est pourtant important que les avis sur l’Afrique viennent vraiment du continent, pour que les recommandations de politique économique correspondent mieux aux réalités, notamment au sein des institutions internationales. La profession d’économiste doit acquérir ses lettres de noblesse en Afrique. »

Modèle asiatique

« Depuis cinquante ans, les pays qui sont passés du statut de pays pauvre à celui de pays à revenu intermédiaire, voire riche, sont tous asiatiques. Trois éléments ont joué : un leadership axé sur les résultats, avec des dirigeants qui veulent que leurs économies soient les meilleures du monde, qui conçoivent des politiques et organisent leurs administrations en fonction de cet objectif ; la mise en place, dès les années 1970, d’un climat des affaires permettant des investissements et la création d’emplois ; enfin, la concurrence que se font ces pays, et qui les fait avancer. »

Il est trop tôt pour juger de l’impact économique du Brexit sur la croissance mondiale.

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Croissance

« L’Afrique traverse une période difficile, avec une croissance de 2,5 % seulement cette année. Mais elle est diverse : si certains pays, dont trois grandes économies – l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Angola -, tirent la croissance vers le bas, d’autres croissent rapidement, comme la Côte d’Ivoire, la Tanzanie, le Kenya, le Sénégal et le Rwanda. »

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Agriculture

« L’agriculture n’a pas été délaissée. Mais les résultats n’ont pas été bons, la productivité a stagné. On a trop mis l’accent sur l’agriculture familiale de subsistance. Il faut probablement agréger les petites exploitations. »

Brexit

« Il est trop tôt pour juger de l’impact économique du Brexit sur la croissance mondiale, et sur celle de l’Afrique. Même s’il existe des effets directs, comme la volatilité des marchés financiers, il faut observer les contours de la sortie avant de se lancer dans des projections et de parler de catastrophe mondiale. »

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