Irak : combien de temps le Premier ministre Haïdar al-Abadi tiendra-t-il ?

Après le massacre perpétré par l’État islamique à Bagdad, le Premier ministre irakien est plus fragilisé que jamais.

Haidar Al-Abadi à Bagdad, le 08 février 2010. © Karim Kadim/AP/SIPA

Haidar Al-Abadi à Bagdad, le 08 février 2010. © Karim Kadim/AP/SIPA

ProfilAuteur_SamyGhorbal

Publié le 11 juillet 2016 Lecture : 1 minute.

Le terrible attentat de Karrada, à Bagdad, dans la nuit du 2 au 3 juillet (près de 300 morts, selon un bilan provisoire), a fait une victime collatérale : le Premier ministre irakien, Haïdar al-Abadi. Son convoi, qui s’est rendu sur les lieux le matin du carnage, a été caillassé et lui-même a été accueilli sous des bordées d’injures par une population exaspérée par l’impuissance de son gouvernement, en place depuis septembre 2014.

Al-Abadi, un chiite de 64 ans, membre du parti Dawa, avait remplacé Nouri al-Maliki, lâché par ses protecteurs occidentaux après l’avancée foudroyante de Daesh. Il devait déconfessionnaliser l’État irakien pour l’émanciper de la pesante tutelle iranienne, impulser des réformes et faire reculer l’État islamique.

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Populations déçues

Aujourd’hui, son échec est patent. Son gouvernement a affronter une vive contestation l’an passé, lors de la « révolte des climatiseurs », quand les Irakiens ont signifié leur ras-le-bol à un État incapable d’assurer les services publics élémentaires comme l’électricité. En mars, il a été défié au cœur même de la « zone verte », l’enclave hypersécurisée de Bagdad, par les partisans de l’ayatollah Moqtada al-Sadr, qui dénonçaient la corruption endémique.

Son ancien ministre de l’Intérieur, Mohamed al-Ghabban, avait assuré, le 26 juin, que Bagdad était définitivement plus sûr

Même les succès réels engrangés récemment dans la lutte contre Daesh peuvent difficilement être mis à son crédit. La reprise de Falloujah, plus facile que prévu, s’est accompagnée d’exactions contre les civils sunnites (900 disparitions), et les forces armées nationales n’ont pas été en mesure d’enrayer la soif de vengeance des milices chiites.

Enfin, Haïdar al-Abadi paie aussi les déclarations triomphalistes de son ministre de l’Intérieur, Mohamed al-Ghabban (il a démissionné depuis), qui avait assuré, le 26 juin, que Bagdad était définitivement plus sûr… Bien que son remplacement ne soit pas à l’ordre du jour – faute d’alternative –, le Premier ministre irakien est très affaibli.

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