Cyclisme : au Tour de l’Afrique

Dans son ouvrage consacré à la Grande Boucle, José-Alain Fralon observe l’évolution du cyclisme. Un sport en plein essor en Afrique du Sud, en Érythrée, en Éthiopie, au Maroc et au Rwanda.

L’Érythréen Daniel Teklehaimanot lors 
de sa préparation pour le Tour 
de France. © yoan valat/EPA/MAXPPP

L’Érythréen Daniel Teklehaimanot lors de sa préparation pour le Tour de France. © yoan valat/EPA/MAXPPP

Christophe Boisbouvier

Publié le 15 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

Quel rapport y a-t-il entre le Tour de France et l’Afrique ? A priori, aucun. En lisant Les Secrets du Tour de France, de José-Alain Fralon, on se demande même pendant quelques minutes si les Africains ne devraient pas boycotter le Tour.

En 1902, dans son premier éditorial paru dans L’Auto-Vélo, le journal sportif qui va lancer la célèbre compétition cycliste, Henri Desgrange, le père du Tour, écrit : « Nos petits gars français, les voilà hors du lycée tout armés pour combattre […], prêts à faire leur chemin, là où il faudra, fût-ce aux colonies […]. Et bientôt, notre race va se trouver transformée radicalement. Comme la race anglo-saxonne, elle se répandra désormais partout. » Entre le Desgrange du Tour et le Hergé de Tintin au Congo, il y a comme un cousinage…

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Un événement qui rapporte

Aujourd’hui, le Tour n’est plus d’extrême droite. Propriété du groupe de presse Amaury, qui vient de vendre Le Parisien et possède toujours L’Équipe, la Grande Boucle est avant tout un business qui, selon Fralon, dégage un bénéfice d’environ 20 millions d’euros par an, grâce notamment aux ventes de droits télé.

Car le Tour est un spectacle qui, malgré les scandales de dopage, se vend très bien en Europe, au Japon, en Australie, aux États-Unis et en Colombie – Nairo Quintana pourrait bien être cette année le premier Colombien à gagner la course mythique.

Des coureurs africains dans le peloton 

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Et l’Afrique ? Jusqu’à ces dernières années, elle en a été quasi absente. Acheter un vélo de course coûte plus cher que courir à pied ou jouer au ballon… Mais, aujourd’hui, l’Afrique du Sud a des ambitions. Dans ce livre, on rencontre un ex-coureur sud-africain blanc, Jean-Pierre Van Zyl, qui dirige près de Johannesburg le Centre international de cyclisme en Afrique.

 D’ici à cinq ans, il y aura un coureur noir africain sur le podium d’un grand tour

En dix ans, il y a formé près de six cents coureurs venus de trente pays du continent. Et il a sélectionné trente champions qui sont partis en Suisse parfaire leur apprentissage dans l’espoir d’être recrutés par l’une des dix-huit équipes du World Tour – la Formule 1 du cyclisme sur route.

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Pour Van Zyl, il existe aujourd’hui cinq pays africains qui peuvent rivaliser avec les plus grandes nations du cyclisme : l’Afrique du Sud, l’Érythrée, l’Éthiopie, le Maroc et le Rwanda. « D’ici à cinq ans, il y aura un coureur noir africain sur le podium d’un grand tour », prédit-il. En fait, Van Zyl fait un calcul très politique. Il pense pouvoir convaincre plusieurs dirigeants africains « que cela vaut le coup de mettre de l’argent dans une équipe qui les représente » sur la course cycliste la plus prestigieuse du monde.

Le 9 juillet 2015, « l’Afrique noire est entrée par la grande porte dans le Tour de France », souligne José-Alain Fralon. Ce jour-là, l’Érythréen Daniel Teklehaimanot s’est emparé du maillot du meilleur grimpeur.

Un possible d’Afrique du Nord

Il finira quarante-neuvième à Paris. Cette année, le champion érythréen est à nouveau sur la Grande Boucle sous les couleurs d’une équipe de la nation arc-en-ciel qui a été montée en 1997 par un autre ex-coureur sud-africain blanc, Douglas Ryder, et qui a accès au World Tour depuis 2013. L’Afrique du Sud, encore elle…

Le rêve de Christian Prudhomme, l’actuel directeur du Tour, c’est de faire partir un jour la Grande Boucle d’Afrique du Nord. « Dans les dix ans », précise-t-il. Verra-t-on bientôt le Marocain Ali Jelloul ou l’Algérien Youcef Reguigui sur le Tour ? Quel est le petit mensonge qui a fait perdre Raymond Poulidor en 1964 ? Avec une belle plume, José-Alain Fralon nous livre les petits et grands secrets de cette épopée des temps modernes.

les secrets du Tour de France, de José-Alain Fralon, éd Vuibert, 336 pages, 19,90 euros. © DR

les secrets du Tour de France, de José-Alain Fralon, éd Vuibert, 336 pages, 19,90 euros. © DR

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