Océan indien : bataille de confettis

Malgré leur volonté d’avancer ensemble, les pays membres sont confrontés à de nombreux contentieux frontaliers qui empoisonnent leurs relations.

L’atoll Bassas da india des îles Éparses, au large de Madagascar, le 11 juillet 2002. © Nasa

L’atoll Bassas da india des îles Éparses, au large de Madagascar, le 11 juillet 2002. © Nasa

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Publié le 15 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

L’île de North-Island, dans l’archipel des Seychelles. © AP / SIPA
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Océan indien : destins communs

Malgré leur volonté d’avancer ensemble, les pays membres de la Commission de l’Océan indien (COI) sont confrontés à de nombreux contentieux frontaliers qui empoisonnent leurs relations.

Sommaire

Depuis le début de l’année, les manifestations se succèdent dans le centre d’Antananarivo. La cause ? Le rattachement de quatre des îles Éparses, réclamé depuis l’indépendance par Madagascar.

Découvertes par les explorateurs français aux XVIe et XVIIe siècles, les cinq îles de cet archipel ont longtemps été délaissées par les populations comme par les autorités. Jusqu’au 1er avril 1960, quand la France en revendique la souveraineté, juste avant l’indépendance officielle de la Grande Île. Pour justifier cette mauvaise blague, Paris s’appuie sur un principe de droit coutumier, codifié par l’Acte général de la conférence de Berlin et daté du 26 février 1885.

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« À cette époque, il n’y avait encore aucun enjeu économique, mais le canal du Mozambique représentait un passage hautement stratégique pour la ‘Royale’ française », explique aujourd’hui l’écrivain Toavina Ralambomahay, spécialiste en sciences politiques et en relations internationales à Madagascar.

Des terres non restituées par la France

Dès 1976, une fois les réserves en pétrole et en gaz clairement identifiées, le président, Didier Ratsiraka, fait connaître les prétentions malgaches sur les îles Europa, Juan de Nova et Bassada India. Alors que la France fait la sourde oreille, les Nations unies adoptent deux résolutions, en 1979 et en 1980, invitant Paris à restituer les îles à son propriétaire légal.

Depuis l’indépendance de leur pays, en 1968, les Mauriciens n’ont cessé de chercher à y planter leur drapeau

Sans succès, puis que ces résolutions n’ont jamais été respectées ni imposées par la communauté internationale. La France est également en litige avec Maurice sur le cas de l’île Tromelin, sur laquelle a été implantée une importante base météorologique. «Ce contentieux vient de l’interprétation différente d’un vieux traité, signé à Paris en 1814 avec le Royaume-Uni au lendemain de la capitulation des armées napoléoniennes», précise Jean-Michel Durand, professeur en sciences politiques et journaliste à Eco austral. Maurice tombait alors dans l’escarcelle britannique, sauf l’île Tromelin, située juste un peu plus au nord et discrètement restée sous l’administration directe de l’île française de La Réunion.

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Depuis l’indépendance de leur pays, en 1968, les Mauriciens n’ont cessé de chercher à y planter leur drapeau. En2009, ils pensent enfin obtenir gain de cause quand la France signe un accord de cogestion. Pour finalement se rétracter. La situation n’a pas bougé depuis. Maurice est dans le même temps confrontée à un autre sujet de discorde, lié cette fois à l’ancienne puissance coloniale britannique.

Depuis cinquante ans, les autorités de Port-Louis tentent vainement de remettre la main sur l’archipel des Chagos, que les Britanniques ont d’abord conservé, avant d’en confier, en 1971 et en pleine guerre froide, la gestion aux Américains, qui y ont établi l’une des plus puissantes bases aéronavales de la sous-région. L’affaire a été portée il y a des années devant la Cour suprême de Londres, qui n’a toujours pas statué. Enfin, l’un des cas les plus épineux oppose l’Union des Comores et la France sur la question de Mayotte.

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Les quatre îles de l’archipel comorien étaient réunies jusqu’en 1974, avant que Mayotte demande son rattachement à la France et que les trois autres optent pour l’indépendance. Moroni n’a depuis cessé de vouloir récupérer l’île. Sans succès, Paris ayant envoyé aux autorités comoriennes une fin de non-recevoir qu’elle espère définitive, depuis qu’elle a fait de Mayotte son 101e département en 2009. Malgré les milliers de Comoriens candidats à l’immigration clandestine engloutis ces dernières décennies dans les eaux troubles du canal du Mozambique

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