Germain Kambinga, ministre de l’Industrie : « Face à la crise, la RD Congo a fait preuve de résistance »

Passé par le secteur privé, le ministre de l’Industrie et benjamin du gouvernement a la lourde tâche de diversifier l’économie nationale.

Le 15 janvier 2015, lors du lancement de la campagne «/made in Congo ». © john bompengo

Le 15 janvier 2015, lors du lancement de la campagne «/made in Congo ». © john bompengo

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Publié le 28 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

Stade de Kinshasa, en juin 2016. © Gwenn Dubourthoumieu pour j.a.
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RD Congo : défis majeurs

Au-delà des incertitudes politiques, une nouvelle génération arrive dans la vie publique au moment où le pays a redessiné ses frontières intérieures. Autant de challenges à relever.

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Ancien porte-parole du Mouvement de libération du Congo (MLC), de Jean-Pierre Bemba, Germain Kambinga dirige le ministère de l’Industrie depuis 2014. Fils de diplomate, cet économiste de formation a étudié dans les meilleures écoles européennes, avant de rentrer au pays pour intégrer le secteur privé.

Le « Macron congolais », comme il aime se faire appeler, a été élu député de Kinshasa en 2011, avant donc de faire son entrée dans l’équipe ministérielle Matata II. La nomination de celui qui, à 38 ans, est le benjamin du gouvernement a été pour beaucoup un gage donné à la jeunesse. Il est aujourd’hui chargé de l’un des dossiers les plus importants : la diversification économique de son pays.

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Jeune Afrique : Comment qualifieriez-vous l’état actuel de l’économie congolaise ?

Germain Kambinga : Elle est en bonne santé. Avec une hausse de 6,6 % attendue pour 2016, elle est certes en baisse par rapport aux années précédentes, mais elle reste satisfaisante comparée à celle des pays voisins. Et les efforts réalisés ces dernières années par le gouvernement pour améliorer notre cadre macroéconomique commencent à porter leurs fruits. Personne ne pouvait prévoir cette crise mondiale et ses effets durables. Dans de telles conditions, l’économie de notre pays a fait preuve d’une résilience certaine.

La baisse des cours des matières premières a-t-elle poussé le pays à diversifier son économie, essentiellement fondée sur le secteur extractif ?

Le processus a été enclenché il y a plusieurs années. Le secteur extractif représente toujours 40 % du PIB, mais d’autres filières, comme les télécommunications, se sont développées.

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L’industrialisation de notre économie s’inscrit sur le long terme, surtout que nous partons de très loin. Alors qu’il y avait plus de 2 500 sociétés industrielles viables au lendemain de l’indépendance, on en compte aujourd’hui à peine 350.

Nous allons mettre en place des zones économiques spéciales à Maluku et à Bukanga-Lonzo

Quelles stratégies de diversification suivez-vous ?

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Nous allons mettre en place des zones économiques spéciales. La première verra le jour dans les prochains mois sur le site de Maluku, pour un investissement de 350 millions de dollars apportés par les secteurs privés congolais et étrangers. Dans l’est de Kinshasa, nous avons investi 130 millions de dollars pour créer, sur plus de 90 000 ha, le parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo, avec l’objectif de développer dans cette région l’agriculture intensive et mécanisée. L’idée est d’installer un parc de ce type dans chaque province. La BAD nous soutient sur ce dossier.

Justement, comment assurez-vous le financement de ces structures ?

Nous parlons de projets à long terme. Il nous faut des structures viables et qui s’inscrivent dans la durée. Nous ne disposons pas des ressources nécessaires pour de telles implantations. Nous devons donc créer une banque publique consacrée aux investissements industriels. Elle viendra en complément du Fonds de promotion de l’industrie, mis en place en 1989 et doté d’un budget de 70 millions de dollars. Parallèlement, nous comptons redoubler nos efforts pour améliorer le climat des affaires et attirer ainsi les investissements directs étrangers.

Quels résultats attendez-vous de ces zones spéciales ?

Certains sont déjà perceptibles. Dans le secteur de la construction, par exemple, la production locale de ciment a quintuplé en quelques années. Une vingtaine d’entreprises sont déjà en lice pour s’installer sur Maluku. Et plus de 3 000 emplois directs doivent voir le jour sur cette zone ainsi que plus de 20 000 emplois indirects.

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