Grande-Bretagne : men exit !

Après le chaos provoqué par le Brexit, les hommes ont jeté l’éponge. Theresa May succède à David Cameron au poste de Premier ministre. La « reine de glace » sera-t-elle une nouvelle Dame de fer ?

Devant le 10, Downing Street, le 12 juillet, la veille de sa nomination. © Kate Green/Anadolu Agency/AFP

Devant le 10, Downing Street, le 12 juillet, la veille de sa nomination. © Kate Green/Anadolu Agency/AFP

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 29 juillet 2016 Lecture : 3 minutes.

«Discrète, austère, disciplinée, bosseuse, loyale », mais aussi « froide et dure » : tels sont les adjectifs dont on gratifie Theresa May, que la reine a nommée Premier ministre le 13 juillet.

À 59 ans, celle qui succède à David Cameron était restée seule en lice pour le poste. Responsables du chaos provoqué par la décision des Britanniques de quitter l’Union européenne lors du référendum du 23 juin, les ténors de son parti ont jeté l’éponge. Exit David Cameron, Boris Johnson, Michael Gove et Andrea Leadsom !

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Le parcours

Pourquoi elle ? Ministre de l’Intérieur depuis 2010, Theresa May, personnellement souverainiste, a fait modérément campagne en faveur d’un maintien du royaume au sein de l’UE. Elle est donc sans doute la mieux placée pour réconcilier un Parti conservateur que la question du Brexit a profondément divisé.

Son parcours est celui d’un fleuron de la classe moyenne. Fille de pasteur, elle a étudié à Oxford comme Cameron ou Johnson, puis a travaillé dans la banque, où elle a rencontré son mari (le couple n’a pas d’enfants). Conseillère municipale, élue députée en 1997, elle a gravi tous les échelons du Parti tory avant que David Cameron ne la nomme à l’Intérieur.

Travailleuse acharnée, Theresa May déteste les tweets et les interviews people. Elle aime les randonnées en montagne, le cricket et la cuisine. Elle souffre d’un diabète de type 1 qui l’oblige à se faire une piqûre deux fois par jour. Seule originalité chez cette « reine de glace » (sobriquet dont l’a affublée Nick Clegg, l’ancien vice-Premier ministre) : son goût pour les chaussures de forme ou de couleur extravagantes.

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Son « empathie sociale » pourrait influencer sa politique

Peut-on prédire ses orientations ? Étonnamment, cette conservatrice devrait donner un coup de barre à gauche. Quand elle était secrétaire générale des Tories, elle avait sermonné ses camarades, leur conseillant de briser l’image de « parti méchant » qui ne gouverne que pour les riches. Dans son discours de campagne du 11 juillet, elle a fait montre d’empathie sociale.

Nous croyons que chacun a le droit d’être maître de son destin

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« Nous ne croyons pas uniquement dans les marchés, mais dans les communautés, pas seulement dans l’individualisme, mais dans la société. Nous ne détestons pas l’État, mais nous valorisons le rôle que lui seul peut jouer. Nous croyons que chacun – et pas seulement une poignée de privilégiés – a le droit d’être maître de son destin », a-t-elle lancé. Theresa May entend par ailleurs sévir contre « le comportement irresponsable des grandes entreprises », brider la rémunération des patrons et mettre en place « une politique industrielle efficace ».

Faire du Brexit « un succès », une tâche lourde

Malgré son échec à endiguer l’immigration en Grande-Bretagne, elle choisira vraisemblablement de privilégier, dans sa négociation de divorce avec Bruxelles, l’arrêt de la libre circulation des travailleurs plutôt que l’accès des banques britanniques au marché européen.

« Brexit veut dire Brexit, et nous allons en faire un succès », affirme-t-elle. Qualifiée par son collègue Kenneth Clarke de « femme diablement difficile », elle a rétorqué avec humour que « celui qui s’en rendra compte très vite sera Jean-Claude Juncker », le président de la Commission européenne. C’est à elle qu’il incombera d’activer l’article 50, qui enclenchera le processus de sortie de l’UE. Gageons qu’en femme prudente elle ne le fera qu’après avoir soigneusement préparé son bras de fer avec les vingt-sept autres États membres, pour être sûre de réussir « son » Brexit.

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