Pour voyager heureux, investissons cachés
Ils équipent leur jet avec faste… mais souvent à l’abri des regards. Car nombre de ces riches propriétaires africains sont des dirigeants politiques.
Aviation d’affaires
L’engouement des businessmen pour ces petits avions a fait décoller ce marché de niche. Mais la chute des matières premières freine désormais sa progression.
Sièges en cuir XXL pivotants, chambre à coucher insonorisée, salon pour huit convives… À plus de 30 000 pieds, les plus riches ne se refusent aucun luxe. À Genève, en mai dernier, lors du salon Ebace, l’équipementier Kestrel Aviation Management a présenté avec la participation de Boeing Business Jets et Zodiac, un Boeing 787 (appartenant à un particulier) digne des plus beaux hôtels.
Pas moins de 2 400m2 qui ont nécessité trois années de travail avec l’architecte Jacques Pierrejean, l’un des pionniers du design d’intérieur aéronautique. Bien que secondaire pour Zodiac, cette activité à très forte marge a trouvé avec ce projet une vitrine impressionnante. Cette réalisation a été rendue possible grâce à l’acquisition par l’équipementier de l’entreprise américaine Greenpoint, spécialiste de l’aménagement VIP de long-courriers et de jets, en 2014.
Si les constructeurs comme Boeing, Airbus, Dassault ou Gulfstream possèdent souvent leurs propres cabinets d’architecture intérieure, ils collaborent eux aussi avec des designers extérieurs. Les meilleurs sont installés aux États-Unis ainsi qu’en Europe de l’Ouest et travaillent aussi bien sur des avions neufs que sur le réaménagement d’appareils déjà en service.
Les Africains représentent moins de 10 % de la clientèle du secteur de l’aviation privée
Une demande très discrète en Afrique
Les Africains, qui représentent moins de 10 % de la clientèle du secteur de l’aviation privée, sont encore ultraminoritaires dans leurs carnets de commandes. Et, quand ils y figurent, ils réclament une confidentialité absolue, de peur de déclencher des polémiques sur un continent où les VIP préfèrent profiter de leur argent à l’abri des regards.
Il faut dire que les factures sont souvent très salées. D’après le cabinet M&R Associates, qui confie avoir aménagé deux appareils pour un client ouest-africain, il faut compter environ 500 000 euros pour repenser l’intérieur d’un jet et entre 1,2 million et 1,7 million d’euros pour un long-courrier. Le souci de discrétion de la clientèle africaine est d’autant plus compréhensible qu’elle est constituée pour une bonne part de décideurs politiques.
En Afrique du Sud, Jacob Zuma fait par exemple l’objet d’attaques pour avoir engagé l’achat d’un nouvel avion présidentiel long-courrier doté d’une chambre, d’une salle de bains et d’une salle de conférences. Il est vrai qu’il dispose déjà d’un appareil du même type, mais celui-ci, construit il y a quinze ans, serait obsolète. C’est pourtant l’âge moyen des Airbus A319 d’Air France…
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