Pour voyager heureux, investissons cachés

Ils équipent leur jet avec faste… mais souvent à l’abri des regards. Car nombre de ces riches propriétaires africains sont des dirigeants politiques.

Un Boeing 787 aménagé en configuration VIP par Kestrel Aviation Management et Pierrejean Design Studio. © Kestrel Aviation Management

Un Boeing 787 aménagé en configuration VIP par Kestrel Aviation Management et Pierrejean Design Studio. © Kestrel Aviation Management

Julien_Clemencot

Publié le 27 juillet 2016 Lecture : 2 minutes.

Prix d’un aller-retour entre Le Cap et Johannesburg (ici, le hangar d’Execujet) avec un Pilatus PC-12 de six sièges	: 17	600 dollars. © Execujet
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Aviation d’affaires

L’engouement des businessmen pour ces petits avions a fait décoller ce marché de niche. Mais la chute des matières premières freine désormais sa progression.

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Sièges en cuir XXL pivotants, chambre à coucher insonorisée, salon pour huit convives… À plus de 30 000 pieds, les plus riches ne se refusent aucun luxe. À Genève, en mai dernier, lors du salon Ebace, l’équipementier Kestrel Aviation Management a présenté avec la participation de Boeing Business Jets et Zodiac, un Boeing 787 (appartenant à un particulier) digne des plus beaux hôtels. 

Pas moins de 2 400m2 qui ont nécessité trois années de travail avec l’architecte Jacques Pierrejean, l’un des pionniers du design d’intérieur aéronautique. Bien que secondaire pour Zodiac, cette activité à très forte marge a trouvé avec ce projet une vitrine impressionnante. Cette réalisation a été rendue possible grâce à l’acquisition par l’équipementier de l’entreprise américaine Greenpoint, spécialiste de l’aménagement VIP de long-courriers et de jets, en 2014.

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Si les constructeurs comme Boeing, Airbus, Dassault ou Gulfstream possèdent souvent leurs propres cabinets d’architecture intérieure, ils collaborent eux aussi avec des designers extérieurs. Les meilleurs sont installés aux États-Unis ainsi qu’en Europe de l’Ouest et travaillent aussi bien sur des avions neufs que sur le réaménagement d’appareils déjà en service.

Les Africains représentent moins de 10 % de la clientèle du secteur de l’aviation privée

Une demande très discrète en Afrique

Les Africains, qui représentent moins de 10 % de la clientèle du secteur de l’aviation privée, sont encore ultraminoritaires dans leurs carnets de commandes. Et, quand ils y figurent, ils réclament une confidentialité absolue, de peur de déclencher des polémiques sur un continent où les VIP préfèrent profiter de leur argent à l’abri des regards.

Il faut dire que les factures sont souvent très salées. D’après le cabinet M&R Associates, qui confie avoir aménagé deux appareils pour un client ouest-africain, il faut compter environ 500 000 euros pour repenser l’intérieur d’un jet et entre 1,2 million et 1,7 million d’euros pour un long-courrier. Le souci de discrétion de la clientèle africaine est d’autant plus compréhensible qu’elle est constituée pour une bonne part de décideurs politiques.

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En Afrique du Sud, Jacob Zuma fait par exemple l’objet d’attaques pour avoir engagé l’achat d’un nouvel avion présidentiel long-courrier doté d’une chambre, d’une salle de bains et d’une salle de conférences. Il est vrai qu’il dispose déjà d’un appareil du même type, mais celui-ci, construit il y a quinze ans, serait obsolète. C’est pourtant l’âge moyen des Airbus A319 d’Air France…

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