Union européenne : les pantoufles en or de José Manuel Barroso

L’ex-président de la Commission européenne rejoint Goldman Sachs. Une nomination vécue comme une trahison par les députés socialistes.

La nouvelle mission de José Manuel Barroso : aider la banque d’affaires Goldman Sachs à négocier le virage du Brexit. © Sean Gallup/Getty Images/AFP

La nouvelle mission de José Manuel Barroso : aider la banque d’affaires Goldman Sachs à négocier le virage du Brexit. © Sean Gallup/Getty Images/AFP

ProfilAuteur_AlainFaujas

Publié le 21 juillet 2016 Lecture : 1 minute.

C’est un tollé qui a accueilli, le 9 juillet, l’annonce de l’embauche de José Manuel Barroso, ancien président de la Commission européenne, comme conseiller de la banque d’affaires Goldman Sachs. « Indécent, honteux », se sont indignés les députés socialistes au Parlement européen face à ce « pantouflage ».

Certes, José Manuel Barroso respecte les règles en la matière, tout comme les anciens commissaires Karel Van Miert ou Mario Monti avant lui. Mais c’est la première fois que le plus haut responsable de l’Union européenne (UE) vend ses services au secteur privé et, de surcroît, à une banque qui a aidé la Grèce à truquer ses comptes pour demeurer dans la zone euro. Ancien Premier ministre du Portugal, passé du maoïsme au socialisme avant de s’affirmer comme un ultralibéral et un atlantiste, José Manuel Barroso n’a pas peu contribué à décrédibiliser l’UE, de 2004 à 2014, en s’effaçant devant les intérêts des États membres.

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Un élément stratégique pour le futur de la Goldman Sachs

Sur le fond, les protestataires ont raison de voir dans son pantouflage un conflit d’intérêts. Goldman Sachs, qui se trouvera en difficulté lorsque, en raison du Brexit, les banques de la City ne pourront plus travailler sans entraves en Europe, a recruté l’homme idoine pour défendre sa cause. José Manuel Barroso connaît tous les rouages de la machine bruxelloise, les gouverneurs de banques centrales et les ministres qui comptent. Il pourra ainsi plaider pour le maintien du « passeport européen », qui permet aux établissements bancaires basés outre-Manche de commercialiser des produits libellés en euros.

Il pourra également conseiller la banque sur les pays où elle voudra implanter des succursales de trading afin de poursuivre ses activités continentales. L’ancien président de la Commission n’aura par exemple aucun mal à obtenir un rendez-vous à Paris avec Michel Sapin, le ministre français des Finances, pour négocier une implantation aux meilleures conditions, et avec les emplois correspondants. Ce lobbyiste de haut vol apportera ainsi une aide précieuse à Golman Sachs. Mais pas à l’Europe.

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