Maroc : Abdelilah Benkirane, politique fougueux et homme normal

Après Benkirane I, Benkirane II et Benkirane III, il n’est pas exclu que le leader du Parti de la justice et du développement (PJD) se voie à nouveau confier les rênes du gouvernement à l’issue des législatives du 7 octobre.

Le secrétaire général du PJD à Rabat, lors des régionales de septembre 2015. © fadel senna/AFP

Le secrétaire général du PJD à Rabat, lors des régionales de septembre 2015. © fadel senna/AFP

fahhd iraqi

Publié le 4 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane lors d’un meeting du Parti justice et développement (PJD) le 14 juillet 2012 à Rabat. © Paul Schemm / AP / SIPA
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Maroc : objectif législatives

À deux mois des élections à la Chambre des représentants, fixées au 7 octobre, toutes les formations politiques s’organisent. Pendant que le gouvernement sortant d’Abdelilah Benkirane défend son bilan, en particulier sur le plan économique.

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Alors que, dans la majorité comme dans l’opposition, l’heure est au bilan, le PJD figure parmi les favoris. Et ses partisans semblent enclins à faire reconduire leur leader à la primature en cas de victoire : fin mai, ils ont organisé un congrès extraordinaire afin de reporter l’élection du secrétaire général du parti après les législatives.

Pourtant, si la Constitution spécifie que le roi doit choisir le chef du gouvernement « au sein du parti arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des représentants », elle ne précise pas que ce dernier doit être le leader dudit parti. Au lendemain du triomphe du PJD, en 2011, certains conseillers du Palais avaient d’ailleurs suggéré au parti d’identifier une personnalité plus consensuelle qu’Abdelilah Benkirane, dont ils redoutaient le caractère fougueux.

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L’homme qui divise

« Nous leur avons expliqué que nous n’avions rien contre le principe, mais qu’alors il fallait nous donner le nom de leur favori pour que notre conseil national lui accorde son vote de confiance, assure un cadre de la formation islamiste. Sinon, dans l’absolu, seul le secrétaire général pouvait se prévaloir d’une légitimité conférée par les adhérents du parti. » Aucun nom ne fut proposé et, le 29 novembre 2011, Abdelilah Benkirane était appelé par le roi à former un gouvernement.

Si le chef de gouvernement se fait docile face à l’institution monarchique, il en va tout autrement lorsqu’il est confronté à ses adversaires politiques. Son langage « fleuri » est devenu culte, et ses interventions mensuelles devant le Parlement tournent le plus souvent à la diatribe contre ses opposants. Lesquels le lui rendent bien et profitent de la moindre actualité pour mettre en doute sa probité ou l’accuser de népotisme.

Certains l’accusent d’avoir pistonné sa fille, pour qu’elle obtienne un poste au secrétariat général du gouvernement

Fin juin, certains ont ainsi laissé entendre qu’il avait pistonné sa fille, Soumia, pour qu’elle obtienne un poste au secrétariat général du gouvernement. « C’est de la calomnie, assène l’un de ses proches. Soumia est brillante et même surdiplômée par rapport à cette fonction au salaire mensuel de 7 000 dirhams [environ 700 euros], et elle a décroché cet emploi sur concours ! » L’an dernier, l’un de ses fils, Radouane, avait été accusé d’avoir bénéficié d’une bourse d’études en France grâce à l’influence de son père.

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Pourtant, à 62 ans, Abdelilah Benkirane continue de mener une vie simple, refusant même de quitter sa maison du quartier des Orangers, à Rabat, pour un logement de fonction. Il passe toujours ses vacances familiales dans la petite station balnéaire de Moulay Bousselham, à mi-chemin entre Rabat et Tanger, où il loue une modeste villa. Bref, rien ou presque n’a changé chez lui depuis qu’il est devenu le chef du gouvernement – si ce n’est quelques cheveux blancs supplémentaires et la cravate qu’il s’efforce de porter, sans savoir encore la nouer.

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