Égypte : « Les priorités du Caire sont la Libye et l’Éthiopie »

Le Caire n’est plus ce phare vers lequel tous les regards convergeaient, estime Issandr al-Amrani, directeur du secteur Afrique du Nord de l’International Crisis Group et cofondateur du magazine Cairo. Selon lui, la diplomatie égyptienne n’a eu d’autre choix ces dernières années que de revoir ses prétentions à la baisse.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’adressant au Parlement au Caire, le 13 février 2016. © AP/SIPA

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’adressant au Parlement au Caire, le 13 février 2016. © AP/SIPA

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 4 août 2016 Lecture : 1 minute.

Jeune Afrique: Quel est l’état de la diplomatie égyptienne ?

Issandr Al-Amrani : Elle n’a plus le poids qu’elle avait dans les années 1950-1960, pendant la période nassérienne, et même sous Sadate et au début de l’ère Moubarak. Dans les années 1990, l’Égypte avait encore ce beau rôle parce qu’elle était privilégiée par les États-Unis, notamment pour sa participation au processus de paix israélo-palestinien et à la première guerre du Golfe.

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Estimant qu’elle ne le méritait pas, George W. Bush a abandonné cet attachement et l’Égypte ne pèse plus comme avant, d’autant que de nouveaux acteurs – la Turquie, l’Iran, Israël, mais aussi l’Arabie saoudite – se sont affirmés dans la région.

Quelles sont ses priorités ?

Pour des raisons de sécurité nationale, elles vont à la Libye et à l’Éthiopie. En Libye, l’Égypte est sans doute l’État étranger qui pèse le plus avec l’Algérie. La question du barrage éthiopien a porté l’Égypte à dynamiser un peu sa politique africaine. Dans ce dossier, il y a une volonté nouvelle de dialoguer entre égaux avec l’Éthiopie, alors que Le Caire était auparavant un peu hautain, ce dont il n’a plus les moyens aujourd’hui.

Qu’en est-il de la médiation entre les factions palestiniennes ?

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Il y a un parti pris très fort et encore plus affiché qu’avant pour l’Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, ce qui pose un problème malgré les négociations qui ont débuté avec le Hamas il y a trois mois. Mais je pense que la réconciliation interpalestinienne n’est pas la véritable priorité égyptienne. Il s’agit plutôt de minimiser le soutien du Hamas aux Frères musulmans et au courant anti-Sissi en Égypte.

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