Tunisie – Bouali Mbarki : « Il n’est pas dans nos attributions de participer à un gouvernement »

Le secrétaire général adjoint de l’UGTT précise la position de la centrale. Et insiste sur la nécessité de constituer au plus vite un exécutif compétent pour remettre le pays sur les rails.

Au siège de l’organisation, à Tunis, en 2014. © Ons Abid pour JA

Au siège de l’organisation, à Tunis, en 2014. © Ons Abid pour JA

Publié le 9 août 2016 Lecture : 2 minutes.

Jeune Afrique : Pourquoi l’UGTT, qui a promu le dialogue en 2013, ne participera-t-elle pas au gouvernement d’union nationale en cours d’élaboration ?

Bouali Mbarki : La centrale, en tant que partenaire social, est concernée par les sujets nationaux et socio-économiques, mais nous estimons qu’il n’est pas dans nos attributions de participer à un gouvernement ou de désigner des personnes susceptibles de conduire ou de contribuer à ce nouvel exécutif. Nous soutenons cette initiative et, en tant que partenaires, nous souhaitons qu’au sein de cette nouvelle équipe gouvernementale la compétence prime l’appartenance à un parti. La stabilité et la durabilité gouvernementale sont à cette condition.

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Que demandez-vous au prochain gouvernement ?

De s’atteler aux urgences, et elles sont nombreuses. À commencer par lutter contre la corruption et l’économie parallèle, établir la justice fiscale, donner des bases au développement, soutenir la création d’emplois et mettre en place les conditions pour réaliser de la croissance. Ces éléments figurent au plan de développement 2016-2020, mais nous avons des réserves sur certains points, d’autant que la situation est fragile et qu’il faut également préserver un modèle démocratique.

L’essentiel est de désenclaver les régions défavorisées, aussi sommes-nous d’avis de créer des dynamiques locales pour répondre aux attentes en suspens depuis 2011, avant de s’atteler au lancement des grands projets qui méritent encore réflexion. Nous attendons du gouvernement qu’il s’en tienne à un programme et à une feuille de route précis, pour remettre le pays sur les rails et compenser les manquements passés.

Il faut accélérer la mise en place du nouveau gouvernement

On sent une certaine inquiétude dans vos propos…

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On ne peut plus attendre. Il faut accélérer la mise en place du nouveau gouvernement. L’attente de cette désignation plonge le pays dans l’immobilisme, et cela ne peut plus durer. Des entreprises partent pour s’installer ailleurs, et c’est un signe inquiétant.

Sur ce point, une enquête est en cours, en collaboration avec l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat, mais les urgences et les priorités sont aussi d’assurer la reprise de secteurs comme celui du phosphate, primordial pour l’économie. Les objectifs sont clairs et font l’unanimité, mais on doit rapidement savoir où l’on va, et cela dépend des choix et des orientations du prochain gouvernement.

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En janvier prochain, l’UGTT doit réunir son 23e congrès. Quels sont les enjeux ?

Le congrès est souverain, mais, quelle que soit son issue, il s’agit pour l’UGTT de se forger une vision nouvelle à partir de l’examen de questions nationales mais aussi des demandes sociales en matière de développement et de relance. L’étape est délicate et nécessite la participation de toutes les tendances pour pouvoir établir un diagnostic complet et élaborer des solutions innovantes. L’objectif de cette approche de l’UGTT est de contribuer à sauver et à construire le pays en étant une force de proposition.

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