Afrique-Japon : quand coopération rime avec concentration

La Jica coordonne l’ensemble des actions et des moyens déployés par l’archipel sur le continent. Tant sur le plan humain que sur le plan financier.

Shinzo Abe, le premier ministre Japonais, à l’ouverture de la Ticad V, en juin 2013 à Yokohama. © Itsuo Inouye/AP/SIPA

Shinzo Abe, le premier ministre Japonais, à l’ouverture de la Ticad V, en juin 2013 à Yokohama. © Itsuo Inouye/AP/SIPA

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Publié le 10 août 2016 Lecture : 3 minutes.

Décollage d’un patrouilleur sur la base japonaise de Djibouti. © Nicolas Righetti/Lundi13
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Une nouvelle ère pour les relations Afrique-Japon

Plus de 20 ans après sa création, la Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique, la TICAD, va se tenir pour la première fois sur le continent. à Naïrobi, au Kenya, le 27 et 28 Août.

Sommaire

Héritière de l’ex-Agence de coopération technique outre-mer, l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica) a repris en 2009 les activités de l’ex-Fonds de coopération économique d’outre-mer et de la Banque japonaise pour la coopération internationale afin de devenir le bras opérationnel et financier de l’aide au développement nipponne. « La tutelle unique de la Jica permet une vraie cohérence de l’action japonaise sur le continent », observe un expert du développement depuis Abidjan.

L’important réseau de la Jica sur le continent

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Disposant de 29 bureaux en Afrique, l’agence gère environ 300 projets dans une quarantaine de pays du continent, essentiellement dans les secteurs de l’eau, de l’énergie, de l’agriculture, de l’éducation et des infrastructures de transport, pour lesquelles la Jica est devenue l’un des principaux donateurs. Elle est aussi engagée dans l’aide au développement du secteur privé africain, ainsi que dans la consolidation de la paix et de la bonne gouvernance.

C’est elle également qui est chargée de l’envoi d’experts et de volontaires en Afrique (près de 5 000 personnes en 2015), comme de l’accueil des étudiants et des stagiaires africains sur l’archipel (environ 10 000 par an). Pour financer ces différents volets de la coopération, la Jica dispose des 32 milliards de dollars (environ 29 milliards d’euros) promis lors de la Ticad V par le gouvernement japonais pour la période 2013-2017, dont un tiers est apporté par le secteur privé nippon.

Nous ne souhaitons pas donner du poisson aux Africains. Nous préférons leur apprendre à pêcher.

Si elle revendique son indépendance (officialisée par un cadre légal) en tant qu’acteur de la diplomatie japonaise, la Jica reste néanmoins sous l’influence du ministère nippon des Affaires étrangères, qui nomme son président. Ses missions sont également suivies de très près par les fonctionnaires du ministère de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie. Ce qui n’empêche pas la Jica de développer sa propre philosophie, axée sur le développement des infrastructures et la formation des ressources humaines.

À l’instar de ce que le Japon a fait en Asie dans les années 1980 et que Tsutomu Kimura, le représentant de la Jica pour l’Afrique de l’Ouest, résume d’une simple formule : « Nous ne souhaitons pas donner du poisson aux Africains. Nous préférons leur apprendre à pêcher. »

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Bras de fer sino-japonais

Depuis quelques années, la rivalité ancestrale entre le Japon et la Chine déborde de l’Asie pour s’exprimer en Afrique. Le continent est devenu le terrain d’une lutte d’influence diplomatique et économique exacerbée par les impérieux besoins en matières premières des deux grandes puissances asiatiques, qui ont chacune leur stratégie et leur style.

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Pékin est le leader en financement des infrastructures, Tokyo le principal contributeur asiatique en matière d’aide publique au développement (APD, lire p. 75). « En Afrique, le Japon suit une approche calme et discrète, alors qu’un grand tapage médiatique accompagne généralement les investissements chinois », explique Andrew Jones, directeur de la division Afrique de Linklaters.

Dans un rapport publié en mars, le cabinet international d’avocats d’affaires souligne que « le pays du Soleil-Levant investit près de trois fois plus que la Chine, qui est souvent considérée à tort comme le principal contributeur des projets en Afrique », indiquant que les autorités et entreprises japonaises ont apporté 3,5 milliards de dollars (3,18 millions d’euros) sur les 4,2 milliards investis en 2015 par les pays asiatiques en Afrique dans la réhabilitation des routes, l’adduction d’eau, le déploiement de réseaux d’assainissement et la construction d’oléoducs et de gazoducs.

Le bras de fer sino-japonais est aussi militaire. Depuis 2011, le Japon a installé une base de 150 hommes à Djibouti, la seule à l’étranger depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. À quelques kilomètres de la future base aéronavale chinoise, première « perle » du collier dont Pékin souhaite parer la route maritime reliant l’empire du Milieu à la côte est-africaine, qui sera opérationnelle dès l’an prochain.

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