JO 2016 : après avoir récolté des médailles pour la France, ils ont choisi de défendre les couleurs de l’Afrique à Rio

Après avoir collectionné les médailles pour la France, Reina-Flor Okori, Victor Sintès et Hassan N’Dam représentent à Rio la Guinée équatoriale, l’Algérie et le Cameroun. Drôles d’histoires !

Reina-Flor Okori, en bleu, blanc, rouge lors des JO 
de Londres,
en 2012. © Gabriel Bouys/AFP

Reina-Flor Okori, en bleu, blanc, rouge lors des JO de Londres, en 2012. © Gabriel Bouys/AFP

Publié le 5 août 2016 Lecture : 3 minutes.

Des passants posent devant les anneaux olympique à la plage de Copacabana à Rio, le 31 juillet 2016. © Felipe Dana/AP/Sipa
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Hassan N’Dam pour le Cameroun

Il y a encore deux mois, la participation de Hassan N’Dam aux Jeux olympiques de Rio paraissait impossible. Si elle est désormais acquise, c’est que, début juin, décision a été prise d’ouvrir aux professionnels le tournoi de boxe. Le poids moyen a donc décroché l’une des vingt-trois places attribuées à l’issue de l’ultime épreuve de qualification. Et il espère à présent « marquer l’Histoire ». Singulière destinée que la sienne.

Né au Cameroun il y a trente-deux ans, il fut champion d’Afrique amateur en 2003, obtint la nationalité française en 2010, remporta 33 combats sur 35 chez les pros et conquit deux ceintures mondiales. C’est donc un candidat sérieux à la médaille d’or. Sauf qu’il ne boxera pas pour la France mais pour le Cameroun, qu’il avait déjà représenté lors des Jeux d’Athènes (2004). La décision lui a été en quelque sorte imposée, la fédération française ayant sélectionné un autre boxeur dans sa catégorie.

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Victor Sintès pour l’Algérie

Cas exceptionnel ? Même pas. L’escrimeur Victor Sintès, par exemple, n’avait pas prévu de terminer sa carrière sous d’autres couleurs que celles de la France. Triple médaillé mondial et triple médaillé européen au fleuret, il va pourtant défendre à Rio celles de l’Algérie. Après la déroute de l’escrime française aux Jeux de Londres, il a payé cher ses critiques à l’encontre de l’encadrement fédéral. Mis à l’écart de l’équipe en mars 2013, il s’est tourné vers la patrie de son grand-père maternel, Abdelhamid Bensegueni, un ex-footballeur professionnel.

« Quand j’étais jeune, ma mère m’avait parlé de cette possibilité, mais ça m’était sorti de l’esprit, raconte Sintès. Et puis, en discutant avec un collègue fleurettiste qui a pour sa part fait le choix de tirer pour le Brésil, ça m’est revenu. J’ai donc envoyé un e-mail au président de la fédération algérienne, qui m’a accueilli à bras ouverts. » Fin 2014, passeport algérien en poche, l’ancien champion du monde foule pour la première fois la terre de ses ancêtres.

Mais, en raison de difficultés administratives, il ne peut immédiatement représenter son pays d’adoption en compétition. Ce n’est que le 1er mars dernier qu’il obtient le feu vert de la fédération internationale. Le 14 avril, à Alger, après seulement six semaines d’entraînement, il remporte le tournoi de qualification olympique de la zone Afrique. Et valide son billet pour Rio. « Ma famille algérienne était ravie et fière », s’émeut-il.

Depuis la fin juin, il a mis entre parenthèses son travail de kinésithérapeute et se consacre à temps plein à sa préparation avec l’entraîneur mis à sa disposition par la fédération algérienne. Son objectif ? « Arracher une médaille, même si c’est très difficile. » Térence Joubert, son ancien coéquipier en équipe de France, ne l’exclut pourtant pas. « Il l’a déjà fait aux Mondiaux de 2011, donc c’est possible. »

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Reina-Flor Okori pour la Guinée équatoriale

Le cas de Reina-Flor Okori (36 ans) est différent. Sa décision de disputer ses quatrièmes JO avec la Guinée équatoriale n’est pas un choix par défaut, plutôt un retour aux sources. Après une carrière française ponctuée par un titre de championne d’Europe juniors (1999) et trois demi-finales olympiques (2004, 2008, 2012), la spécialiste du 100 m haies nourrit depuis quatre ans l’espoir de courir pour le pays de son enfance.

J’ai été éblouie par la beauté du pays

Née à Libreville (Gabon), elle a vécu jusqu’à l’âge de 3 ans en Guinée équatoriale, avant que sa famille s’installe à Besançon, dans l’est de la France, où elle fera toute sa carrière d’athlète. Elle ne revient à Malabo qu’à l’âge de 27 ans.

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« J’ai été éblouie par la beauté du pays », dit-elle. Après une première tentative ratée, Reina-Flor reprend contact avec la fédération équato-guinéenne début 2015. Avec succès. Un peu plus tard, elle donne naissance à un petit Lior. Et découvre qu’elle a été escroquée par l’intermédiaire engagée pour l’aider dans ses démarches : « Je lui avais donné procuration, elle m’a flouée de 120 000 euros. »

Reina-Flor a bénéficié de l’une des trois wild cards attribuées à la Guinée équatoriale par le Comité international olympique (CIO). Après deux saisons sans compétition, elle effectuera son retour sur les pistes directement aux Jeux Olympiques. Son niveau de forme ? « Avec quatre mois d’entraînement, ça risque d’être juste pour Rio, mais je compte bien revenir au top en 2017 pour les championnats du monde. » Ce que confirme son coach, l’ancienne championne française Patricia Girard. Mais sait-on jamais ?

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