Mobilisation au Sénégal pour sauver une domestique qui risque la peine de mort en Arabie saoudite
Accusée du meurtre de sa patronne en Arabie saoudite, cette domestique de 22 ans risque la décapitation. À Dakar, autorités et société civile se mobilisent.
«C’est une jeune femme très timide, incapable de tuer une mouche, à plus forte raison un être humain. » Bara Gaye, le maire de Yeumbeul Sud, dans la banlieue de Dakar, reste incrédule. L’une de ses administrées est détenue depuis le mois de juin à Dammam, une ville de l’est de l’Arabie saoudite. Accusée de meurtre, Mbayang Diop, 22 ans, risque la peine de mort par décapitation, conformément à la charia. Depuis mi-juillet, le Sénégal est en émoi.
Issue d’une famille modeste, mère d’un garçon de 3 ans, Mbayang Diop s’adonnait, à Dakar, au commerce de bijoux bon marché. En 2016, un habitant de Yembeul Sud lui fait miroiter un emploi de domestique au royaume wahhabite. « Elle imaginait gagner 600 000 F CFA [900 euros] par mois, témoigne Bara Gaye. Mais pour financer son départ, c’est elle qui a dû lui verser 400 000 F CFA. »
Vendue comme domestique puis accusée de meurtre
Une fois à Dammam, ses illusions tournent court. Elle contacte à plusieurs reprises son frère aîné, Mamadou, pour se plaindre de ses conditions de travail. Mbayang, dont le passeport a été confisqué dès son arrivée, a été « vendue » à une famille saoudienne, au sein de laquelle elle est corvéable à merci. Désireuse de rentrer au plus vite au Sénégal, elle appelle son frère à l’aide. Puis la jeune femme ne donne plus signe de vie.
Mamadou Diop alerte le ministère sénégalais des Affaires étrangères. Fin juin, les autorités l’informent que sa sœur est accusée par la justice saoudienne du meurtre de sa patronne. Mais un mois plus tard, la famille et ses avocats ne disposaient toujours d’aucune information précise sur les circonstances du drame et les charges retenues contre la jeune femme.
Sur les réseaux sociaux et dans la société civile, un vaste mouvement de soutien s’est constitué afin de lui éviter la peine capitale et de lui permettre, en cas de condamnation, de purger sa peine au Sénégal. Le 4 août, le président Macky Sall en personne a évoqué le dossier avec le ministre saoudien des Affaires étrangères.
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