Jean-Pierre Chevènement, grand mufti de France

Pressenti pour diriger la Fondation pour l’islam, l’ex-ministre de l’Intérieur ne fait pas l’unanimité. Même au sein du gouvernement.

Jean-Pierre Chevènement lors d’une visite de l’école navale en Bretagne en 2012. © Philippe Wojazer/NBC/AP/Sipa

Jean-Pierre Chevènement lors d’une visite de l’école navale en Bretagne en 2012. © Philippe Wojazer/NBC/AP/Sipa

ProfilAuteur_LaurentDeSaintPerier

Publié le 9 août 2016 Lecture : 1 minute.

Bâtir l’islam de France : pour ses inlassables promoteurs étatiques, ce projet serait l’antidote aux tentations communautaristes, radicales et extrémistes qui menacent la cohésion nationale française, voire la paix civile dans le contexte de la « guerre contre le terrorisme » déclarée par les dirigeants hexagonaux. Mais le chantier peine à avancer, avec un Conseil français du culte musulman (CFCM) grippé par les rivalités d’ascendance des États d’origine et les querelles doctrinales qui, en France comme ailleurs, divisent un islam sunnite sans hiérarchie cléricale.

Soustraire la construction et la gestion des lieux de culte à ces influences tout en respectant le principe de laïcité, un défi à nouveau brandi par le gouvernement, qui a annoncé le 1er août la résurrection de la Fondation des œuvres pour l’islam de France (FOIF). Créé en 2005 par Dominique de Villepin, cet organisme devait centraliser les fonds récoltés par les institutions communautaires mais n’a jamais donné de résultats concrets.

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Un choix qui divise

Jean-Pierre Chevènement, 77 ans, ancien ministre de l’Intérieur et des Cultes (1997-2000), seul pressenti pour la diriger, lui conférera-t-il davantage d’efficacité ? « Il y a besoin d’une personnalité qui puisse être un président fort, à la fois ferme sur les grands principes de la laïcité et ouvert pour permettre à l’ensemble des cultes d’assurer leur exercice dans le cadre de la République », expliquait le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll, en évoquant le personnage.

Celui-ci est cependant loin de faire l’unanimité, jusqu’au sein du gouvernement, dont la ministre de la Famille, Laurence Rossignol, suggérait de choisir « d’abord quelqu’un de culture musulmane ». Mais si d’aucuns s’étonnent qu’une fondation pour l’islam soit confiée à un non-musulman, il faut rappeler que Chevènement, alors ministre de l’Intérieur, a été à l’origine de la création du CFCM et a lancé en 1999 le projet de la FOIF. Sans allégeance transnationale ni a priori doctrinale, ne serait-il pas justement bien placé pour arbitrer entre les différents courants qui divisent l’islam de France ?

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