États-Unis : Johnnie Carson, le « Monsieur Afrique » de Hillary Clinton, reprend du service

Il est le « Monsieur Afrique » de Hillary Clinton. Sa priorité : les pays anglophones. Son chouchou : le Nigeria. Et – il le fait savoir haut et fort – il n’aime pas les présidents qui s’accrochent au pouvoir.

Johnnie Carson, à Nairobi, en octobre 2009. © Noor Khamis/REUTERS

Johnnie Carson, à Nairobi, en octobre 2009. © Noor Khamis/REUTERS

Christophe Boisbouvier

Publié le 24 août 2016 Lecture : 3 minutes.

Il est né dans un quartier pauvre de Chicago, porte un nom de bluesman et a un visage de crooner… mais, comme il aime à le dire, il n’est « pas un romantique ». À 73 ans, Johnnie Carson va peut-être revenir en politique. En novembre, si Hillary Clinton est élue à la présidence, nul doute qu’elle l’appellera à ses côtés. « Entre eux, il y a de l’amitié et un respect mutuel », témoigne un diplomate américain.

En mai 2009, après son arrivée à la tête du département d’État, Hillary lui confie les affaires africaines. En 2011, Carson veut prendre sa retraite, mais elle lui demande de rester. En mars 2013, après le départ de Hillary, il démissionne et aspire à couler des jours tranquilles. Mais, au vu de ses dernières tribunes de presse, le diplomate semble de nouveau possédé par le démon du pouvoir.

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Une politique africaine plus concrète

Johnnie Carson n’aime pas les chefs d’État qui s’accrochent à leur fauteuil au mépris de leur Constitution et le dit sans détour. « Si M. Kabila décidait de faire dérailler le processus démocratique en RD Congo, écrivait-il dans le Washington Times ce 18 avril, les États-Unis devraient refuser de donner des visas aux membres de sa famille et être prêts à mettre en œuvre des sanctions contre ses avoirs financiers. »

Visiblement, Carson estime que Barack Obama manque de fermeté, et regrette que le président ne consacre pas plus de temps à l’Afrique. « Ses coups de fil à ses pairs africains sont rares, maugréait-il dans un mémo de janvier 2015 sur la présidentielle à venir au Nigeria. Il est temps qu’il appelle Goodluck Jonathan et Muhammadu Buhari avant qu’une grave crise ne survienne. »

Affection pour le Nigeria

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Pour Carson, le Nigeria est le pays clé du continent. En 1969, en pleine guerre du Biafra, c’est à l’ambassade à Lagos qu’il commence sa carrière de diplomate. À la présidentielle de 2015, il y retourne comme observateur du National Democratic Institute – un think tank proche du Parti démocrate. Aujourd’hui, il ne comprend pas pourquoi ce pays, qui est la vingtième puissance économique mondiale, n’appartient pas au G20.

Pour Carson, le Nigeria doit établir un partenariat stratégique avec les États-Unis et la Grande-Bretagne – un autre pays auquel il est très attaché depuis que l’université de Londres lui a décerné, en 1975, un diplôme de relations internationales.

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Une mauvaise maitrise de l’Afrique francophone

En revanche, Carson, qui a été ambassadeur en Ouganda, au Zimbabwe et au Kenya, ne s’intéresse guère aux pays francophones – sauf à la RD Congo, au Burundi et à Madagascar. Et, en dehors du Nigeria, sa connaissance de l’Afrique de l’Ouest semble assez approximative. En janvier dernier, dans une lettre ouverte à Obama où il énumère les dix travaux pour l’Afrique que le président devrait accomplir avant de quitter la Maison Blanche, il lui suggère d’organiser une « conférence des chefs d’État d’Afrique de l’Ouest démocratiquement élus », où il convierait une douzaine de présidents, dont ceux de la Mauritanie et du Togo. Mais il oublie celui de la Côte d’Ivoire !

Carson pourrait-il reprendre le poste de secrétaire d’État adjoint chargé des Affaires africaines ? « Si Hillary est élue, il visera plus haut, confie l’un de ses proches. À la Maison Blanche ou au Conseil de sécurité nationale. » Sûr que cet homme à poigne défendra une politique plus active en faveur de la démocratie et que Clinton se rendra au Nigeria. À condition qu’elle parvienne à battre Donald Trump…

Trump ou le degré zéro de la « diplo »

Si Hillary Clinton dispose avec Carson d’un candidat de poids pour le poste de secrétaire d’État, côté républicain, c’est le néant. De fait, Donald Trump, qui vient (notamment) de déclarer qu’il n’y a pas de forces russes en Ukraine, n’a qu’une très vague idée de la politique étrangère qu’il entend mener s’il est élu, a fortiori de celui qui serait chargé de l’appliquer. Alors un Monsieur ou une Madame Afrique, n’en parlons pas… Parmi ceux qui pourraient incarner sa diplomatie, on cite l’ineffable Sarah Palin, candidate aux primaires de 2012, l’isolationniste Ron Paul ou Bob Corker, sénateur du Tennessee, qui a loué la « vision » de Trump. Sans rire. (Jean-Eric Boulin)

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