Abdoullah Coulibaly : « Organiser le Sommet Afrique-France à Bamako est un message fort de solidarité »
Abdoullah Coulibaly est le Coordinateur national du Comité d’organisation du sommet Afrique-France (SAF) 2017. Interview.
Mali mélo à mi-mandat
Ibrahim Boubacar Keïta avait promis de rétablir la sécurité et l’autorité de l’État, d’accélérer le développement, en particulier dans le Nord, et de restaurer la bonne gouvernance. Trois ans après son élection, aucun de ces chantiers majeurs n’a encore abouti. Même si, sur tous les fronts, les choses ont progressé.
Président fondateur de l’Institut des hautes études en management (IHEM) et du Forum de Bamako qui, chaque année depuis 2001, réunit des intellectuels et des experts internationaux autour des enjeux de développement du continent (la 16e édition, en février, avait pour thème : « L’Afrique entre chaos et émergence »), Abdoullah Coulibaly, 64 ans, a une solide expérience dans la préparation de rencontres de haut niveau.
En octobre 2015, le président Ibrahim Boubacar Keïta, son ami de longue date, l’a nommé coordinateur national du Comité d’organisation du sommet Afrique-France (Cnosaf) 2017 de Bamako. Discret et réservé de nature, l’ancien consultant international en gestion des entreprises se montre particulièrement enthousiaste. Sans jamais perdre de vue les défis logistiques et sécuritaires qui restent à relever.
Jeune Afrique : Comment le sommet se présente-t-il et que représente-t-il ?
Abdoullah Coulibaly : Nous attendons près de 2 500 personnes, et s’il y en a davantage, tant mieux ! Le Mali est un pays hospitalier. En organisant ce sommet à Bamako, la France et les pays africains ont voulu envoyer un message fort de solidarité pour que le Mali redevienne aux yeux du monde une destination sûre. Pour nous, c’est aussi un signal important à l’attention des investisseurs étrangers. Les deux maîtres mots sont la paix et l’émergence : pour développer, il faut sécuriser.
Nous connaissons les risques et c’est un défi majeur à relever. Pour ce faire, nous œuvrons main dans la main avec les représentants français, en particulier Frédéric Clavier, l’ambassadeur chargé de l’organisation de ce 27e sommet, et Gilles Huberson, l’ambassadeur de France au Mali.
Côté sécurité, quelles dispositions ont été prises ?
Nous y travaillons beaucoup avec nos partenaires français et africains, car la clé de la sécurité c’est la mutualisation des dispositifs et le partage des informations. Je peux vous garantir que tout est déjà prêt pour assurer la protection des délégations (qui seront transportées en véhicules blindés), en particulier aux abords du Centre international de conférences, où se tiendront une grande partie des rencontres.
Ce sommet doit enclencher une dynamique et donner des perspectives à notre jeunesse
Le volet économique sera-t-il important ?
Le Mali est dans une dynamique de reconstruction. Pendant le sommet, nous allons parler logement, transports, énergie, eau, etc. Des rencontres sont prévues entre le patronat français [quelque 200 opérateurs économiques français sont attendus] et des entrepreneurs africains – maliens, nigérians, sud-africains, égyptiens, etc. –, ainsi qu’avec des sociologues et des universitaires. Le développement n’est pas une affaire de castes, il concerne tout le monde.
Ce sommet doit aussi enclencher une dynamique et donner des perspectives à notre jeunesse. Il y sera beaucoup question d’éducation et de culture, car ce sont des éléments importants dans la résistance à la crise que vit le Mali. En outre, nous comptons créer 3 500 à 4 000 emplois jeunes autour du sommet. Au préalable, nous allons organiser, fin septembre, un forum pour les jeunes Maliens, avec l’Organisation internationale de la francophonie [OIF] et l’Unesco [Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture]. On y parlera d’emploi, de formation professionnelle, mais aussi de radicalisme religieux et du problème de la migration.
La culture sera-t-elle aussi à l’honneur ?
De grands artistes maliens et français, comme Toumani Diabaté et Kassav, devraient animer les soirées pendant le sommet. Nous allons aussi construire un village culturel et artisanal et nous rendrons un hommage à Malick Sidibé, décédé cette année, à travers une rétrospective. Par ailleurs, nous voulons associer les villes françaises jumelées avec des communes maliennes à de grandes manifestations culturelles. Ça sera un beau sommet !
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