Gabon : l’État de droit s’est-il amélioré ?

Par tribunes interposées, Flavien Enongoué, conseiller spécial du chef de l’État, et Dieudonné Minlama Mintogo, candidat à l’élection présidentielle du 27 août, se répondent sur la question sensible du respect de la démocratie et des droits de l’homme au Gabon.

Manifestations le vendredi 7 août à Libreville, Gabon. © Bruno Ben MOUBAMBA/Flickr creative commons

Manifestations le vendredi 7 août à Libreville, Gabon. © Bruno Ben MOUBAMBA/Flickr creative commons

Publié le 24 août 2016 Lecture : 3 minutes.

Ali Bongo Ondimba, président du Gabon à Paris le 10 Novembre 2015. © Francois Mori/AP/SIPA
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Présidentielle au Gabon : le bilan d’Ali Bongo Ondimba passé au crible

Économie, démocratie, libertés, jeunesse, logement, emploi, infrastructures… Jeune Afrique a passé au crible le bilan du chef de l’État gabonais.

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« Oui » – Flavien EnongouéConseiller spécial du chef de l’État

Flavien Enongoue © DR

Flavien Enongoue © DR

Le Gabon est incontestablement une démocratie naissante, car vieille seulement d’une vingtaine d’années. Il m’est arrivé de lire le contraire sous la plume d’universitaires respectables et d’entendre des hommes politiques qui le sont moins la qualifier de dictature. J’en conclus qu’ils brillent par une méconnaissance totale de la réalité, car les faits sont à mille lieues de la représentation qu’ils s’en font. Il est impossible de passer en revue l’ensemble des critères dans une simple tribune, l’exercice vaudrait bien toute une thèse.

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Mais on peut s’en tenir à celui de la liberté, admis comme primordial dans les vieilles démocraties occidentales. La philosophe Hannah Arendt affirmait que « le sens de la politique est la liberté ». Est-il besoin de rappeler que les prisons gabonaises ne comptent aucun détenu politique et que la liberté d’opinion ne connaît aucune entrave dans ce pays ? La critique acerbe du régime et des personnes qui l’incarnent est un sport national, sans que quiconque y trouve à redire.

Les auteurs des appels à l’insurrection le font en toute impunité. Les progrès sont indéniables. Si l’on s’en tient simplement à la démocratie électorale, les locales de décembre 2013, les sénatoriales de 2014 et les législatives partielles du 18 juin 2016 témoignent que le vote est de moins en moins considéré comme une « technologie sociale et politique problématique ».

On le doit pour beaucoup à la biométrisation, depuis 2013, de la liste électorale. Enfin, le régime s’est davantage affirmé dans la consolidation de l’État de droit, en veillant au caractère constitutionnel du gouvernement et au principe de l’égalité devant la loi. À plusieurs reprises, les initiatives législatives et réglementaires du gouvernement ont été remises en question par les juridictions compétentes, dont la Cour constitutionnelle !

« Non » Dieudonné Minlama Mintogo Candidat à l’élection présidentielle

Dieudonné Minlama Mintogo © DR

Dieudonné Minlama Mintogo © DR

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Je ne peux dire aujourd’hui que le Gabon est une démocratie. En 1990, nous avions organisé une conférence nationale au cours de laquelle les Gabonais avaient unanimement décidé de rompre avec le monopartisme et d’adopter le multipartisme. Une Constitution consensuelle avait été rédigée et adoptée en 1991. Elle assurait l’alternance politique au pouvoir en limitant le nombre de mandats. Ainsi qu’un équilibre institutionnel. Les membres de la Cour constitutionnelle et ceux du Conseil national de la communication [CNC] étaient élus par leurs pairs.

Malheureusement, on a fait sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats, lesquels sont passés de cinq à sept ans. Les élections présidentielles et législatives comptaient deux tours, il n’en reste qu’un. En outre, les membres de la Cour constitutionnelle et du CNC sont maintenant nommés par les présidents des autres institutions.

L’armée n’a jamais été aussi présente dans les rues de Libreville.

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C’est pour ces raisons que la société civile a produit un mémorandum et réclamé le retour à la Constitution de 1991. Je pensais que le président Ali Bongo Ondimba, qui s’est battu à la fin des années 1980 pour l’instauration de la démocratie et du multipartisme, allait profiter de son élection pour satisfaire les demandes de la société civile. Mais, hélas, la révision constitutionnelle qu’il a entamée au début de son mandat a plutôt servi à renforcer le pouvoir et la suprématie de la présidence sur les autres institutions.

Enfin, l’armée n’a jamais été aussi présente dans les rues de Libreville. Cette hypermilitarisation montre très clairement que l’État de droit ne s’est pas consolidé. Tout au long de ce septennat, il a été très difficile à l’opposition et à la société civile de s’exprimer et de manifester pacifiquement.

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