Littérature : et il est comment le dernier… Parker Bilal ?

Meurtres rituels à Imbaba, de Parker Bilal, traduit par Gérard de Chergé, Seuil, 416 pages, 21,50 euros © DR

Meurtres rituels à Imbaba, de Parker Bilal, traduit par Gérard de Chergé, Seuil, 416 pages, 21,50 euros © DR

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 30 août 2016 Lecture : 2 minutes.

«Surgissant d’un coin de l’écran, l’avion de ligne, semblable à une pointe de flèche, virait lentement, inexorablement, vers sa cible. Au moment de la collision, son mouvement avait quelque chose d’incroyablement gracieux et tragique à la fois, comme s’il faisait partie d’une chorégraphie complexe, à l’instar du mouvement des planètes : une étoile errante qui explosait dans une boule de flammes sous leurs yeux ébahis. »

Alors que le deuxième roman policier de Parker Bilal semblait s’achever sur un happy end (relatif) après moult décès, les héros du roman assistent en direct aux attentats du 11 septembre 2001 et l’un d’eux commente avec résignation : « Maintenant, il va y avoir du grabuge. » Est-il possible d’imaginer que les ennemis que l’attachant Makana, ancien officier de police soudanais devenu détective privé au Caire, aura désormais à affronter seront pires que ceux qu’il combat dans Meurtres rituels à Imbaba ?

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Difficile à concevoir, mais on peut compter sur l’imagination de Jamal Mahjoub, l’auteur anglo-soudanais qui se cache sous le pseudonyme de Parker Bilal, pour bâtir d’autres romans denses, humains, en prise avec l’actualité du monde en général et du Moyen-Orient en particulier. À l’en croire, cinq sont déjà écrits et il faudra seulement un peu de patience avant de pouvoir les dévorer en français…

Mais déjà, impossible d’oublier la figure amochée de Makana, casse-cou incorruptible n’ayant plus grand-chose à perdre puisqu’il a déjà tout perdu : sa femme et sa fille, alors qu’il s’apprêtait à fuir la dictature de son pays… Impossible aussi d’oublier la foule de personnages qui l’entourent – amis, chauffeurs, voisins, collègues policiers, journalistes, restaurateurs, etc. – et sans lesquels il serait difficile d’imaginer la vie vibrionnante et complexe de la capitale égyptienne.

Une vie de résilience au cours de laquelle les Cairotes survivent au jour le jour avec une certaine bonne humeur malgré la corruption, le poids des religions, les exactions de la police comme celles des bandes de criminels – qu’ils soient au petit pied ou au bras long…

Auteur de romans classiques sous son vrai nom (Nubian indigo, Le Télescope de Rachid, etc.), Parker Bilal a choisi il y a quelques années le polar pour gagner sa vie. Inspiré par le style anglo-saxon – intrigue bien ficelée, écriture efficace et sans fioritures –, il y insuffle une poésie tout orientale qui vient tempérer la rugosité des sujets abordés. Saura-t‑il continuer dans l’atmosphère empesée de l’après-11 Septembre ? On peut prendre les paris.

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Meurtres rituels à Imbaba, de Parker Bilal, traduit par Gérard de Chergé, Seuil, 416 pages, 21,50 euros

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