Maroc : pour justifier son bilan à l’approche des législatives, Benkirane choisit l’attaque

À moins de deux mois de l’échéance du 7 octobre, la campagne pour les législatives – le scrutin majeur au Maroc – s’annonce tendue.

Abdelilah Benkirane, patron du PJD. © Fadel Senna/AFP

Abdelilah Benkirane, patron du PJD. © Fadel Senna/AFP

Publié le 18 août 2016 Lecture : 1 minute.

Quotidiennement attaqué dans les médias sur son bilan économique et social, le Parti de la justice et du développement (PJD) du Premier ministre islamiste Abdelilah Benkirane s’en prend désormais ouvertement à « l’État profond » (le Makhzen) et au ministre de l’Intérieur, Mohamed Hassad, accusés de favoriser son principal concurrent, le Parti Authenticité et Modernité, d’Ilyas El Omari.

De meeting en meeting, à défaut de défendre un bilan, l’argumentation du PJD est la même : si le mécontentement, notamment syndical, est ce qu’il est (et il risque de s’aggraver avec un projet de loi de finances pour 2017 axé sur l’austérité), c’est parce qu’« il » (l’État profond) empêche le chef du gouvernement de travailler en lui mettant « des bâtons dans les roues » – moyen commode d’esquiver le reproche d’amateurisme fait à un Premier ministre qui a tendance à ne pas s’embarrasser des textes réglementaires et du fonctionnement des institutions pour tenter de faire appliquer ses décisions au forceps.

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Autre thème de campagne du « parti de la lampe », à haut risque celui-ci : si les islamistes ne remportent pas les législatives, c’est qu’il y aura eu fraude organisée par le ministère de l’Intérieur. Benkirane, qui se pose volontiers en garant de la stabilité en rappelant qu’il aurait « sauvé » le régime du Printemps arabe, laisse ses partisans agiter la menace d’une mobilisation populaire à la turque en cas de défaite.

Lors de la tentative de putsch du 15 juillet, le PJD avait multiplié les déclarations et démarches de soutien en faveur de son « grand frère », l’AKP de Recep Tayyip Erdogan. Signe de leur nervosité : les islamistes n’évitent pas les dérapages sur les réseaux sociaux. L’un des membres de la jeunesse du PJD, Omar Senhaji, a ainsi menacé de décapitation les adversaires du parti, fin juillet, sur sa page Facebook. Convoqué par la police, il a reçu le soutien de plusieurs députés et dirigeants, avant de présenter ses excuses.

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