Nigeria : « La dévaluation du naira a entraîné une forte inflation »
Jusqu’à ce que l’État dévalue le naira, en juin dernier, il y avait un fossé entre le taux de change officiel et le marché noir.
![Billets de nairas, émis par la Banque centrale nigériane, gardienne de la politique monétaire et régulatrice du secteur bancaire. © Sunday Alamba/AP/SIPA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2016/05/11/naira-ap-sipa.jpg)
Billets de nairas, émis par la Banque centrale nigériane, gardienne de la politique monétaire et régulatrice du secteur bancaire. © Sunday Alamba/AP/SIPA
La Banque centrale maintenait artificiellement le taux de change à un niveau de 197 nairas pour 1 dollar, mais il fallait en pratique environ 400 nairas pour 1 dollar auprès des changeurs de rue. Alors que l’économie est déterminée en partie par les prix du pétrole, qui représente 95 % des exportations et dont le cours est en berne, le gouvernement visait à garder le naira fort pour protéger le pouvoir d’achat des consommateurs et stabiliser le marché. Mais l’écart était devenu insoutenable.
Après la dévaluation, il faut compter 320 nairas pour 1 dollar au cours de la Banque centrale. Même si les deux taux convergent un peu plus, l’écart reste encore significatif. La forte dépréciation de la devise nigériane par rapport au dollar a engendré une envolée de l’inflation de plus de 16 %, soit son plus haut niveau depuis six ans. Et à cause des limites imposées par la Banque centrale, le taux du marché noir reste celui appliqué pour une bonne partie des produits manufacturés importés.
Le PIB nigérian a diminué de 0,4 % au premier trimestre de 2016. Et nous prévoyons une contraction de plus de 1 % sur l’année entière. Compte tenu de la pénurie de dollars, il est devenu compliqué pour les entreprises internationales de traiter avec le Nigeria, qui pèse 35 % à 40 % des économies d’Afrique subsaharienne. Les pays voisins très dépendants économiquement, comme le Bénin, le Togo et le Niger, ont particulièrement pâti de cette situation.
Il est probable que le gouvernement intervienne encore pour supporter le naira. On s’attend quand même à ce que le taux du marché noir finisse par converger avec le taux officiel. Un cas qui s’était déjà produit en Argentine.
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