Tunisie : les cautions de gauche du gouvernement d’union nationale

Pour la crédibilité du gouvernement d’union nationale, Youssef Chahed se devait d’élargir l’assise de son équipe à la gauche.

Samir Taïeb, du parti Al-Massar, hérite de l’Agriculture. © Ons Abid

Samir Taïeb, du parti Al-Massar, hérite de l’Agriculture. © Ons Abid

Publié le 5 septembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Le Front populaire – coalition d’extrême gauche et quatrième groupe parlementaire – étant hostile à toute implication dans l’exécutif, au point d’avoir empêché l’un de ses députés, Mongi Rahoui, d’accepter un portefeuille, Chahed a puisé, sur suggestion de Béji Caïd Essebsi, dans le vivier d’Al-Massar, bien que ce parti ne compte aucun parlementaire. Son secrétaire général, Samir Taïeb, qui avait déclaré qu’« il manquait à la gauche une expérience gouvernementale », a été entendu et s’est vu ainsi confier le ministère de l’Agriculture.

Mais certains cadres d’Al-Massar ont exprimé des réserves. Un poste en forme de cadeau empoisonné pour certains, car le département est largement noyauté par les islamistes depuis les recrutements massifs effectués lors de leur passage au pouvoir, en 2012. De son côté, le Syndicat des agriculteurs (Synagri), par la voix de son président, Leith Ben Becher, attend de Taïeb « plus d’équité et de pratique démocratique dans les structures du secteur et, surtout, qu’il prenne des décisions éminemment politiques comme la réactivation du Conseil national agricole ».

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Des nominations en faveur de la paix sociale

La mission de Taïeb, axée sur les réformes, dont celle du ministère, en raison de sa pléthore de fonctionnaires, ne sera pas de tout repos, mais il pourra compter sur l’appui de deux secrétaires d’État très au fait des problématiques agricoles.

Chahed a également réussi à débaucher deux anciens dirigeants de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), laquelle a officiellement refusé de participer à l’exécutif. Il s’agit d’Abid Briki, à la Fonction publique et à la Bonne Gouvernance, et de Mohamed Trabelsi, aux Affaires sociales. Ces nominations, qui devraient conforter la prédominance de la centrale dans les services de l’État, pourraient traduire la volonté de l’exécutif de s’assurer une paix sociale, ou à tout le moins une trêve durant les mois à venir.

La jeunesse mise en avant

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Néanmoins, le choix de Trabelsi serait aussi lié à l’entregent de sa belle-fille, Ons Hattab, élue de Nidaa Tounes. Chahed a, enfin, tenu son engagement de rajeunir le gouvernement en confiant à deux parlementaires aux profils très proches des maroquins d’envergure équivalente qui semblent presque taillés sur mesure. En nommant Iyed Dahmani, député d’El-Joumhouri, aux Relations avec le Parlement, Chahed fait d’une pierre deux coups : il met en avant une grande figure de l’Assemblée tout en élargissant sa majorité à un parti historique qui a subi un lourd revers électoral.

À l’inverse, l’attribution des Relations avec la société civile au social-démocrate Mehdi Ben Gharbia permet à Chahed de miser sur une personnalité tout aussi connue mais évoluant hors des partis et qui s’est distinguée par sa récente et audacieuse proposition de refonte de la loi sur l’héritage.

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