Cinéma – Divines : rebeu rebelle et Black hypersensible
Surtout ne dites pas à Houda Benyamina qu’elle a fait un film de banlieue !
La réalisatrice franco-marocaine de Divines ne veut pas être l’auteure de l’énième long-métrage français catalogué dans cette catégorie. « C’est une histoire d’amitié et d’amour », insiste-t-elle. Le lieu où l’histoire se déroule importe peu. Mais, de fait, Benyamina a eu grand mal à financer cette histoire dont les producteurs craignaient qu’elle ne soit qu’une de plus dans le genre.
Ceux qui n’y ont pas cru ne peuvent que s’en mordre les doigts, Divines ayant obtenu la caméra d’or à Cannes, en mai. Après avoir été gratifiée d’une standing-ovation de dix minutes à l’issue de sa projection à la Quinzaine des réalisateurs, la plus importante section parallèle du Festival.
Amour et amitié sur fond de tragédie
Une réplique du film est immédiatement devenue culte, celle où Rebecca, l’une des héroïnes de ce long-métrage, dont tous les premiers rôles sont tenus par des femmes, lance à une fille effrontée qui veut travailler pour elle : « T’as du clito, toi ! » Les dialogues sont en effet savoureux, et l’intrigue, souvent un peu foutraque, se déroule à cent à l’heure.
Mais le sel de l’histoire, le ressort du scénario, c’est bien une amitié indéfectible entre une « rebeu » aussi belle que rebelle, Dounia, et une Black hypersensible, Maimouna, prête à suivre sa grande copine partout, même dans les pires plans foireux. Et c’est aussi un coup de foudre improbable qui voit Dounia l’indomptable tomber raide amoureuse d’un danseur dont le parcours s’inscrit en totale rupture avec celui des deux ados.
Ce film, finalement tragique, doit beaucoup à ses principales interprètes, toutes formidables. À commencer par Oulaya Amamra, la sœur de la réalisatrice, qui campe une Dounia insoumise et déjantée, hyperréactive, à l’opposé de son caractère plutôt réfléchi, de sa formation dans un lycée privé catholique, de sa pratique de la danse classique, et qui vient de postuler – et d’être admise – au Conservatoire national d’art dramatique.
Deborah Lukumuena, étudiante en lettres, a pour sa part obtenu le rôle de Maimouna en répondant à une annonce recherchant « une grande Black, un peu costaude, ayant vécu en cité ». Deux carrières qui s’annoncent aussi prometteuses que celle de la cinéaste, surtout si celle-ci réussit à maîtriser la fougue qui fait à la fois le prix et la limite de ce film attachant, mais dont le « message », tantôt amoral et tantôt moralisateur, n’est guère convaincant.
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