Afrique centrale : grands aménagements et petits arrangements

Transports, électricité, services de base… Grâce à leurs confortables revenus pétroliers et miniers, les pays de la sous-région ont engagé de grands projets d’infrastructures. La chute des cours des matières premières a changé la donne, et paralysé bon nombre de chantiers. Mais pas tous.

Construction de la route Garoua-Boulaï-Ngaoundéré, dans le nord du Cameroun. © Renaud Van Der Meeren pour les éditions du Jaguar

Construction de la route Garoua-Boulaï-Ngaoundéré, dans le nord du Cameroun. © Renaud Van Der Meeren pour les éditions du Jaguar

Publié le 15 septembre 2016 Lecture : 4 minutes.

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Coup de pompe en Afrique centrale

Chute des cours des matières premières oblige, dans la région, les investissements publics sont revus à la baisse. Pourtant, de grands chantiers d’infrastructures se poursuivent. Dans quels secteurs ? Et comment sont-ils financés ? Retrouvez le dossier de Jeune Afrique.

Sommaire

La plupart des pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) produisent des hydrocarbures et/ou des minerais. Ces ressources pèsent lourd dans leurs recettes budgétaires et d’exportation, ainsi que dans leur PIB : 85 % pour la Guinée équatoriale, environ 50 % au Congo, 45 % au Gabon, 40 % en Angola et moins de 10 % au Cameroun.

Ces revenus ont permis aux pays – en particulier à la Guinée équatoriale, au Congo, au Gabon et à l’Angola – de financer, en très grande partie, leurs programmes d’infrastructures de base. Lesquels, à la faveur des bons cours mondiaux de l’or noir et des minerais en vigueur depuis le début des années 2000, étaient parfois très ambitieux. Routes, ponts, ports maritimes et fluviaux, chemins de fer, centrales électriques, réseaux de distribution d’électricité, d’assainissement, usines de traitement des eaux, maillage numérique…

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Des constructions peu coordonnées

La liste des équipements et des ouvrages « structurants » réalisés ou à l’étude, dont certains dans le cadre d’une stratégie sous-régionale en pleine définition, est particulièrement longue. Normal, puisqu’il s’agit – dans la plupart des cas – de rattraper les retards accumulés depuis des décennies, retards préjudiciables à la compétitivité des économies, au développement social et à la vie quotidienne des habitants.

Cependant, l’impact de ces réalisations est encore loin de ce qu’il devrait être. Dans certains cas, le manque de concertation entre pays aboutit à la multiplication d’ouvrages de même type. Le domaine portuaire illustre ce travers, avec des projets de terminaux de transit ou de transbordement en eau profonde tous azimuts dans la sous-région ces cinq dernières années.

Chaque pays disposant d’un accès à la mer a investi ou envisagé de le faire : la Guinée équatoriale s’est équipée à Malabo, le Congo peut s’appuyer sur l’interface ultramoderne de Pointe-Noire, le Cameroun s’apprête à inaugurer le port de Kribi, la RD Congo aspire à en construire un à Banana (sa seule ouverture sur le large), tandis que São Tomé-et-Príncipe entend en faire autant au nord de sa capitale.

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Une véritable épreuve pour des économies majoritairement rentières

Par ailleurs, la plupart des programmes d’investissements publics ont été élaborés à partir de projections optimistes des cours mondiaux des matières premières. Enfin, les politiques de diversification des économies ont tardé à se concrétiser. Autant dire que la chute des cours du pétrole, du fer, du cuivre – entre autres – qui s’est amorcée en 2014 a douché les ardeurs de la plupart des pays en matière de construction.

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La baisse des revenus tirés de ces ressources varie bien sûr selon le degré de dépendance des économies nationales aux activités minières ou pétrolières. Or les membres de la Cemac, faute d’une réelle diversification de leur économie, restent très dépendants des recettes pétrolières. À l’exception du Cameroun, dont la production d’hydrocarbures est moindre, le marché intérieur plus vaste et l’économie plus diversifiée.

Et du Congo, qui limite les dégâts grâce à la hausse prévue de sa production de pétrole en 2016 et en 2017 (lire p. 61). D’une manière générale, tous les pays « rentiers » ont dû revoir à la baisse leurs perspectives de croissance. Et malgré les mesures prises pour limiter les dépenses, beaucoup d’États voient leurs déficits budgétaires se creuser et leurs balances commerciales subir un déséquilibre, tandis qu’enfle la dette publique.

L’activité subit évidemment les conséquences de cette crise. En particulier le BTP, première victime de la situation, avec le ralentissement, voire l’arrêt, de nombreux grands projets d’infrastructures routières ou industrielles et de programmes immobiliers. Les retards de paiement des États amènent aussi les entreprises locales et étrangères à réduire la voilure, quand elles ne s’arrêtent pas, tout simplement.

Parfois, c’est la mise en valeur de nouvelles ressources minières qui est compromise. Au Congo, plusieurs gisements de fer sur le point d’entrer en production ont été mis en veille car les cours de ce métal s’effondraient, alors que le pays comptait sur la filière pour diversifier son économie et ses sources de revenus.

Ce ralentissement, conjugué à une mauvaise évaluation ou à un surdimensionnement des projets, compromet également la viabilité de certains équipements. La Guinée équatoriale, qui espérait diversifier son économie dans le transport, perd espoir : à Malabo, le port est désespérément vide et les entreprises de BTP plient bagage.

Les recettes publiques s’amenuisant, les États doivent trouver en urgence d’autres sources de financement, développer des mécanismes innovants tels que des fonds d’investissement étrangers, créer de nouvelles taxes et nouer des partenariats public-privé. La solution réside le plus souvent dans l’émergence de filières inédites. Mais le contexte actuel complique la donne. Et la réalisation d’infrastructures, pourtant essentielles à la compétitivité, est ajournée sinon annulée.

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