Interview – Patrick Pouyanné : « Le leader du pétrole en Afrique, c’est Total »

Malgré une conjoncture difficile, le patron du pétrolier l’assure : son groupe est le numéro un sur le continent, l’un de ses marchés clés. Et celui-ci sera bien intégré dans sa nouvelle stratégie mondiale, qui doit permettre au géant de diversifier ses activités dans le gaz, l’électricité ou le solaire.

Il a succédé à Christophe de Margerie, décédé brutalement en Russie il y a près de deux ans. © Bruno Levy pour JA

Il a succédé à Christophe de Margerie, décédé brutalement en Russie il y a près de deux ans. © Bruno Levy pour JA

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Publié le 12 septembre 2016 Lecture : 14 minutes.

Bientôt deux ans que Patrick Pouyanné a pris la tête de Total, qu’il a succédé à Christophe de Margerie, décédé brutalement dans un accident d’avion en Russie, le 20 octobre 2014. Et le nouvel homme fort du géant pétrolier, 53 ans, n’a rien du gentil nounours que certains ont voulu voir en lui au moment de sa nomination. Exerçant un management franc du collier, il se montre aussi exigeant avec ses troupes qu’avec lui-même.

Originaire du Sud-Ouest français, il a la carrure d’un joueur de rugby – 1,91 m –, un sport qu’il affectionne, et n’hésite pas à bousculer. L’ex-patron de la division raffinage de Total est une tête bien faite, passée par Polytechnique et les cabinets ministériels d’Édouard Balladur et de François Fillon.

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Dans une conjoncture mondiale particulièrement difficile, avec des cours du brut déprimés depuis son arrivée aux manettes, il sait où il veut mener son grand navire français et ses quelque 100 000 collaborateurs. Il connaît ses sujets, aussi bien financiers que techniques et diplomatiques. Et particulièrement en Afrique, où il a commencé sa carrière dans l’or noir en 1997, en tant que secrétaire général de Total à Luanda chargé de gérer les relations avec les autorités.

« J’ai appris le pétrole en Angola, où j’ai vécu la grande aventure de l’offshore très profond », rappelle Patrick Pouyanné, qui nous reçoit dans son bureau au sommet de la tour Coupole de Total, dominant le quartier d’affaires de la Défense, en région parisienne. Ses chantiers phares ?

L’internationalisation de l’encadrement, encore très français ; la préparation de son groupe à un avenir moins pétrolier, avec le lancement d’une division dévolue au gaz, à l’électricité et aux énergies renouvelables ; mais aussi et surtout la chasse aux coûts sur les projets extractifs, compte tenu de la conjoncture.

Depuis sa nomination, le PDG de Total est allé « presque une fois par mois » (17 fois au total) en Afrique, un « continent clé » pour son groupe. Il s’est notamment rendu en Angola, au Gabon, au Congo, au Nigeria, en Ouganda, en Algérie et en Afrique du Sud.

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Au soir de notre entretien, début août 2016, il s’apprêtait à partir pour la quatrième fois à Luanda, l’occasion pour lui d’y faire la connaissance d’Isabel dos Santos, fille du président angolais et désormais patronne de la puissante entreprise pétrolière publique Sonangol. Patrick Pouyanné insiste sur la nécessité pour lui de « nouer des contacts avec les dirigeants des compagnies importantes » et avec les autorités de chaque pays.

Il retournera ainsi à Alger en septembre et indique qu’il prépare des visites en Libye – où le pétrolier a gardé une activité offshore (30 000 barils par jour) – en Côte d’Ivoire, en Tanzanie et au Kenya.

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Jeune Afrique : Votre concurrent Claudio Descalzi, le PDG d’ENI, a récemment revendiqué dans nos colonnes le rang de première major pétrolière en Afrique. Ce que vous contestez…

Patrick Pouyanné : Je reconnais bien là la verve italienne de mon ami Claudio Descalzi, mais, objectivement, c’est Total le numéro un ! Nous allons fêter cette année nos 90 ans en Afrique, et celle-ci représente environ 30 % de nos activités. Autant dire que c’est un continent clé pour nous. Dans l’exploration-production, ENI dispose certes de belles positions, notamment en Afrique du Nord, mais Total est installé partout, et surtout dans des pays pétroliers majeurs tels que le Nigeria, l’Angola, le Congo ou le Gabon.

Et notre groupe est également présent dans l’aval, avec des stations-service dans plus de 40 pays et des positions dans le trading et le raffinage. Total peut donc légitimement dire qu’elle est la première major pétrolière en Afrique, et aussi la deuxième multinationale en matière de chiffre d’affaires sur le continent, derrière Glencore [le négociant et minier suisse].

Total voit le gaz  comme une énergie propre, qui peut notamment conduire à la production d’électricité

Total a récemment affiché de grandes ambitions dans le domaine gazier. Mais, sur le continent, vous avez peu de projets en la matière…

C’est vrai, nous avons proportionnellement un peu moins de projets extractifs gaziers en Afrique que sur d’autres continents. Toutefois, nous travaillons depuis longtemps au Nigeria sur les champs gazéifères de notre permis OML58 pour l’exportation de GNL et la production domestique d’électricité. Le regard de l’industrie sur le gaz – et le nôtre également – a beaucoup évolué.

Il y a une vingtaine d’années, les explorateurs pétroliers parlaient du gaz comme d’un risque. Aujourd’hui, Total le voit comme une énergie propre, qui peut notamment conduire à la production d’électricité. Nous réfléchissons à des modèles de développement du gaz permettant d’en produire, par exemple au Maroc et en Côte d’Ivoire. Pour cela, il faut mettre en place des filières, partant du champ gazéifère à l’usine de génération électrique et allant jusqu’au réseau de distribution.

C’est un modèle qui est difficile à développer sur le continent, à cause du manque de clients solvables et d’une consommation relativement faible. Mais l’Afrique peut aussi représenter un marché majeur pour les bouteilles de GPL, remplaçant avantageusement sur un plan environnemental le bois utilisé pour la cuisine. Selon l’OMS, la pollution que celui-ci génère entraîne quelque 500 000 décès par an.

Station du quartier Bonne-Espérance, à Malabo, en Guinée équatoriale. © Renaud VAN DER MEEREN/EDJ

Station du quartier Bonne-Espérance, à Malabo, en Guinée équatoriale. © Renaud VAN DER MEEREN/EDJ

L’Afrique fait-elle donc bien partie intégrante de votre stratégie de réorienter Total vers le gaz, l’électricité et les énergies renouvelables, avec une nouvelle division consacrée à leur développement ?

Attention, que l’on ne s’y méprenne pas : en Afrique comme ailleurs, Total est et restera d’abord une major pétrolière. L’exploration-production puis la distribution de produits pétroliers demeureront nos premières sources de revenus, avec des projets géants encore en cours de développement : Egina au Nigeria, Moho Nord au Congo, Kaombo en Angola et, demain, un autre en Ouganda.

Cela étant dit, il nous faut penser l’avenir. Notre nouvelle branche gaz, énergies renouvelables et électricité, lancée en septembre, a pour but de nous engager dans une nouvelle voie, celle de la transition énergétique. Sur ce plan-là, l’Afrique est un terrain de jeu intéressant, dans le gaz mais aussi dans le solaire. L’accès à une énergie décentralisée comme cette dernière est une piste intéressante sur un continent où 500 millions d’habitants n’ont pas accès au courant.

Nous venons d’inaugurer en Afrique du Sud une nouvelle ferme solaire de plus de 80 MW qui peut électrifier une ville de 75 000 habitants. C’est une expérience très intéressante que nous comptons renouveler, par exemple en Éthiopie, en Zambie et dans le nord du Nigeria.

Alors que les cours du pétrole sont toujours en berne, quelle est votre analyse de la conjoncture et de la position de l’Afrique dans ce contexte ?

Depuis le début de l’année 2016, quand le baril est tombé sous les 30 dollars, il y a eu une remontée, autour de 45 à 50 dollars le baril. Mais cela reste des niveaux bas pour les pays et les compagnies pétrolières. La raison principale, c’est que l’offre continue d’être alimentée par de grands projets pétroliers décidés avant 2014, quand les prix étaient élevés. Et, dans le même temps, la demande en or noir n’est pas suffisante, car, malgré les prix en baisse, le contexte international n’encourage pas la consommation.

À long terme, on reviendra vers un marché plus équilibré, car depuis dix-huit mois très peu de grands projets sont lancés, et on se prépare à des lendemains difficiles. On estime que, sans nouveaux investissements, la production mondiale diminue naturellement de 5 % par an. Cela pèsera nécessairement sur le marché. Je ne suis pas Madame Soleil, mais je pense que les prix resteront assez bas durant encore deux ans, peut-être autour des 50 ou 60 dollars. Mais d’ici à 2019 ou 2020, les projets manqueront, l’offre sera donc insuffisante et nous verrons les prix remonter.

Dans ce contexte, quelle est la stratégie de Total ?

Dans notre industrie, l’évolution des coûts de développement des projets suit celle des cours du pétrole. En deux ans, ces coûts ont baissé d’environ 30 %. Chez Total, à la différence de plus petits groupes pétroliers, nous avons la surface financière pour lancer dès maintenant de nouveaux projets, qui entreront en production en 2020 ou ultérieurement. Pour cela, nous travaillons activement avec toutes les parties prenantes.

Même à 10 dollars le baril, un projet offshore très profond peut parfois être rentable. Nous l’avons prouvé sur le champ Girassol, en Angola. Mais nos sous-traitants doivent faire un effort – certains résistent, espérant une remontée des cours, mais il n’y aura pas de miracle… Et les gouvernements aussi !

Certains pays comme l’Angola ont assoupli leur fiscalité pour nous permettre de continuer à investir malgré la conjoncture. Nous sommes en discussion avancée avec Sonangol pour redémarrer notre projet Zinia 2 – que nous avions suspendu en 2015 – après une relance de nos appels d’offres auprès des sous-traitants.

Quels types de projet privilégiez-vous en Afrique ?

Il est plus difficile aujourd’hui de trouver des gisements géants tels que Girassol, disposant de 700 à 800 millions de barils de réserve. Nous sommes intéressés par le développement de champs dits marginaux, proches de nos installations, notamment en Angola, au Nigeria et au Congo. Ils peuvent être développés plus rapidement grâce à des infrastructures existantes. Et puis il y a aussi des projets géants, comme celui que nous étudions en Ouganda, à terre et peu profond, avec donc un faible coût de production.

La difficulté dans ce cas porte surtout sur les infrastructures de transport, car nous sommes alors éloignés des côtes. Mais, là encore, nous escomptons une diminution des coûts des pipelines du fait de la conjoncture…

Vous avez commencé votre carrière de pétrolier en Angola en 1997. Que représente ce pays pour votre groupe aujourd’hui ?

À l’époque, c’était encore la guerre civile, j’étais sur le projet Girassol, qui a été un grand succès. Nous faisions des découvertes presque à chaque fois que l’on forait un puits. Depuis, nous y avons développé plusieurs grands projets. Et, aujourd’hui, cette filiale est l’une des plus importantes de Total, avec plus de 2 000 salariés et 40 % de la production du pays, soit 700 000 barils sur les 1,6 million qui y sont produits quotidiennement.

Cela a été rendu possible par une excellente coopération avec les autorités et avec Sonangol. L’Angola est devenu un pays phare du secteur, et son potentiel en hydrocarbures est encore grand, notamment sur le plan gazier. Par ailleurs, l’usine de liquéfaction de gaz Angola LNG, qui avait eu quelques soucis à son démarrage, est désormais en exploitation.

Vous parlez peu du Gabon. Le potentiel pétrolier du pays est-il épuisé ?

Le Gabon est un pays mature : il est né au pétrole très tôt, voici quatre-vingt-dix ans. Sa production est de 250 000 barils par jour, dont 20 % à 25 % viennent de gisements exploités par Total. Nous y avons une activité d’exploration, mais n’avons pas fait de découvertes récentes, si ce n’est celle de gaz.

Nous y avons toutefois lancé le projet Anguille, un investissement de 2 milliards de dollars sur la période 2012-2013 permettant le redéveloppement d’un champ déjà exploité. Nous y avons encore des ambitions, qui dépendront de nos succès dans le domaine de l’exploration.

Au Nigeria, qu’est-ce qui a changé pour l’industrie depuis l’arrivée de Muhammadu Buhari ?

Des mesures phares ont été prises concernant le négoce de produits pétroliers. Désormais, nos traders n’ont plus à passer par des intermédiaires et traitent directement avec la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC). Cela nous permet de nous conformer aux règles strictes en matière de lutte contre la corruption et de traçabilité de nos opérations de trading.

Mais, le vrai sujet, c’est la sécurité. Même si cela ne touche guère nos projets, dans le delta du Niger, le détournement de pétrole par le percement de pipelines entraîne des dizaines de morts. Nous constatons aussi une dégradation de la situation ces derniers mois, avec l’émergence du mouvement rebelle des Niger Delta Avengers. Cela nous inquiète, car nous ne pouvons opérer dans un pays que si nos standards HSE [hygiène, sécurité et environnement] sont respectés.

Vous avez récemment pris de nouveaux permis d’exploration en Côte d’Ivoire. Vous espérez réaliser des découvertes telles que celle de Jubilee, au Ghana voisin ?

En Côte d’Ivoire, nous sommes présents dans plusieurs activités. Dans l’exploration, nous nous intéressons aux projets en mer dits de « marges abruptes » [au bas d’une pente géologique]. Nous avons eu quelques indices de présence de pétrole, qui n’indiquent cependant pas encore des réserves suffisantes. Mais nous sommes obstinés, nous avons effectivement pris de nouveaux permis.

On verra si notre persévérance paie… Par ailleurs, nous nous sommes positionnés sur un projet d’investissement dans une usine d’importation de GNL, très important pour développer l’électricité dans le pays. Nous avons aussi mis en place un important partenariat avec la Société ivoirienne de raffinage (SIR) et nous disposons d’un bon réseau de stations-service.

Nos volumes écoulés sur le continent représentent à peu près ce que nous vendons sur le seul marché français

Le raffinage semble être le parent pauvre du secteur en Afrique…

Il n’est pas à son meilleur niveau, à quelques exceptions près, dont la SIR, qui a une bonne capacité de conversion [du pétrole brut en carburant], et certaines installations sud-africaines. Un grand nombre de raffineries sont vieillissantes. Et cette activité rencontre beaucoup de difficultés dans des pays où les prix à la pompe sont très encadrés et les marchés, de taille modeste.

Malgré notre position de leader, avec 20 % du marché, nos volumes écoulés sur le continent représentent à peu près ce que nous vendons sur le seul marché français. Par ailleurs, le marché mondial est devenu surcapacitaire, avec de nouvelles et gigantesques raffineries, notamment en Inde et au Moyen-Orient.

Existe-t‑il un modèle économique pour cette activité sur le continent ?

À l’instar des compagnies aériennes, les raffineries sont souvent vues comme des symboles de souveraineté, mais il n’y a pas toujours de modèle économique viable. Nous pouvons cependant être partie prenante dans certains projets. En Ouganda, j’ai proposé au président Museveni de prendre une participation à hauteur de 10 % dans la future raffinerie du pays et d’apporter notre expertise. Et ce même si le marché est limité.

En revanche, votre activité de distribution de carburants se porte bien…

Oui, notre réseau de 4 400 stations-service africaines est rentable. C’est d’ailleurs en raison de ces bonnes performances que j’ai nommé Momar Nguer, jusqu’alors directeur Afrique marketing et services, patron de l’ensemble de cette activité.

La concurrence s’est fortement accrue dans ce secteur, avec l’offensive de grands négociants tels que Vitol ou Trafigura… Comment vous démarquez-vous d’eux ?

Avec les meilleures stations ! Nous ne voulons pas uniquement vendre des carburants, mais aussi d’autres services, comme le cash to mobile [services financiers via un téléphone mobile], et en faire de véritables lieux de vie.

Je suis conscient que Total représente la France et j’en suis fier

Vous étiez au dernier sommet Afrique-France à Paris et serez à celui de Bamako en janvier. Comment vivez-vous la position de Total, symbole de l’Hexagone, dans les relations passionnelles et controversées entre les deux parties ?

Total a une nationalité, française, et je la revendique. Nous sommes français non pas parce que l’État français est notre actionnaire – il ne l’est plus du tout –, mais par notre origine et notre histoire. Nous sommes présents depuis des décennies au Congo et au Gabon, notamment parce que la France y était, ce qui nous donne une responsabilité particulière. Je suis conscient que Total représente la France. J’en suis fier.

Il vaut mieux pour nous que les relations entre l’Hexagone et les pays où nous intervenons soient bonnes. Parfois, Total peut aider à les rapprocher. Lorsque j’ai accompagné François Hollande en Angola, le président dos Santos a fait référence à l’implication de Total dans le pays.

Dans notre secteur, on touche à la souveraineté des États au niveau de leur sous-sol, donc nous nous devons d’avoir un dialogue constant avec les autorités, et notre nationalité importe. Mais Total n’est pas le bras armé de la France ! Il peut m’arriver de faire passer le message des Africains aux Français, et vice versa, mais nous sommes d’abord une entreprise privée qui cherche à se développer.

Vos relations avec l’Algérie se sont tendues à cause d’une clause contractuelle, que vous invoquez pour éviter une fiscalité trop élevée selon vous…

La presse a rendu ce sujet trop passionnel. Tout d’abord, nous n’avions aucune intention de rendre public le recours à un arbitrage sur un différend fiscal qui oppose Total – et l’espagnol Repsol – à nos partenaires algériens. Il s’agit d’un différend juridique comme il y en a beaucoup dans le monde, il n’a rien d’exceptionnel.

Nous disposons d’une clause qui nous garantit une stabilité fiscale, et un concurrent américain, Anadarko, a obtenu gain de cause en l’invoquant. Il est difficile pour Total de ne pas faire valoir ses droits simplement au nom de l’amitié pour les Algériens, nos actionnaires ne le comprendraient pas. J’avais décidé il y a un an de suspendre un recours en arbitrage après une discussion avec le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à qui j’avais proposé des négociations en vue d’un accord à l’amiable.

Mais il y a eu depuis des changements à la Sonatrach ainsi qu’au ministère de l’Énergie, les discussions n’avançaient plus et nos juristes nous poussaient à agir. J’irai en Algérie fin septembre avec un esprit ouvert, prêt à accepter une solution à l’amiable pour régler ce problème et, je l’espère, le mettre derrière nous. Ce recours à un arbitrage ne comporte pas de message caché de la part de Total, et ce n’est pas la décision de la France contre l’Algérie, mais celle d’une entreprise privée à propos d’un contrat dans un pays.

Un premier africain dans le top management

En nommant en mars Momar Nguer (photo) directeur général de sa branche marketing et services et membre de son comité exécutif, Total a franchi un cap décisif dans l’internationalisation de ses cadres dirigeants. Le Sénégalais est non seulement le premier Africain à entrer dans le comité exécutif du groupe, mais aussi le premier non-Européen à en être membre.

« Il doit d’abord sa nomination à ses grandes compétences professionnelles. Mais il est indéniable qu’il apporte aussi sa culture et sa sensibilité, différentes de celles des ingénieurs français. Il ne sera d’ailleurs pas le seul à offrir une autre perspective sur nos décisions stratégiques, puisque j’ai également nommé une femme d’origines indienne et américaine, Namita Shah, désormais directrice générale People & Social Responsibility et supervisant les Total Global Services [la division chapotant les services supports] », explique Patrick Pouyanné.

Jusqu’à présent, le comité exécutif n’avait été composé que de Français et d’un Belge, depuis la fusion avec Petrofina. « Dans un groupe mondial de la taille du nôtre, il est primordial que les salariés internationaux, pas seulement africains, sachent qu’il n’y a pas de plafond de verre », conclut-il.

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