Troisième âge : Carthagea, business et dépendance

Convertir les hôtels désertés de Tunisie en résidences médicalisées pour seniors, c’est le projet développé par Alexandre Canabal. Son premier établissement ouvre ses portes en octobre à Hammamet.

Une des chambres du Saphir Palace, qui héberge la résidence médicalisée. © Carthagea

Une des chambres du Saphir Palace, qui héberge la résidence médicalisée. © Carthagea

Publié le 21 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Dans le hall du CHU d’Angondjé, à Libreville. © David Ignaszewski
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Santé : état des lieux

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Spécialiste de la gestion de portefeuilles, Alexandre Canabal, président du groupe Geko, basé à Londres, diversifie ses activités. Il lance à Hammamet, sur la côte est tunisienne, la première résidence médicalisée destinée à des patients du troisième âge (français, belges, suisses…), dont ceux atteints de la maladie d’Alzheimer.

Un projet éloigné de son cœur de métier mais en lien direct avec sa connaissance du pays, dont son épouse est originaire. Alors que les investisseurs boudent la Tunisie, Alexandre Canabal a choisi de miser sur l’avenir du secteur médicalisé.

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Une situation politique et sécuritaire peu favorable

L’idée n’est pas nouvelle. À deux heures trente d’avion de Paris, avec plus de trois cents jours de soleil par an, des compétences médicales et des prestations de qualité, la Tunisie a su, dès le début des années 2000, séduire les seniors, et en particulier les retraités français.

Les accords avec la France en matière d’assistance médicale, un coût de la vie relativement faible ainsi que des programmes spécifiques élaborés par les hôtels permettaient d’assurer de longs séjours à Hammamet, Port El Kantaoui ou Djerba. La chute du régime Ben Ali en 2011, les troubles qui ont suivi et une situation sécuritaire fragilisée par l’apparition du terrorisme ont donné un coup de frein à cette dynamique, laissant le champ libre aux concurrents marocains.

Renaissance d’un secteur

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Mais depuis fin 2015, la tendance s’inverse doucement, et les retraités de l’Hexagone reviennent sur les rivages tunisiens. « Il n’y a pas plus de risques qu’ailleurs, et je dépense ici l’équivalent de ma facture de chauffage en France », précise l’un d’entre eux. Alexandre Canabal entend profiter de ce mouvement. Ainsi, il a créé Carthagea, une société pour laquelle il a obtenu un accord de la part du ministère tunisien de la Santé pour exercer en tant que « clinique monodisciplinaire spécialisée Alzheimer ».

Pour cela, il a repris la gestion de l’hôtel Saphir Palace & Spa, un cinq-étoiles sur 2,5 hectares en bord de mer dans la zone touristique de Yasmine Hammamet, qu’il transforme en résidence médicalisée pour personnes âgées dépendantes. Un centre d’hébergement pour retraités qui dispose de son propre service d’hémodialyse.

 Nous proposons des prestations haut de gamme avec une prise en charge globale

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« Il y a ici beaucoup d’infirmiers diplômés au chômage, que nous allons recruter et former à s’occuper de patients français. De plus, nous pérennisons le personnel de l’hôtel, et nous faisons entrer des devises. Enfin, on trouve une solution pour des hôtels qui sont vides », précise Alexandre Canabal. Le projet, qui a obtenu l’aval des ministères français et tunisien de la Santé, du Tourisme et de l’Emploi, devrait générer, dès l’ouverture prévue en octobre, 400 emplois parmi lesquels 240 postes occupés par des professionnels de la santé. Soit un soignant par résident dans une clinique d’une capacité de 240 lits.

Outre l’attractivité de la Tunisie et d’un établissement mis aux normes, Alexandre Canabal compte sur la pénurie de places dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en France pour drainer sa clientèle, moyennant un forfait mensuel de 2 600 euros.

« Nous proposons des prestations haut de gamme avec une prise en charge globale comprenant les accès à la piscine, au hammam, au salon de coiffure et autres soins », explique Noureddine Beyrakdar, le directeur général de l’établissement. Pour Alexandre Canabal, ce premier établissement ne constitue qu’une étape pilote, car il espère renouveler l’expérience en ouvrant une résidence par an d’ici à 2021.

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