McKinsey y croit toujours

Six ans après avoir publié une étude sur les perspectives prometteuses du continent, le cabinet américain récidive. Malgré les chocs économiques qui se sont succédé, il n’a rien perdu de son optimisme.

Une vue sur Lagos Island, au Nigeria, le 19 mai 2014. © Gwenn DUBOURTHOUMIEU pour JA.

Une vue sur Lagos Island, au Nigeria, le 19 mai 2014. © Gwenn DUBOURTHOUMIEU pour JA.

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Publié le 28 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Mâtiné d’un afro-optimisme prononcé, le premier rapport du McKinsey Global Institute, « L’heure des lions : l’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne », avait reçu un accueil enthousiaste en 2010. Il annonçait le décollage du continent grâce au dynamisme de ses poids lourds économiques. Le géant mondial du conseil récidive avec une deuxième étude, parue le 15 septembre, avec près d’une année de retard.

« Il nous a fallu modifier plusieurs éléments et élargir la portée du document, en explorant par exemple les opportunités offertes en matière d’affaires », justifie Acha Leke, le directeur de McKinsey en Afrique, qui figure parmi les auteurs.

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Des indicateurs encourageants malgré le recul de la croissance

Le rapport réaffirme la foi du cabinet américain en l’avenir du continent, tout en faisant preuve d’un optimisme mesuré. Le contexte des six dernières années, rythmées par des chocs, a modifié la donne.

Mais, grâce à des fondamentaux solides, l’Afrique a fait mieux que résister aux bourrasques, estime McKinsey. Sa croissance a légèrement fléchi par rapport aux 5,4 % de la décennie écoulée, se stabilisant à une moyenne de 3,3 % entre 2010 et 2015. Les raisons de cette résilience sont à trouver dans la pénétration des nouvelles technologies.

Mais aussi dans la consommation, qui demeure robuste : « Nous prévoyions qu’elle atteigne 1 400 milliards de dollars [environ 1 250 milliards d’euros] en 2020. Nous sommes parvenus à ce chiffre dès l’année dernière. Nous tablons donc désormais sur 2 100 milliards de dollars à cet horizon », relève Acha Leke.

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Matières premières et industries, les secteurs porteurs

Les raisons d’espérer fourmillent dans ce document de 148 pages. La remontée des prix des matières premières est attendue dans les trois prochaines années. Enregistrant l’urbanisation la plus rapide du monde, le continent disposera de la force de travail la plus importante, dépassant celle de l’Inde ou de la Chine à l’horizon de 2034.

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L’industrie manufacturière pourrait voir sa production doubler dans les dix prochaines années, avec un chiffre d’affaires passant de 500 à pratiquement 1 000 milliards de dollars si l’accent est mis sur les produits alimentaires et chimiques, les boissons, l’automobile, le ciment, le pétrole et la confection. Elle créerait de ce fait entre 6 et 10 millions d’emplois stables.

Des efforts attendus pour les entreprises

Mais l’Afrique doit accélérer le développement de ses entreprises, insiste McKinsey. Certes, les sociétés répertoriées par le cabinet – près de 700, dont un tiers environ sont des filiales de multinationales – enregistrent un revenu moyen annuel de 500 millions de dollars, et la moitié d’entre elles dépassent le milliard de dollars.

Certes, la majorité croît plus vite que leurs concurrentes des marchés émergents. Malheureusement, aucune n’a une taille suffisante pour figurer dans le classement des 500 premières firmes mondiales du magazine Fortune.

Pour le cabinet américain, l’Afrique doit miser sur la consolidation et investir dans les six secteurs pour lesquels ce processus sera le moins contraignant et qui ont les meilleures perspectives de croissance et de profitabilité : le commerce, l’agriculture et l’agro-industrie, l’assurance-santé, les services financiers, l’énergie électrique et la construction.

De grands défis pour les Etats 

Des efforts sont également attendus de la part des États. Ils ont la possibilité de mobiliser entre 175 et 355 milliards de dollars à l’intérieur du continent durant la prochaine décennie pour financer leur développement. Un défi qui doit être combiné avec une amélioration de l’environnement des affaires, une intensification de l’intégration régionale, une diversification économique et un accroissement de l’offre, notamment dans les infrastructures.

« Pour y parvenir, la qualité du secteur public et des institutions doit être améliorée. Des efforts ont certes été réalisés ces dernières années, mais il faut aller encore plus loin », affirme Acha Leke.

« L’heure des lions : l’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne », deuxième édition, publiée le 15 septembre. © DR

« L’heure des lions : l’Afrique à l’aube d’une croissance pérenne », deuxième édition, publiée le 15 septembre. © DR

Un continent à trois vitesses

Les auteurs du rapport de McKinsey distinguent trois groupes de pays selon leurs performances. Les « économies stagnantes », qui enregistrent une croissance moyenne du PIB de 1,3 % au cours des cinq dernières années : l’Égypte, la Libye et la Tunisie, peinant à se remettre de la vague destructrice des Printemps arabes, et l’Afrique du Sud.

Les producteurs d’or noir et de minerais, qui ont certes une croissance moyenne de 5,1 % mais pâtissent de la dégringolade des cours mondiaux : le Nigeria, l’Angola, la Zambie et la RD Congo. Et les « lions africains », moins dépendants des matières premières et forts de leur stabilité, qui ont poursuivi leur ascension à un rythme moyen de 5,8 % de croissance sur la période : le Botswana, la Côte d’Ivoire, le Maroc, Maurice, le Kenya, l’Éthiopie, le Sénégal, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda.

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