Terrorisme : la Tunisie face aux « revenants » de l’État islamique

L’État redoute le retour au pays de ses 1 000 à 1 500 ressortissants qui combattent dans l’EI en Libye.

Farhat Horchani, le ministre de la Défense, à Ras Jedir, le 6 février. © Nacer Talel/Anadolu Agency/AFP

Farhat Horchani, le ministre de la Défense, à Ras Jedir, le 6 février. © Nacer Talel/Anadolu Agency/AFP

Publié le 23 septembre 2016 Lecture : 1 minute.

Si le démantèlement de Daesh à Syrte est une bonne nouvelle pour la Libye, il l’est moins pour la Tunisie, au point que Jean-Yves Le Drian, le ministre français de la Défense, alertait le 5 septembre sur « l’éparpillement des terroristes qui, indirectement, va présenter de nouveaux risques pour la Tunisie et l’Égypte ». Son homologue tunisien, Farhat Horchani, tempère : « Il n’y a pas de reflux massif vers la Tunisie, mais la vigilance s’impose. »

De possibles infiltrations des jihadistes tunisiens

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Les dizaines de jihadistes tunisiens abattus à Syrte lors des frappes américaines en août confirment l’importante présence tunisienne dans les rangs de Daesh en Libye. Selon l’ONU, ils seraient 1 500 ; Farhat Horchani estime ce contingent à un millier d’hommes. Assez pour représenter une menace réelle pour la Tunisie, d’autant que, selon des sources à Syrte, nombre d’entre eux occupent des postes de commandement.

Les autorités sont donc sur le qui-vive et multiplient les interventions contre les contrebandiers aux frontières. Leur crainte : que les combattants de Daesh, dont beaucoup sont originaires du Sud tunisien, utilisent les réseaux de la contrebande pour infiltrer le pays. Dans les faits, la marge de manœuvre des forces de sécurité est mince : elles ne peuvent agir que sur le contrôle des frontières, demeurées perméables malgré une zone tampon militaire et un fossé de 170 km.

Autre difficulté : les liens familiaux de part et d’autre de la frontière créent des complicités. Ainsi, sur les 36 natifs de Remada (Sud) partis au jihad fin 2015, neuf sont tombés à Syrte et, pour leurs familles, ce sont des martyrs.

Les « revenants », comme on les appelle, peuvent enfin compter sur la corruption, qui consolide l’omerta, et profiter de la confusion qui règne, notamment à Ben Guerdane, à chaque traque de contrebandiers. Des combattants, tunisiens et étrangers, seraient déjà sur le territoire. Certains se seraient fondus dans l’anonymat des blessés libyens soignés en Tunisie…

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