Technologies : Yekolab parle Java et lingala
Maîtrise des langages de programmation, administration de réseaux, conception de sites… En deux ans, le centre a déjà formé plus de 300 développeurs et permis à des logiciels innovants de voir le jour.
Congo : moins de pétrole, plus d’idées ?
Pour limiter sa dépendance aux hydrocarbures, l’économie congolaise tente de faire croître de nouvelles grappes d’activité. Alors que le plan national de développement 2012-2016 touche à sa fin, Jeune Afrique dresse un premier bilan.
Fondateur et directeur général de JCertif International – une communauté d’informaticiens et d’entrepreneurs passionnés de numérique désormais implantée dans onze pays (dont huit africains) –, le Congolais Max Bonbhel tenait à faire de Brazzaville une tête de réseau et un vivier de compétences.
C’est ainsi qu’en janvier 2014 est né Yekolab, un centre de formation aux technologies de l’information et de la communication (TIC) qui enseigne en particulier le langage Java.
Apprentissage du numérique
D’où son nom, tiré de koyekola (« apprendre », en lingala). « Nous sommes à l’ère du numérique. Le Congo ne pouvait pas être en marge de son époque », relève Derclin Bonbhel, responsable de la communication de Yekolab et frère du fondateur.
Soutenu par l’Agence de régulation des postes et des communications électroniques (ARPCE), son principal sponsor, et par l’opérateur de téléphonie mobile MTN Congo, qui appuie l’association en fournissant la connexion à internet, le centre représente un investissement annuel de 418 millions de F CFA (environ 640 000 euros).
Yekolab a plusieurs cordes à son arc. À commencer par la formation à la création de réseaux et de systèmes d’information, au développement d’applications (web ou mobiles) et à la maîtrise de Java Entreprises. Après un test de sélection, les candidats retenus, qui doivent justifier au minimum du niveau bac et de connaissances de base sur l’environnement web, suivent des cursus de six mois.
Depuis 2014, environ 300 personnes ont été formées en accès libre et 60 ont été retenues pour suivre une formation certifiante. Signe d’une communauté soudée et dynamique, ce deuxième groupe a créé le « club RITC » (« Révolutionnaires des IT au Congo »).
Leaders de demain
Le deuxième créneau du centre porte sur la « formation au leadership ». Sur 95 postulants, 18 candidats ont été retenus. « Par cette formation complémentaire, nous voulons encourager la création de start-up et l’acquisition de compétences en management », souligne Alban Besse, formateur à Yekolab et directeur général de Bevolus Consulting, un cabinet de formation, coaching et conseil.
Le centre de formation est aussi un incubateur et un laboratoire. Il accompagne cette année six porteurs de projets (comme en 2015), mais aussi des entreprises en activité qui ont besoin de développer de nouveaux produits ou projets en mettant à leur disposition la logistique dont ils ont besoin et des formations ciblées.
Dans le cadre de son Tech-Lab, Yekolab a conçu un programme permettant de commander un drone en lingala. Baptisé Kita Mata (« monter et descendre »), l’engin donnera aux agriculteurs et aux arboriculteurs la possibilité de survoler leurs exploitations pour en faire l’état des lieux. Reste à finaliser le développement du logiciel, en y intégrant davantage de mots et de fonctions, puis à le commercialiser.
Les entreprises se feront-elles entendre ?
Le Forum et Trophées d’excellence des entreprises congolaises (Foteec) est né en 2015, décrétée « année de l’entreprise » par le ministère congolais de l’Économie et des Finances.
« Les résultats du rapport “Doing Business” nous ont amenés à organiser un forum dont l’objectif était de débattre de l’environnement des affaires avec les entreprises installées au Congo et d’attribuer des trophées à celles qui réussissent à sortir la tête de l’eau malgré un contexte contraignant », explique Michel Niama, le directeur général de l’Économie.
La première édition s’est ainsi tenue en novembre 2015. La deuxième édition, qui aura lieu les 17 et 18 novembre à Brazzaville, s’inscrit dans la même logique. Avec toutefois quelques aménagements, qui tiennent compte de la conjoncture et des préoccupations du Plan national de développement 2017-2021.
« Le débat sera repositionné en particulier sur l’agriculture et sur les problèmes de financement de l’entreprise, précise Michel Niama. Il faut trouver des pistes, proposer des solutions et amener l’État à édicter quelques règles qui rendraient l’environnement moins pénible pour les entreprises. »
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