Maroc : Hassan Abdelkhalek devient ambassadeur en Algérie, une promotion à hauts risques

Jusqu’à présent en poste en Jordanie, l’ambassadeur marocain arrive sur un terrain autrement complexe : l’Algérie. Parmi les dossiers sensibles, la question du Sahara occidental.

 © Saad pour JA

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fahhd iraqi

Publié le 30 septembre 2016 Lecture : 3 minutes.

Mercredi 14 septembre. Hassan Abdelkhalek est reçu une dernière fois par le roi Abdallah II de Jordanie. Le souverain hachémite le décore des insignes de l’ordre de l’Indépendance, première classe. Une reconnaissance pour le travail effectué par l’ambassadeur marocain, en poste à Amman depuis 2008. Dès le lendemain, Abdelkhalek quitte le royaume hachémite pour faire un petit crochet par le Maroc, avant de rejoindre son nouveau poste… à Alger.

« C’est maintenant que les choses sérieuses commencent pour lui. Les relations diplomatiques avec la Jordanie sont exemplaires, ce qui facilite la tâche à n’importe quel diplomate. Avec l’Algérie, c’est une autre histoire », commente Naïm Kamal, directeur de publication du site d’information quid.ma et qui a côtoyé Abdelkhalek pendant de nombreuses années.

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Une maîtrise du dossier algérien

Car, avant de se convertir à la diplomatie, ce natif de Taourirt a d’abord été journaliste. Au début des années 1980, le jeune Abdelkhalek atterrit dans la rédaction d’Al-Alam, le quotidien arabophone du parti de l’Istiqlal. Avec son collègue Naïm Kamal, justement, ils étaient aux premières loges pour assister à l’éphémère réconciliation entre Rabat et Alger. Le 7 juin 1988, Abdelkhalek fait ainsi partie de la délégation des journalistes accompagnant Hassan II à Alger pour le Sommet arabe extraordinaire, convoqué à la suite de l’Intifada du peuple palestinien.

Une visite hautement symbolique dans la mesure où Hassan II n’avait plus mis les pieds en Algérie depuis quinze ans, qu’elle intervenait au lendemain de l’ouverture des frontières terrestres entre les deux voisins, et, surtout, qu’elle était le prélude à la conférence de Marrakech scellant la naissance de l’Union du Maghreb arabe (UMA).

« Abdelkhalek est l’un des meilleurs connaisseurs du dossier algérien, témoigne Naïm Kamal. Nous avons effectué ensemble plusieurs missions dans ce pays entre 1988 et 1994. » Les deux journalistes étaient d’ailleurs à Alger le fameux 11 janvier 1992, quand le président Chadli Bendjedid a dû remettre sa démission.

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Parcours en politique

Durant les années 1990, Abdelkhalek gravit les échelons au sein de la rédaction de son journal, mais aussi au sein de son parti. Ce membre actif du Syndicat national de la presse marocaine depuis 1984 est devenu le rédacteur en chef de l’organe de presse de l’Istiqlal. Il devient même membre du bureau politique du parti et se retrouve en toute logique en bonne position pour faire son entrée au Parlement. En 2002, lors des premières législatives organisées sous le règne de Mohammed VI, il se présente et est élu dans son fief de Taourirt.

Il a le don de savoir se trouver au bon endroit au bon moment

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Ses compagnons de l’époque où il siégeait à la commission des affaires étrangères ont de lui le souvenir « d’un homme éloquent qui, en plus de sa capacité à trouver les mots justes, a le don de savoir se trouver au bon endroit au bon moment ».

En 2007, il se représente aux législatives, mais sans succès. Cela dit, l’Istiqlal sort grand gagnant, et Abbas El Fassi, auprès duquel il travaillait, l’embarque à la primature, où il occupe le poste de directeur de cabinet. C’est d’ailleurs El Fassi qui le propose, une année plus tard, comme ambassadeur du Maroc en Jordanie.

Une mission délicate

Sa nomination en Algérie lors du ballet diplomatique de février est une promotion, mais aussi un challenge. Dès l’annonce de son affectation, une partie de la presse algérienne lui a préparé le terrain à sa manière, en pointant du doigt les positions du parti de l’Istiqlal sur le tracé frontalier entre le Maroc et l’Algérie, ainsi que la question du Sahara occidental, qui sera évidemment le principal dossier sur lequel travaillera Abdelkhalek. Un dossier des plus compliqués, source de l’éternel conflit entre Rabat et Alger.

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