Cinéma : « Fuocoammare, par-delà Lampedusa », quinze mille morts plus tard…

Le film de Gianfranco Rosi, « Fuocoammare, par-delà Lampedusa », Ours d’or à Berlin, revient sur le plus grand drame migratoire de notre monde contemporain. À voir.

fuocommare © 21 uno film

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Renaud de Rochebrune

Publié le 28 septembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Rares sont les documentaires à avoir été primés dans les grands festivals de cinéma, que ce soit Cannes, Venise ou Berlin. Reparti avec l’Ours d’or de la capitale allemande en mars dernier, le film de Gianfranco Rosi Fuocoammare, par-delà Lampedusa aborde un sujet qui n’est, a priori, guère propice aux effets sur grand écran, puisqu’il évoque le désastre humanitaire que constitue depuis quelques années la traversée de la Méditerranée par des migrants entassés sur des embarcations de fortune.

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Regarder la tragédie de l’extérieure

Des esquifs qui, régulièrement, sombrent au large des côtes italiennes, où 15 000 candidats à l’exil auraient déjà trouvé la mort. Un sujet que les télévisions ressassent, avec toujours les mêmes images et toujours dans le registre compassionnel. Le réalisateur italien, lui, et c’est tout le mérite de son film, entièrement tourné à Lampedusa, ne verse ni dans le dramatique ni dans l’informatif.

Il ne cherche pas à cacher l’insoutenable réalité de la situation et ne nous épargne pas la vue d’un bateau rempli de cadavres. Mais il cerne le drame de l’extérieur, notamment en filmant, sans doute de façon un peu trop esthétisante, le superbe décor de l’île. Et en donnant la parole à de beaux personnages, comme cet adolescent malade d’un œil qui cherche un nouveau regard sur le monde, ce responsable de l’hôpital local ou cet animateur d’une radio de proximité.

fuocoammare © 21 uno film

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Des hommes qui, à l’exception du médecin, ne rencontrent plus les migrants survivants, désormais secourus en pleine mer, véritable lieu de la frontière à franchir, avant d’être conduits dans des centres de triage puis transbordés sur le continent.

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Cette frontière disparue qui fait désormais de Lampedusa un simple site de transit, un espace d’entre-deux, force le spectateur à prêter attention à ce qui se passe hors champ et à s’interroger sur ce que les Européens ne veulent pas voir, tout en observant du coin de l’œil le sort de ces réfugiés qui fuient des guerres ou des conditions de vie totalement insupportables.

fuocoammare, par-dela Lampedusa, de Gianfranco (sortie en france le 28 septembre). © 21 uno film

fuocoammare, par-dela Lampedusa, de Gianfranco (sortie en france le 28 septembre). © 21 uno film

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