Tenke Fungurume : cinq hommes et un gisement
Le 9 mai 2016, le groupe américain Freeport-McMoran annonçait la conclusion d’un accord définitif avec China Molybdenum pour la vente de sa participation majoritaire dans la mine de Tenke Fungurume Mining, dans le sud-est de la RD Congo.
Richard Adkerson PDG de Freeport-McMoran, le vendeur
Le patron du groupe américain, deuxième producteur mondial de cuivre avec 1,5 million de tonnes vendues en 2015, est confronté à de graves problèmes de trésorerie : ses pertes nettes se sont élevées à 4,1 milliards de dollars en 2015 (soit 3,8 milliards d’euros).
Préférant se retirer de la RD Congo, jugée compliquée et trop éloignée de sa base de Phoenix, en Arizona, il a annoncé le 9 mai la revente de ses parts indirectes (56 %) dans le projet de Tenke Fungurume (acquises en 2007) à China Molybdenum, la transaction se faisant au niveau de TF Holdings, immatriculé aux Bermudes.
Li Chaochun Président de China Molybdenum, l’acheteur potentiel
Situé à Luoyang, dans la province du Henan, China Molybdenum est d’abord – comme son nom l’indique – un producteur de molybdène (utilisé dans la fabrication d’alliages). Mais, confronté à une diminution de sa production, ce conglomérat coté à Hong Kong et à Shanghai a choisi de se développer à l’international dans l’extraction du cuivre, un minerai prisé par ses clients industriels chinois.
Tenke Fungurume serait sa deuxième grande acquisition en la matière, après le rachat en 2013 de la mine australienne de Northparkes, qui produit environ 40 000 tonnes de cuivre par an. Le siège international de China Molybdenum est à Phoenix… juste à côté de celui de Freeport-McMoran.
Lukas Lundin Président de Lundin Mining, le complice
Ce Suédois veille depuis Toronto (Canada) au développement de la branche minière du groupe fondé par son père. Actionnaire minoritaire de Tenke Fungurume (24 %), Lundin Mining hésite sur la marche à suivre face à la volonté de son allié de toujours, Freeport-McMoran, de vendre ses parts. Il pourrait empêcher la vente en actionnant un droit de préemption étendu jusqu’au 29 septembre et supplanter China Molybdenum.
Selon un connaisseur du dossier, le groupe chercherait en fait à sortir du capital de Tenke Fungurume plutôt que de rester avec China Molybdenum. « Ils ne sont pas très expérimentés dans le cuivre, et nous n’avons pas la même culture managériale », estimait Lukas Lundin dans une interview à Bloomberg, le 29 août. Mais il aurait du mal à trouver un acheteur, la Gécamines menaçant de faire capoter le deal si elle n’est pas associée aux discussions.
Albert Yuma Mulimbi Président de la Gécamines Jacques Kamenga DG par intérim Les opposants
Les dirigeants de la Gécamines sont vent debout contre ce qu’ils considèrent comme un hold-up préparé depuis l’étranger concernant un actif majeur du sous-sol congolais. Jacques Kamenga a indiqué, le 7 septembre, avoir déposé une offre concurrente à celle de China Molybdenum, arguant d’un droit de préemption supérieur à celui de Lundin (actionnaire au niveau du holding aux Bermudes).
Un proche du top management estime qu’une solution peut être trouvée si le groupe chinois s’assoit à la table des négociations directement avec la Gécamines – et à ses conditions. Dans le cas contraire, la même source évoque une possible levée de fonds auprès d’autres partenaires, chinois ou nord-américains.
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