La place financière suisse est devenue incontournable pour l’Afrique

À l’origine directement liés aux activités des traders, les banques, les cabinets de conseil et les assureurs helvètes adaptent leurs services à des marchés africains de plus en plus diversifiés et rentables.

Le siège social d’UBS, à Zurich. © Arnd Wiegmann/Reuters

Le siège social d’UBS, à Zurich. © Arnd Wiegmann/Reuters

Rémy Darras © Francois Grivelet pour JA

Publié le 13 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

Le Palais fédéral à Berne, siège du gouvernement et du Parlement. © Photononstop
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Suisse-Afrique : être à la hauteur

Discrétion, influence, rigueur et neutralité… Des qualités que la Suisse cultive pour renforcer ses relations avec le continent. Notamment en matière de business.

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Banques privées, assureurs, gestionnaires de fortune, conseillers stratégiques, cabinets d’intelligence économique, avocats d’affaires… Difficile de faire un pas à Genève sans passer devant les plaques de ces acteurs du monde de la banque et de la finance, dont la plupart comptent une large clientèle d’opérateurs africains et de groupes internationaux actifs sur le continent.

À la fois intermédiaires et facilitateurs, associés à une culture de discrétion, de rigueur, de savoir-faire et de faible régulation, ces établissements et cabinets ont développé une panoplie de services financiers à destination des marchés les plus lucratifs d’Afrique.

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Matières premières, infrastructures et or

C’est tout d’abord dans le secteur de l’or que se sont depuis longtemps spécialisés le Crédit suisse, l’Union des banques suisses (UBS) et l’ex-Société de banque suisse, en représentant de grands investisseurs auprès des miniers africains. La Suisse, qui abrite quatre des plus grandes raffineries d’or du monde, voit transiter sur son sol 70 % de la production d’or de la planète.

Les banques traditionnelles sont également présentes dans le financement de grands projets d’infrastructures. « Un rôle qu’elles délaissent de plus en plus à des capital-investisseurs, comme Inoks Capital, pour être plus opérationnelles dans des activités de banque privée, de gestion de patrimoine, de financement des exportations suisses vers l’Afrique et de trading », observe Michael Rheinegger, directeur général du Cercle d’affaires Suisse-Afrique (SABC).

Si la Banque cantonale de Genève (BCGE) et la Banque cantonale vaudoise (BCV) sont très actives dans le financement du négoce de matières premières, d’autres peuvent agir comme « banques de banques » en participant, comme UBS, au financement d’établissements bancaires africains.

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Certains fonds, tels Bellevue Asset Management et son véhicule BB African Opportunities, investissent dans des entreprises africaines cotées. De son côté, Vital Capital Investment a levé un fonds de 500 millions de dollars (près de 448 millions d’euros) qui devrait permettre aux capitaux occidentaux d’être investis en Afrique dans des secteurs négligés.

Une forte attractivité

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Dans les assurances, si Zurich Insurance Group s’est désengagé totalement du continent, Swiss Re a pris cette année le contrôle du nigérian Leadway Assurance et, en 2015, de 27 % des parts de l’assureur kényan Apollo Investments. Autres activités qui prennent de l’ampleur, l’investissement à impact social (impact investing) et la microfinance, dont 60 % à 80 % des fonds mondiaux transitent par la Suisse, notamment via Symbiotics, Blue Haven Initiative et ResponsAbility.

Grâce à sa stabilité politique comme monétaire, et à la possibilité d’établir des comptes en dollars et en euros, la place suisse attire les fortunes africaines, qui confient la gestion de leur portefeuille à des cabinets comme Ashburton ou Emeraude Suisse Capital, en cherchant à diversifier au mieux leurs placements. Et, comme le relève Michael Rheinegger, « avec l’augmentation du nombre de grandes fortunes, notamment au Nigeria, en Angola et au Kenya, le rôle de la Suisse en ce domaine devrait s’accroître ».

Retour à Genève pour l’Africa CEO Forum

Après un détour par Abidjan en 2016, l’Africa CEO Forum reprendra en 2017 le chemin de Genève, où s’étaient déroulées ses trois premières éditions. Plus de 1 000 grands patrons et décideurs sont attendus les 20 et 21 mars prochain à l’Intercontinental pour ce qui est devenu le plus grand rendez-vous international du secteur privé africain, coorganisé par la Banque africaine de développement, la société suisse Rainbow Unlimited et le groupe Jeune Afrique.

« Ce retour aux sources répond aux ambitions de la ville d’être un véritable trait d’union avec les marchés africains », rappelle Vincent Subilia, directeur adjoint et responsable des affaires internationales de la Chambre de commerce, d’industrie et des services de Genève.

Les berges du lac Léman accueillant la plus forte concentration d’hôtels multi-étoilés du monde, la ville dispose de tous les équipements nécessaires à la réception de ces hôtes de marque, parmi lesquels le Premier ministre éthiopien, Hailemariam Desalegn, très attendu dans la capitale cantonale, où vivent plusieurs milliers de ses compatriotes.

Ce sera l’occasion pour Genève, dont plus de 40 % de la population est étrangère, de montrer qu’elle est plus que jamais ouverte sur le reste du monde.

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