Anthony Travis : « La Suisse propose des technologies et un savoir-faire reconnus »

L’ancien courtier préside le cercle d’affaires Suisse-Afrique. Une association B2B qui constitue une plateforme d’échanges unique pour le secteur privé helvétique.

Le financier est membre du conseil d’administration de la compagnie Benjamin de Rothschild. © Agostino Pacciani pour JA

Le financier est membre du conseil d’administration de la compagnie Benjamin de Rothschild. © Agostino Pacciani pour JA

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Publié le 13 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

Le Palais fédéral à Berne, siège du gouvernement et du Parlement. © Photononstop
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Suisse-Afrique : être à la hauteur

Discrétion, influence, rigueur et neutralité… Des qualités que la Suisse cultive pour renforcer ses relations avec le continent. Notamment en matière de business.

Sommaire

En 2010, lorsque les entrepreneurs helvètes créent le cercle d’affaires Suisse-Afrique (SABC, Swiss-African Business Circle), ils en confient les rênes à un financier… d’origine britannique. « Peut-être considéraient-ils que j’étais celui qui connaissait le mieux le continent », répond d’un air malicieux Anthony Travis, gentleman de 68 ans résidant dans la Confédération depuis 1975 et détenteur du passeport suisse.

L’ancien courtier en matières premières de Liverpool a passé deux ans au Zaïre (actuelle RD Congo) au milieu des années 1970. Il travaille alors pour PricewaterhouseCoopers (PwC), qui l’envoie ensuite à Lausanne, où il continue de travailler avec l’Afrique par l’intermédiaire de plusieurs ONG suisses.

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Près de trente ans plus tard, Anthony Travis rejoint l’International Peacebuilding Alliance, une organisation très présente dans la région des Grands Lacs, en même temps que le conseil d’administration de la Compagnie Benjamin de Rothschild (CBR), qui entretient depuis longtemps de solides liens avec l’Afrique. Ces expériences en font aujourd’hui un homme d’influence. Au service du secteur privé suisse en Afrique.

Jeune Afrique : Qu’est-ce qui a motivé la création du SABC ?

Anthony Travis : Nous sommes partis de l’idée qu’il fallait créer un organisme où les Suisses qui ont un intérêt pour l’Afrique et les Africains qui sont intéressés par la Suisse pourraient se rencontrer. Et c’est exactement ce que notre cercle propose à ses membres. L’Afrique est bien plus complexe qu’on ne le pense ici, où peu de compagnies, à part certaines, comme Nestlé, ont une présence historique sur le continent. Le SABC apporte une meilleure compréhension du contexte africain, avec une synergie importante entre ses membres.

Et pourquoi sont-ils intéressés par l’Afrique ?

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Les entrepreneurs suisses cherchent de nouveaux marchés et l’Afrique est en plein développement. Elle présente l’avantage d’être géographiquement et linguistiquement proche. Le boom des matières premières a injecté de grands volumes de liquidités dans les économies locales, et nos compagnies ont beaucoup à leur offrir dans les domaines de l’ingénierie, de l’énergie, de l’agrobusiness, des technologies de l’information, des industries chimique et pharmaceutique. Sans oublier la finance.

Notre mission est d’apporter une bonne compréhension du contexte africain.

Qu’est-ce qui différencie l’offre suisse de celles de la France ou du Royaume-Uni ?

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Contrairement à ces deux pays, nous n’avons pas grand-chose à exporter. Nous pouvons donc contribuer à la transformation des économies africaines et les aider à s’équiper pour produire elles-mêmes, en opérant des transferts de connaissances et de technologies sur les secteurs dans lesquels les entreprises suisses sont parmi les meilleures au monde.

Le pays a également l’avantage de ne pas avoir de passé colonial avec le continent. Il n’a pas d’agenda caché et, lorsqu’il offre son appui, il n’y a pas de sous-entendu. La Suisse inspire confiance en Afrique, politiquement en tant que pays neutre, et économiquement en proposant des technologies et un savoir-faire d’une qualité largement reconnue.

Que doit faire le secteur privé helvétique pour s’implanter davantage sur le continent ?

Les entreprises suisses doivent être sérieuses dans leur approche des marchés africains, notamment en recherchant sur place les meilleures ressources humaines disponibles. Elles doivent avoir une bonne compréhension des contextes propres aux différents pays. C’est certainement l’un des points sur lesquels le SABC peut contribuer le plus, et c’est pour cela qu’il nous faut encore grandir et renforcer notre présence sur le continent – afin d’attirer davantage de membres africains –, en nous appuyant notamment sur les différentes instances cantonales et fédérales.

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