Togo : quartier libre à Lomé
Tournée vers la mer, conviviale et cosmopolite, la capitale togolaise attire de nombreux visiteurs, venus pour affaires ou en touristes. Balade au gré d’une métropole qui a su garder taille humaine.
Togo : le grand retour de Lomé
C’est une capitale togolaise profondément transformée qui a accueilli, le 15 octobre, le sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité maritime et le développement.
Lorsqu’on débarque à l’aéroport international Gnassingbé-Eyadéma (AIGE), le ton est donné. Comme c’est encore le cas dans la plupart des métropoles du continent, il est situé en pleine ville, entre les quartiers Bè-Kpota et Hedzranawoé. Mais il a été sérieusement lifté.
Après trois ans de travaux, le nouveau terminal est opérationnel, imposant (21 000 m2), ultramoderne, ultrasécurisé. Et, les routes assurant sa desserte ayant été entièrement réhabilitées, les voyageurs peuvent faire une entrée en douceur et sans embouteillages dans la capitale togolaise.
Étant donné qu’il est prévu d’accueillir une partie des invités au Sommet sur la sécurité maritime du 15 octobre à bord de navires-hôtels, ceux qui aborderont Lomé par la mer accosteront dans un port lui aussi modernisé.
Un port animé
Assez impressionnant par son emprise – un domaine de 1 000 ha et un bassin de 80 ha –, c’est aussi le port le plus profond d’Afrique de l’Ouest (15 m), ce qui lui permet d’accueillir des bâtiments à fort tirant d’eau. Il peut en outre traiter 8 à 10 navires simultanément, puisqu’il dispose désormais d’un linéaire de quai de 1 700 m, dont 450 m pour le nouveau terminal à conteneurs de Togo Terminal (filiale du groupe Bolloré), auxquels s’ajoutent ceux du terminal minéralier, de l’appontement pétrolier et des deux môles utilisés pour les marchandises conventionnelles.
Autant dire que la zone portuaire est une véritable fourmilière dont les activités ne s’arrêtent jamais. Sans oublier celles du port de pêche. Désormais à l’étroit entre le quai minéralier et le terminal à conteneurs, il est particulièrement animé le matin, lorsque les pirogues débarquent leurs marchandises et que les acheteurs et les mareyeuses (les « mamans ») se bousculent sur le quai. Un nouveau port de pêche va bientôt être aménagé, plus à l’est.
Cofinancé par l’Agence japonaise de coopération internationale (Jica), à hauteur de 15 milliards de F CFA (environ 23 millions d’euros), il permettra de mettre un terme aux problèmes d’encombrement et au manque d’infrastructures (notamment d’entrepôts frigorifiques), pour que les pêcheurs, les mareyeuses, les détaillants et les transformateurs puissent travailler plus efficacement, en sécurité et dans le respect des normes sanitaires.
Marchés et commerces multiples
Situé dans le centre historique de Lomé, dans le quartier jadis très résidentiel d’Adawlato, le Grand Marché (« Assigamé », en langue mina) est un autre poumon économique de la ville. Si sa réputation à travers le monde s’est surtout construite grâce aux célèbres Nanas Benz, on y trouve tous types d’étals et de boutiques où se côtoient clients, promeneurs et touristes.
Aujourd’hui, la plupart des maisons coloniales des alentours ont disparu pour laisser place à des immeubles commerciaux. Ce qui explique que, s’il est très animé dans la journée, Adawlato se vide désormais à la tombée de la nuit.
Pour ceux qui préfèrent les magasins, Lomé compte évidemment nombre de petites et moyennes surfaces, notamment plusieurs supermarchés Ramco et Champion, qui ont vu arriver un nouveau concurrent, L’Épicerie du Levant, ouvert fin 2015 sur le boulevard du 13-Janvier.
« On se croirait dans un supermarché parisien », confie Tatiana, qui s’est récemment installée à Lomé après de nombreuses années passées en Europe. C’est d’ailleurs ce type de clientèle que souhaite principalement séduire l’établissement. Distributeur des produits Auchan au Togo, il propose en outre un espace boucherie-traiteur, des fromages à la coupe et une petite cafétéria.
Une ville chargée d’histoire
Non loin de là, restaurée il y a quelques années, la place de l’Indépendance reste le centre névralgique du quartier administratif. On y trouve le monument de l’Indépendance, l’hôtel de ville, le mythique Hôtel du 2-Février et sa tour de plus de 100 m de hauteur, le Palais des Congrès, qui abrite le siège de l’Assemblée nationale, ainsi que le Musée national, où sont exposés un grand nombre d’objets et de parures – parmi lesquels quelques pièces exceptionnelles – qui retracent l’histoire du pays et de ses traditions.
Patrimoine. Quelques vestiges de l’époque coloniale allemande sont encore visibles dans l’agglomération. À une dizaine de kilomètres à l’est du centre-ville en longeant le littoral, à Baguida, un monument commémore l’arrivée sur les côtes togolaises de l’explorateur Gustav Nachtigal, le 4 juillet 1884. Le lendemain, il signait un traité de protectorat avec le roi Mlapa III, qui lierait l’Allemagne et le Togo jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.
Dans le centre de Lomé, le wharf, sur le boulevard du Mono, fut le premier port sur la côte togolaise. Juste à côté, près de l’ancienne présidence, le magnifique Palais des gouverneurs, restauré et transformé en musée, sera ouvert au public pour la première fois dès l’an prochain, de même que son immense parc.
En attendant, au cœur du quartier Adawlato se dresse l’un des monuments les plus visités de la capitale : la cathédrale néogothique du Sacré-Cœur. Construite en 1901-1902 par les missionnaires catholiques allemands, elle est la réplique parfaite de l’église de Steyl, petite ville des Pays-Bas dont leur communauté était originaire. Non loin de là, l’architecture coloniale du temple protestant d’Apégamé attire elle aussi les visiteurs.
Un meilleur accueil
Togolais, ouest-africains ou venus de plus loin, ils sont de plus en plus nombreux à découvrir ou à redécouvrir les rues de Lomé à la faveur d’un week-end, d’un voyage d’affaires ou d’une conférence internationale, puisque la capitale togolaise en accueille désormais régulièrement – elle a d’ailleurs été l’hôte du Forum africain de l’investissement hôtelier (AHIF), en juin.
Ces deux dernières années, les capacités d’hébergement de la ville ont été décuplées. Parallèlement à l’ouverture de maisons d’hôtes et de petits établissements de charme les anciens grands hôtels de la capitale togolaise ont fait une cure de jouvence. On pense évidemment à l’Eda-Oba (4 étoiles), sur le boulevard Eyadéma, dans le quartier de l’université, qui, avec ses 300 chambres, ses 3 restaurants et ses nombreux équipements sportifs et de détente, reste l’un des plus fréquentés, pour les séjours d’affaires comme de loisirs.
En front de mer, sur le boulevard du Mono, se trouvent nombre d’établissements, dont plusieurs 4 étoiles : le Sarakawa, le Sancta Maria et le Palm Beach. À 200 m de ce dernier, rue du Commerce, l’hôtel du Golfe a rouvert l’an dernier après deux ans de travaux. Agrandi, redécoré, il compte désormais 33 chambres et un restaurant-terrasse panoramique au quatrième étage, avec vue imprenable sur la marina, l’ancien wharf de Lomé et le Grand Marché. Comme l’Onomo (3 étoiles, 127 chambres), nouvel établissement ouvert fin 2015 sur le boulevard du Mono, il a rapidement trouvé sa clientèle.
Tourisme et loisirs
Mais la palme du renouveau et du grand luxe hôtelier à Lomé revient évidemment à l’emblématique Hôtel du 2-Février. Nationalisé en novembre 2014, confié au groupe mauricien Kalyan Hospitality Development (KHD) et entièrement rénové, le palace a rouvert ses portes cette année sous l’enseigne Radisson Blu (du groupe Rezidor).
Les travaux, réalisés par le groupe de BTP sud-africain ZPC Hospitality, ont nécessité un investissement de plus de 45 milliards de F CFA (69 millions d’euros), dont 28 milliards ont été mobilisés par un pool bancaire piloté par la Banque ouest-africaine de développement (BOAD). Le cinq-étoiles compte 256 chambres et suites flambant neuves, 64 appartements, 3 000 m2 d’espaces de réunions et de conférences, une piscine extérieure, un spa, une salle de gym… Il est redevenu « le plus bel hôtel du Togo » – certains clients qui l’ont fréquenté ces derniers mois disent même que c’est désormais « le meilleur en Afrique de l’Ouest ».
Lomé a aussi énormément gagné en loisirs et en joie de vivre. Très animé la journée en raison de ses nombreux commerces, le boulevard du 13-Janvier est particulièrement festif le soir. Parmi les tables les plus appréciées, celles de La Casa, du Nopégali, de La Terrasse, de La Route des vins, de Lomé-la-Belle ou encore du Papayo, sans oublier Le Festival des glaces, juste avant de rejoindre le front de mer. Pour ceux qui souhaitent prolonger leur soirée, plusieurs bars d’ambiance valent le détour sur le boulevard circulaire (Seven Clash, Hacienda, Rumba, Sun Set, Premium, La Villa) ainsi que dans le sud (Fief Pub Club, Le Privilège).
Côté loisirs, un complexe sportif original a ouvert sur l’avenue Jean-Paul-II, dans le nord-est de la ville : L’Afriklub, qui dispose d’un circuit de karting de 550 m. Au sud, évidemment, les plages de sable blond qui bordent l’agglomération restent une valeur sûre. Avec quelques « spots » privés, comme le Robinson Plage, qui offre un cadre calme, ou les plages aménagées et récréatives du Marcelo Beach Club et du Pure Plage, à Baguida.
Transats, beach-volley, activités nautiques, hôtel et bungalows avec piscine, restaurants, bars, paillotes : le week-end, ces deux complexes accueillent des milliers de Loméens et de touristes en quête de farniente et de bon temps. Au programme : concerts, soirées à thème, barbecues… Ils sont désormais concurrencés par le centre de loisirs et vacances O’Lodge, qui a ouvert en 2014 à une vingtaine de kilomètres, au bord du lac Togo.
Rien d’étonnant que, chaque fin de semaine, Lomé soit désormais le point de chute préféré des jeunes Béninois. Ils viennent y faire du shopping, s’amuser, se détendre parce que la frontière est toute proche, que le coût de la vie (notamment des sorties) est moins élevé et que l’agglomération compte désormais de nombreux lieux de loisirs qui répondent aux attentes d’une population jeune.
Contemporain et hors du temps
À deux pas de la présidence et du nouveau quartier d’affaires de Lomé, au cœur de la Cité OUA, Le Patio est une véritable oasis de calme et de fraîcheur. Maison d’hôtes (sept chambres, dont cinq suites) et restaurant, il a ouvert ses portes l’an dernier, mais sa réputation n’est déjà plus à faire. Loin du trafic et des klaxons, à l’heure du déjeuner, cet établissement tendance et de charme accueille les fonctionnaires des ministères, des institutions régionales et des représentations internationales alentour, ainsi que les hommes d’affaires qui travaillent ou viennent en rendez-vous dans le quartier de La Caisse.
Le soir, une clientèle plus jeune vient volontiers y siroter des cocktails au bord de la piscine. Dans un décor contemporain, élégant et confortable, Le Jardin (c’est le nom du restaurant) propose une large sélection de viandes et de poissons, de sauces exotiques et de classiques de la cuisine française revisités. Coup de cœur pour le velouté de chou-fleur qui fond en bouche, ou encore le bouillon togolais maison et sa mousse de citronnelle. Ici, le raffinement se glisse dans le moindre détail : apéritifs aux saveurs à la fois délicates et surprenantes, musique discrète, multiples attentions du service – à l’affût du moindre besoin du client sans être invasif. Et si l’on cherche un peu d’intimité, quelques tables sont disposées aux quatre coins du jardin, qui offrent un petit supplément de sérénité hors du temps et du monde.
Pour tous, à tous les étages
Si vous hésitez encore entre une pâtisserie maison, un hamburger à l’américaine, un (vrai) restaurant et un verre en plein air assis dans un confortable fauteuil, rendez-vous au Phénicien. Dans les locaux flambant neufs de ce complexe ouvert depuis quelques mois sur le boulevard du Mono (près du siège d’Ecobank), c’est « à chaque Loméen son resto ». Selon l’heure, l’étage et l’envie. Au rez-de-chaussée, les espaces pâtissier-glacier et fast-food ne désemplissent pas : croissants, tartes individuelles ou gâteaux d’anniversaire personnalisés, hamburgers servis « à l’américaine » avec frites et coleslaw (pour 3 750 FCFA, soit 5,70 euros, boisson comprise), à déguster sur place ou à emporter… Ici, les familles se mêlent aux couples de touristes et aux groupes de jeunes venus déjeuner ou dîner près de la plage pour moins de 10 euros. Au premier étage, le « restaurant international » attire en particulier les employés du port et des nombreuses entreprises du quartier. Au menu : grillades et plats locaux, mais aussi quelques spécialités françaises, libanaises et italiennes. Pour prendre un verre ou organiser l’un de ces after work de plus en plus populaires à Lomé, ça se passe au deuxième étage, sur le toit-terrasse qui, comme son nom l’indique en anglais, fait office de sky bar, avec une vue imprenable sur l’océan – et un ascenseur. Cerise sur le gâteau, le Phénicien Sky Bar organise désormais chaque jeudi soir, à partir de 20 h 30, des concerts de blues, jazz, rock, soul, reggae… De la musique live, là encore, pour tous les goûts.
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