Sénamé Koffi Agbodjinou, créateur d’un fablab à Lomé : « Ce mélange social, vous ne le trouverez nulle part ailleurs »

Architecte et anthropologue, Sénamé Koffi Agbodjinou, 36 ans, est l’une des nouvelles stars de la scène tech ouest-africaine. Il est aussi le fondateur de Woèlab, un fablab situé dans la capitale togolaise.

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Publié le 20 octobre 2016 Lecture : 2 minutes.

Vue de la ville de Lomé. © Jacques Torregano pour Jeune Afrique
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Après deux années de maths sup à l’université de Lomé, c’est en poursuivant ses études à Paris qu’il découvre les laboratoires de fabrication numérique, alias les fablabs. En 2010, il crée L’Africaine d’architecture, une plateforme de réflexion sur les villes intelligentes (smart cities) et, en 2012, il fonde le Woèlab.

Lequel s’inscrit selon lui dans un mouvement low high-tech, c’est-à-dire visant à développer des projets de pointe avec les ressources que l’on a sous la main.

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Jeune Afrique : Comment l’idée de créer le Woèlab a-t-elle germé ?

Sénamé Koffi Agbodjinou : Nous nous sommes demandé comment construire la ville autrement afin que ce soient les citoyens eux-mêmes qui produisent la ville de demain. Nous pensons que les FabLab, les incubateurs d’entreprises, les espaces de coworking, tous ces lieux qui émergent aujourd’hui autour du numérique, peuvent devenir des lieux de production de la ville.

Notre projet urbain, qui s’appelle HubCité, consiste à multiplier des lieux comme le Woèlab, à environ 2 km les uns des autres, qui mailleraient toute l’agglomération et seraient des laboratoires citoyens de construction de la ville.

Quelle est votre particularité par rapport aux autres incubateurs ?

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La première, c’est que nous sommes entièrement autofinancés. Nous sommes le seul « tech hub » [incubateur d’entreprises autour des nouvelles technologies] en Afrique à fonctionner en autonomie totale. Notre deuxième particularité est que nous ne sommes pas élitistes : ici, vous pouvez rencontrer aussi bien des sans-abri, des jeunes victimes d’addictions, des étudiants, de jeunes mères, etc.

C’est un mélange social que vous ne trouverez nulle part ailleurs… Et qui produit des idées très intéressantes. C’est aussi lié au concept de low high-tech : nous utilisons la technologie à partir de ce que nous avons et comme un moyen de travailler sur la santé et l’éducation par exemple.

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Où en est la scène tech à Lomé ?

Nous avons été les pionniers au Togo, c’est nous qui avons déclenché l’émergence d’une scène tech à Lomé. Elle est encore embryonnaire – la plupart des jeunes qui viennent ici ne connaissent pas le mot « start-up » avant d’arriver –, mais de nouveaux lieux se créent, d’autres incubateurs sont en train de se former… Cela ne fait que commencer. Le défi, maintenant, est de faire de cette scène tech émergente un véritable écosystème pour attirer les investisseurs.

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