La capitale togolaise transfigurée

Après avoir été dédaignée et rayée de la carte diplomatique pendant quatorze longues années d’un embargo aussi inefficace que contre-productif, Lomé est aujourd’hui debout et rayonnante.

Rue de Lomé. © Jacques TORREGANO

Rue de Lomé. © Jacques TORREGANO

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  • Georges Dougueli

    Journaliste spécialisé sur l’Afrique subsaharienne, il s’occupe particulièrement de l’Afrique centrale, de l’Union africaine et de la diversité en France. Il se passionne notamment pour les grands reportages et les coulisses de la politique.

Publié le 20 octobre 2016 Lecture : 3 minutes.

Vue de la ville de Lomé. © Jacques Torregano pour Jeune Afrique
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Togo : le grand retour de Lomé

C’est une capitale togolaise profondément transformée qui a accueilli, le 15 octobre, le sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la sécurité maritime et le développement.

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Crânement, la capitale togolaise se préparait à abriter, le temps d’un sommet, le centre nerveux de l’Union africaine en matière de sécurité et de sûreté maritimes. Un rendez-vous qui marque son retour dans l’agenda diplomatique continental.

Et c’est heureux, car la belle ne s’est jamais aussi bien portée qu’en étant au centre de toutes les attentions. Aujourd’hui, la ville ne se contente pas d’être sortie de sa torpeur, elle se pare d’atours et d’atouts nouveaux.

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La voirie est en chantier depuis trois ans, l’éclairage public a été réhabilité et étendu, les capacités hôtelières d’hébergement augmentées. La dernière rencontre d’envergure continentale organisée à Lomé remonte à juillet 2000, lorsque le Togo accueillit le trente-sixième et ultime sommet de l’OUA.

Une cité africaine comme les autres ?

En son temps, cet événement avait transfiguré la capitale, notamment en donnant naissance à Lomé II, un quartier sorti de terre au nord du centre-ville, dont les larges avenues boisées et l’ambiance « rurbaine » attirent les expatriés et les classes aisées.

La capitale avait également bénéficié d’une remise en forme en 1972, lorsqu’elle avait accueilli le sommet international de l’Organisation commune africaine et mauricienne (Ocam). Les autorités en avaient profité pour réglementer les transports en commun et imposer que les taxis soient de couleur jaune.

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Vue de loin, cette jeune ville de tradition commerciale pourrait paraître sans âme ni profondeur tant elle semble tout livrer au premier regard : sa position, longeant la côte de l’extrême sud-ouest du Togo, à la frontière avec le Ghana ; son extension parfois désordonnée qui l’étire vers l’est en direction d’Aného et du Bénin ; ses désordres urbains ; ses motos pétaradantes… En apparence, elle a tout de ce que l’on sait des cités africaines. Mais, en réalité, ses particularités en font une ville à part.

La cohabitation a toujours été de mise chez les Loméens

La Lomé de l’écrivain Kangni Alem se distingue des autres métropoles côtières – et coloniales – d’abord par son histoire. Elle naît dans les années 1880, fondée par des commerçants éwés venus de la Gold Coast (actuel Ghana) pour fuir la fiscalité confiscatoire de l’administration coloniale britannique. Peine perdue, ils sont rattrapés en 1914 par les Anglais, qui occupent la ville après la défaite et le départ des Allemands.

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Mixité sociale et place financière

Elle se singularise, ensuite, par son héritage diversifié, signalé par l’architecture de ses bâtiments anciens. En témoignent la cathédrale néogothique dont les flèches surplombent le centre-ville, des bâtisses dans le style baroque portugais rapporté par les esclaves revenus du Brésil ou encore quelques vestiges néoclassiques britanniques.

La capitale togolaise tranche aussi avec les autres métropoles du continent par son organisation spatiale, qui a toujours reposé sur une grande mixité sociale. Pendant et après la colonisation, il n’y a jamais eu de ségrégation de classe ni de discrimination par le pouvoir d’achat. Même si l’histoire politique du pays a produit un antagonisme durable opposant les autochtones éwés, peuple fier et entreprenant, aux Kabyés descendus du Nord et au pouvoir depuis cinq décennies, la cohabitation a toujours été de mise chez les Loméens, qui ont de tout temps cultivé la convivialité.

Ce sommet extraordinaire du 15 octobre sur la sécurité maritime et le développement en Afrique sera une étape marquante dans le retour sur la scène diplomatique continentale et internationale que le pays a engagé ces dernières années. Il sera l’occasion de montrer aux décideurs politiques et économiques étrangers que Lomé a renoué plus que jamais avec sa réputation de grande ville commerçante, qu’elle est désormais une place financière incontournable dans la région. Et une métropole où il fait bon vivre.

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