États-Unis : continuité ? Ou changement ?

L’échéance est désormais en vue, car nous sommes à moins d’un mois du 8 novembre.

Hillary Clinton et Donald Trump lors du second débat pour la présidentielle américaine le 9 octobre 2016 à Washington. © Rick T. Wilking/AP/SIPA

Hillary Clinton et Donald Trump lors du second débat pour la présidentielle américaine le 9 octobre 2016 à Washington. © Rick T. Wilking/AP/SIPA

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Publié le 13 octobre 2016 Lecture : 4 minutes.

Ce jour-là, en allant voter, près de 100 millions de citoyens américains* décideront pour eux-mêmes, mais également pour nous.

S’ils portent Hillary Clinton à la présidence de leur pays, l’année 2017 et les suivantes seront celles de la continuité pour les États-Unis et le monde : une présidente issue du parti démocrate succédera à un autre démocrate (dont elle a été quatre années durant la secrétaire d’État).

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Le changement sera peu perceptible.

Mais si leurs votes installent Donald Trump à la Maison Blanche, eux et nous vivrons plus qu’un changement.

Nous entrerons dans l’imprévisible.

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Les États-Unis étant encore la plus grande nation militaire, technologique, financière et diplomatique du monde, Donald Trump annonçant qu’il « cassera la baraque », et notre planète étant devenue un village connecté, jamais, dans l’histoire de l’humanité, le sort de l’ensemble du monde n’a autant dépendu des résultats d’un seul scrutin.

Et, si Donald Trump était élu, nous serions exposés aux foucades d’un homme à l’ego démesuré et dont l’expérience politique est voisine de zéro : imaginez un Mouammar Kadhafi à la tête, non pas de la petite Libye, mais de la plus grande puissance nucléaire du monde.

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Les Américains nous avaient mis en garde, plus d’une fois, contre « les États voyous », et c’est le leur qui deviendrait terrifiant.

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Le 8 novembre prochain, c’est leur 45e président que les cinquante États de la fédération américaine éliront. Un journaliste ami déroule pour moi le passé :

« Barack Obama est le 44e président des États-Unis, ou bien le 43e : Grover Cleveland, qui a été élu pour deux mandats non consécutifs, est compté deux fois. Il y a eu également 47 vice-présidents, de John Adams à Joe Biden. Au total, 90 personnes ont occupé les deux postes suprêmes.

Tous étaient des hommes ; tous sauf Obama étaient blancs.

Aucune femme parmi eux. »

Aujourd’hui, à son tour, Hillary Clinton est en position de briser le dernier plafond de verre.

En cas de succès, elle serait automatiquement rangée, avec la reine Victoria et Catherine de Russie, parmi les femmes les plus puissantes de l’Histoire.

Une présidence Clinton pourrait être une source d’inspiration pour les Américaines et, plus profondément encore, pour les femmes du monde entier.

Imaginez l’impact sur les femmes en Iran, en Arabie saoudite ou en Indonésie.

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Dans son propre pays, Hillary Clinton n’est pas aimée : 37 % des Américains seulement la trouvent honnête et digne de confiance. À la question abrupte : « Y a-t-il quelque chose, dans vos actions ou dans les décisions que vous avez prises, qui pourrait justifier cette méfiance ? » Mme Clinton a répondu avec émotion : « Ce n’est pas facile pour moi… Je ne suis pas, comme mon mari ou comme le président Obama, un politicien de métier. Je dois juste faire de mon mieux, obtenir les résultats que je peux obtenir, et espérer que les gens voient que je me bats pour eux. »

Contrairement aux Africains-Américains, qui avaient voté pour Obama à 95 % en 2008 et à 93 % en 2012, les femmes ne semblent pas particulièrement enclines à voter pour l’une des leurs.

La partie n’est donc pas jouée, et Hillary Clinton ne l’a pas encore gagnée. L’hypothèse d’un Donald Trump installé à la Maison Blanche en janvier prochain est donc loin d’être écartée.

Pour ne pas être désagréablement surpris, comme nous l’avons été par le vote des Britanniques en faveur de la sortie de leur pays de l’Union européenne, envisageons le pire : que, le 8 novembre, ce soit Donald Trump que les Américains élisent. Pour cela, il faut et il suffit que 65 % à 70 % des Blancs américains lui donnent leurs voix.

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À l’exception notable de la Russie, le monde entier redoute l’effet dévastateur que provoqueraient l’élection de Donald Trump et les turbulences qui en résulteraient.

Comment supporterons-nous le bouleversement politico-économique qui s’ensuivrait et, avant que Trump ne s’installe à la Maison Blanche, fin janvier 2017, les onze semaines d’incertitude consécutives à son élection ?

Toute l’architecture des relations mondiales serait, en effet, remise en question :

Comment réagira le Mexique, limitrophe des États-Unis, et, au-delà du Mexique, les autres pays hispaniques ?

Que fera l’Iran de son accord sur le nucléaire, que Donald Trump a promis de ne pas respecter ?

Quelles conséquences sur le prix du pétrole et sur les relations avec l’Arabie saoudite, principal exportateur ?

La guerre contre le terrorisme, qui dure déjà depuis quinze ans, en sera-t-elle relancée ou élargie ? Et si Donald Trump en vient à utiliser l’arme nucléaire, comme il a menacé de le faire, quelles seront les conséquences et où s’arrêteront-elles ?

L’Otan, dont les États-Unis sont la cheville ouvrière, continuera-t-elle à protéger ses membres ? Et, surtout, ces derniers s’estimeront-ils protégés par leur appartenance à cette alliance ?

Les prévisions du FMI pour la croissance mondiale, et qu’il vient de réviser à la baisse, auront-elles encore la moindre signification ?

De combien reculeront les échanges commerciaux internationaux, dont Donald Trump a promis de modifier les règles ?

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Donald Trump peut être élu. Mais, fort heureusement pour les États-Unis et pour le monde, ce n’est pour l’heure qu’une éventualité. Si elle se réalisait, il faudrait que les Américains qui n’ont pas voté pour lui et le monde qui ne veut pas de lui à la Maison Blanche unissent leurs moyens pour l’empêcher de réaliser ce dont il nous a menacés.

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