Gabon : ex-opposant et nouveau membre du gouvernement, Bruno Ben Moubamba est attendu au tournant
Arrivé troisième à la présidentielle, il est l’un des rares opposants à intégrer le gouvernement du Gabon. Il hérite de l’épineuse question du logement.
À la table du Conseil des ministres, il est reconnaissable à sa sempiternelle cravate rouge. Arrivé au troisième rang lors de l’élection présidentielle du 27 août, avec 0,53 % des voix, Bruno Ben Moubamba a accepté de rejoindre le gouvernement et a été nommé vice-Premier ministre chargé de l’Urbanisme, de l’Habitat social et du Logement le 2 octobre.
Il représente ainsi l’une des trois tendances rivales de l’Union du peuple gabonais (UPG), le parti fondé par feu Pierre Mamboundou et aujourd’hui divisé.
Héritage
À 49 ans, cet ancien journaliste passé par l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) de Paris se sent plus légitime dans ce cénacle que ses adversaires issus de son propre parti. Chef d’une de ces branches rivales, Mathieu Mboumba Nziengui siégeait il y a quelques semaines encore à la même table, derrière un écriteau de ministre d’État.
Quant à Moukagni Iwangou, patron de la tendance « loyaliste » de l’UPG, et proche de l’opposant Jean Ping, il n’a toujours pas digéré la réélection d’Ali Bongo Ondimba (ABO)… Tous les trois se disputent d’ailleurs la fameuse cravate rouge, non pas comme une signature stylistique mais comme un talisman censé les élever à la dignité d’héritier politique de leur ex-mentor disparu et, accessoirement, au rang de leader régional punu de la Ngounié.
« Grèves de la faim »
Moubamba, le plus ambitieux des trois, vient de marquer un point décisif. Beau parcours pour cet inconnu qui fit en 2008 une entrée tonitruante en politique avec un pamphlet étrillant la gouvernance de Bongo père ! Même si son pari est risqué.
ABO lui a confié le Logement, un portefeuille sur lequel les précédents gouvernements se sont cassé les dents. Mais ce catholique pratiquant à la fibre humanitaire est doté de la persévérance de ceux qui se sont faits tout seuls.
Ses amis, qu’il a nombreux dans les ONG gabonaises, applaudissent son ascension mais attendent au tournant de l’embourgeoisement ce militant qui s’est fait connaître par ses grèves de la faim. Par exemple, lorsque ses cravates passeront du polyester à la soie rutilante…
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