Énergie : gaz à tous les étages chez Total
Le groupe français réfléchit à la mise en place de filières complètes en Afrique. Liquéfaction de gaz naturel, production d’électricité, distribution… Dans son viseur : le Maroc et la Côte d’Ivoire.
Pétrole et gaz : un potentiel à l’état brut
Bien doté en pétrole, le continent manque cruellement d’infrastructures pour le traiter, si bien qu’il importe une grande part des produits finis qu’il consomme. Pour mettre fin à cette anomalie, les États doivent investir, car, dans un contexte de prix bas, les majors ne le feront pas.
Préparer le futur, tout en répondant aux préoccupations liées au changement climatique. Porté par le train des énergies vertes, le groupe pétrolier Total a créé en septembre une nouvelle branche « gaz, énergies renouvelables et électricité » qui confirme son ambition de devenir un leader mondial de l’énergie responsable. L’objectif ? Que d’ici à vingt ans les énergies à bas carbone représentent 20 % de son activité.
Deux fois moins polluant que le charbon et complément idéal compte tenu de l’intermittence des énergies renouvelables, le gaz naturel – qui représente aujourd’hui la moitié des réserves du groupe français – devrait se hisser au second rang mondial dans le mix énergétique à l’horizon 2035.
Futur leader du gaz ?
Total table sur une hausse de 20 % de la production de gaz entre 2015 et 2020. Dans le même temps, les ventes de gaz et de gaz naturel liquéfié (GNL), qui permet le transport par bateau sur de longues distances, devraient être multipliées par deux. « La surcapacité affecte les prix à court terme, mais les perspectives à long terme pour le gaz et le GNL restent favorables. Le marché sera bien approvisionné jusqu’en 2020, mais ensuite il y aura des opportunités pour des projets robustes. Dans l’avenir, la demande de gaz sera plus forte que la demande de pétrole », a souligné Patrick Pouyanné, directeur général de Total, devant la communauté financière de Londres, le 22 septembre.
Le gaz naturel liquéfié est dans le top de nos priorités
Dans cette perspective, l’Afrique occupe une place singulière : Total est présent dans plus de 40 pays du continent et travaille sur l’ensemble de la chaîne énergétique. Il est actif depuis longtemps au Nigeria dans l’exploitation de champs gaziers pour l’exportation de GNL et possède des usines de liquéfaction dans ce même pays (d’une capacité d’environ 40 millions de tonnes par an), mais aussi en Angola (5,2 millions de tonnes par an). Mais, désormais, l’Afrique l’intéresse aussi en tant que marché. Le groupe français envisage de développer des infrastructures de réception du GNL et de vendre du gaz en Côte d’Ivoire et au Maroc.
Pour cela, il réfléchit à la mise en place de filières complètes, du champ gazier jusqu’au réseau de distribution, en passant par l’usine de production électrique. D’autant que le Maroc s’est fixé comme objectif la construction d’un terminal d’importation de GNL sur le site de Jorf Lasfar. De son côté, la Côte d’Ivoire, qui ne produit pas assez de gaz naturel pour répondre à la croissance de la demande locale, va se tourner elle aussi vers les importations de GNL. Les premières livraisons sont attendues en 2018. Le pays entend par ailleurs doubler sa production de gaz en faisant appel à des investisseurs étrangers.
« Le GNL est dans le top de nos priorités. Le développement d’unités flottantes de stockage et de regazéification [FSRU] permet d’en diminuer les coûts. Ces unités sont aussi plus rapides à connecter que les traditionnels terminaux de gaz, et cela ouvre de nouveaux marchés, dont l’Afrique », explique Philippe Sauquet, directeur général de la branche « gaz, énergies renouvelables et électricité ».
Plusieurs FSRU sont envisagées sur le continent, notamment en Afrique du Sud, en Namibie, au Kenya, au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Ghana. Ces nouveaux marchés devraient représenter pour Total plus de 50 % de la croissance des ventes de GNL d’ici à 2025. L’Afrique pourrait par ailleurs représenter un débouché pour les bouteilles de gaz de pétrole liquéfié (GPL).
Et le solaire ?
L’accélération de Total dans l’énergie solaire date de 2011, quand le groupe a acquis une majorité du capital de SunPower, l’un des leaders mondiaux du photovoltaïque. « L’Afrique a un potentiel inégalable », relevait Marc de Lataillade, vice-président de Total chargé du solaire, lors des rencontres Africa 2016, fin septembre à Paris : « Sa population est en croissance, mais plus de la moitié des habitants n’ont toujours pas accès à l’électricité. Par ailleurs, l’électricité est chère, entre 0,15 et 0,20 euro le kWh, avec des subventions qui pèsent sur les budgets nationaux. Or, dans de nombreux environnements, le solaire devient compétitif, et la parité réseau [quand le coût de production photovoltaïque est égal au prix de vente de l’électricité conventionnelle] sera bientôt atteinte dans de nombreux pays africains. »
Deux centrales solaires de SunPower fonctionnent depuis 2014 en Afrique du Sud, avec une puissance cumulée de 33 MW. La construction d’une troisième centrale, de 86 MW, utilisant des trackers pour suivre le parcours du soleil, doit se terminer en fin d’année. Total s’est aussi lancé dans le solaire décentralisé pour les zones non connectées aux réseaux électriques : près de 6 millions de lampes solaires (Awango) ont ainsi été distribuées. Le groupe est enfin entré au capital de deux start-up américaines proposant des kits solaires aux consommateurs kényans et tanzaniens.
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