Rwanda : l’étrange version de l’opposant Kayumba Nyamwasa au sujet de l’attentat du 6 avril 1994
Kayumba Nyamwasa, un opposant rwandais en exil en Afrique du Sud, avait affirmé à RFI disposer de « preuves » de l’implication de Paul Kagame dans l’attentat du 6 avril 1994. Force est de constater que son témoignage n’en livre aucune.
Attentat du 6 avril 1994 : retour sur l’enquête de la discorde entre la France et le Rwanda
Le 6 avril 1994, l’attentat contre le président rwandais Juvénal Habyarimana donnait le signal de départ au génocide contre les Tutsi. Retrouvez tous nos articles sur ce dossier qui empoisonne depuis vingt ans les relations entre Paris et Kigali.
Jeune Afrique a pu consulter le document – une déclaration devant notaire réalisée à Pretoria le 23 juin et transmise aux juges français – qui a provoqué la réouverture de l’enquête. Kayumba Nyamwasa y assure ne pas avoir été impliqué dans la préparation de l’attentat : « Je n’ai jamais participé à la planification du crime. Je n’ai pas participé à la commission du crime [et] je n’étais pas en position de [le] prévenir. »
Ce n’est qu’après la mort du président rwandais qu’il aurait appris la responsabilité de l’Armée patriotique rwandaise (APR) dans l’opération – organisation dont il dirigeait pourtant les renseignements militaires.
« Le 6 avril 1994 vers 22 heures, j’ai été contacté sur l’émetteur-récepteur par le lieutenant-colonel James Kabareebe [sic] pour que je me présente immédiatement au quartier général du haut commandement à Mulindi. Sur place, j’ai été conduit chez Paul Kagame. Celui-ci s’y trouvait, en compagnie du colonel Ndugute [officier en chef des opérations] et de James Kabareebe. Ils écoutaient Radio Rwanda sur un poste à transistors. L’émission concernait l’attentat dont avait été victime l’avion du président et les détails du crash. Pendant environ cinq minutes, nous avons écouté. C’est alors que Paul Kagame a baissé le volume et nous a dit que l’avion du président Habyalimana [sic] avait été abattu par nos propres troupes. Il a expliqué que pour éviter toute fuite il avait gardé le secret au sein d’un groupe restreint sous son commandement. Il a demandé à James Kabareebe, qui avait participé à la planification et à la supervision de l’opération, de nous mettre au courant. »
Confidence
James Kabarebe en aurait ensuite livré les détails à Kayumba. « Ils s’étaient mis d’accord pour faire passer des missiles dans un camion du haut commandement de Mulindi en les cachant sous du bois de chauffage. » L’attentat aurait été exécuté par deux « tireurs » : Frank Nziza et Eric Hakizimana. Selon Kayumba Nyamwasa, seuls trois officiers de l’APR étaient impliqués : Kagame, Kabarebe et Charles Kayonga, alors commandant du troisième bataillon basé au « CND [Conseil national pour le développement] », dans le centre de Kigali. Selon lui, les trois hommes auraient mis en place un « réseau parallèle de communication » par émetteurs-récepteurs connus d’eux seuls.
Mais Kayumba Nyamwasa n’explique pas pourquoi, après avoir été écarté de la planification du projet, il aurait ensuite été mis dans la confidence. Qui plus est dans un moment aussi inconfortable : le génocide des Tutsis a débuté dans les premières heures suivant la chute de l’avion présidentiel. Contactée par Jeune Afrique, son avocate, Véronique Truong, n’a pas souhaité s’exprimer.
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