Un président ne devrait pas dire ça… : les confessions de Hollande injustement critiquées
Je ne comprends pas le procès fait à François Hollande après la parution de ce bouquin où il se confie à deux journalistes.
On peut tout dire, tout alléguer : prétendre que le président français fait sa crise d’adolescence, qu’il se trompe de calendrier, qu’il est inconscient de ses actes… Il n’empêche, il y a dans ces entretiens privés un brin de salut public. Il y a le comportement d’un rebelle et la preuve d’une transgression des sacro-saintes limites que s’imposent les élus.
Je m’explique : on se plaint que le président ait pris sur son temps de travail pour se prêter à soixante interviews. Et alors ? Tout le monde peut travailler en parlant, agir en se confiant, se consacrer à sa mission en la commentant. Où est le mal ? On soutient que le chef de l’État a manqué au devoir de discrétion qui lui incombe ; ce sont les mêmes qui dénoncent l’omerta qui règne dans la classe politique. On lui reproche d’avoir dit ce qu’il ne fallait pas dire.
Il faut être bête pour ne pas savoir lire un titre qui renseigne sur le propos : « Un président ne devrait pas dire ça… » Où est le scoop ? Sans compter, encore une fois, qu’on ne cesse de dénoncer la langue de bois des personnalités de son rang, leur langage policé, leur manie d’être hors sujet. On accuse le candidat potentiel de ne pas tenir compte de la campagne électorale qui s’annonce. Il ferait fi du contexte et parlerait comme si son sort n’était point en jeu. Personnellement, je trouve ça admirable.
On tente de nous persuader que tout ce déballage n’est pas bon pour la vie démocratique. Pourquoi ? La démocratie serait-elle un consentement aux mensonges et aux perfidies en tous genres ? On fustige ce livre parce qu’il serait une atteinte à la crédibilité de la personne elle-même. La crédibilité consisterait-elle à raconter à vos amis ce qu’ils veulent entendre et à vous en tenir au même discours, fût-il périmé ?
Il y a là une belle sortie de Hollande avant un échec annoncé
J’ai lu aussi que Hollande aurait trahi la gauche. Alors qu’il n’a fait que donner la preuve de la neutralité exigée de tout chef d’État. Il n’est pas tenu de se soumettre aux seules directives de sa famille politique ou à ses règles de comportement. Cette même gauche crie à la trahison alors que c’est elle qui trahit Hollande en le critiquant, révélant à l’occasion ses ambitions cachées et ses velléités électoralistes. Mais oui. Les têtes d’affiche de la gauche, qui brûlent de se présenter à la primaire socialiste, devraient en savoir gré à François. Il vient de leur ouvrir la voie et de leur offrir l’occasion de libérer leur parole.
Et ma foi, je dis qu’il y a là une belle sortie de Hollande avant un échec annoncé. L’homme s’est suicidé avant que les urnes ne l’assassinent. Si c’est son intention, c’est gagné. Il aura joué un joli tour à la France et aux Français. Ce serait son plan B. Sa façon de mourir dans sa fonction, comme Molière sur scène. Chapeau, l’artiste ! Maintenant il sait ce qu’il lui reste à faire : annoncer qu’il ne se représentera pas.
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