Ce que pensent nos Présidents du débat sur le franc CFA
Franc CFA : le grand débat
La Cemac et l’Uemoa doivent-elles en finir avec l’ex-franc des colonies d’Afrique ? Économistes, responsables politiques, banquiers… il semble de plus en plus difficile de trouver des voix pour défendre cette monnaie commune. Enquête sur un tabou africain.
Quand « Gorgui » tourne casaque
Tout le monde l’attendait sur le sujet, mais Aboulaye Wade a préféré botter en touche : « Il serait irresponsable de ma part de m’attarder trop longtemps sur le franc CFA. Ne comptez pas sur moi pour dire s’il est surévalué ou non. Irresponsable, car demain les capitaux s’envoleraient dans tous les sens. Contrairement à ce que croient certains journalistes, qui pensent qu’on peut dire ce qu’on veut, je pense que certaines choses ne se disent pas. »
C’est donc un ancien président sénégalais très prudent qui s’est exprimé le 19 octobre dans un amphithéâtre bondé de Sciences-Po Paris. Économiste et auteur d’une thèse intitulée Économie de l’Ouest africain : unité et croissance, en 1959, il était invité par l’Association des étudiants de Sciences-Po pour l’Afrique (ASPA) à plancher pendant deux heures sur « Les grands défis économiques de l’Afrique ». Mais il a préféré aborder d’autres thèmes comme l’écologie, la désertification, l’éducation ou la mémoire de l’esclavage.
Loin, très loin de ses sorties autrefois très critiques envers la monnaie de la zone franc… Aurait-il tourné casaque ? Lui qui, en 2010, déclarait par exemple : « Après cinquante ans d’indépendance, il faut revoir la gestion monétaire. Si nous récupérons notre pouvoir monétaire, nous gérerons mieux. Le Ghana a sa propre monnaie et la gère bien. C’est le cas aussi de la Mauritanie, de la Gambie qui financent leurs propres économies. »
Face aux relances des étudiants, Gorgui (« le vieux »), qui, malgré son âge, se présente comme « un homme d’avenir », a tout de même tenu à préciser qu’il était « pour une monnaie africaine, continentale ». « Je l’ai déjà dit, je l’ai écrit. Aujourd’hui, c’est possible, il n’y a techniquement aucun problème, estime-t-il. En économie, c’est surtout la volonté politique qui est déterminante. » (H.N.)
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