Impression des francs CFA : la fierté l’emporte sur la raison

Parmi les questions brûlantes qui agitent les pro- et les anti-franc CFA, celle du lieu d’impression de la devise alimente tous les fantasmes.

Imprimerie de la Banque de France, à Chamalières. © BANQUE DE FRANCE

Imprimerie de la Banque de France, à Chamalières. © BANQUE DE FRANCE

ProfilAuteur_MichaelPauron

Publié le 9 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

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Franc CFA : le grand débat

La Cemac et l’Uemoa doivent-elles en finir avec l’ex-franc des colonies d’Afrique ? Économistes, responsables politiques, banquiers… il semble de plus en plus difficile de trouver des voix pour défendre cette monnaie commune. Enquête sur un tabou africain.

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Fabriquer ses billets de banque en dehors de ses frontières nationales est-il inapproprié, ainsi que le clament les défenseurs d’un « CFA-xit » ? « Cela demande des compétences et des technologies qui coûtent très cher. Tous les pays n’ont pas besoin d’avoir une usine, estime Owen W. Linzmayer, grand spécialiste américain de la numismatique et fondateur du site de référence banknotes.com. Mais la fierté nationale l’emporte parfois sur la raison. »

Traditionnellement, la Banque de France, via son usine de Chamalières, dans le centre de l’Hexagone, produit le franc CFA. Mais où, et par qui, sont imprimés les billets des trente-neuf autres États africains ?

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« Il y a beaucoup de firmes qui proposent ces services, et parfois les pays recourent à plusieurs d’entre elles en fonction du type de numéraire (billets ou pièces, valeur de ceux-ci, etc.) », répond Linzmayer. La Zambie, par exemple, imprime ses kwachas aussi bien en Allemagne qu’en France.

Les principaux prestataires pour le continent – Banque de France mise à part – sont les quelques géants qui dominent le marché, dont Oberthur (France), De La Rue (Angleterre), Giesecke & Devrient (Allemagne), Crane Currency (États-Unis), ou encore Goznak (Russie). Certains ont décidé d’investir sur place, comme De La Rue à Nairobi. En août, le britannique a annoncé la création d’un joint-venture avec le gouvernement kényan. Crane Currency a de son côté signé fin 2014 un accord de coopération avec Bank Al-Maghrib.

La Banque centrale marocaine, qui produit actuellement ses dirhams dans son usine de Dar as-Sikkah, ambitionne de pouvoir répondre aux appels d’offres internationaux. En tout, et contrairement aux idées reçues, seuls neuf pays possèdent leur propre capacité de production. Cela dit, rien n’empêche la BCEAO et la Beac de recourir à des appels d’offres pour ne plus s’adresser à la banque centrale de l’ancien colon. Et de faire jouer la concurrence, comme la grande majorité des États dans le monde.

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L’aberration des deux monnaies

Rien ne semble justifier le fait que le franc CFA d’Afrique centrale ne soit pas interchangeable avec le franc CFA d’Afrique de l’Ouest, tous deux à parité égale avec l’euro. « C’est une aberration », selon l’économiste Sanou Mbaye, ancien fonctionnaire de la BAD.

Il s’agirait d’un simple blocage idéologique – pour certains, le franc CFA de la Cemac devrait être plus fort que celui de l’UEMOA, car cette dernière est moins riche… Interrogé à ce sujet pendant la campagne électorale, en août, le président gabonais, Ali Bongo Ondimba, a indiqué que « des discussions [étaient] en cours à ce sujet ».

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