Énergies renouvelables : l’inspiration marocaine
L’effondrement des prix mondiaux du pétrole dévaste aujourd’hui plusieurs économies du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
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Moha Ennaji
Moha Ennaji est professeur à l’université Sidi-Mohamed-Ben-Abdellah de Fès.
Publié le 8 novembre 2016 Lecture : 3 minutes.
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Pas question cette fois pour les dirigeants d’attendre de voir les prix repartir à la hausse. L’effondrement actuel est différent de ceux du passé, et les gouvernements doivent s’orienter vers de nouvelles stratégies en matière d’énergie et de développement. Le Maroc, qui souhaite devenir une puissance régionale dans le domaine des énergies renouvelables, devient, de ce fait, une véritable source d’inspiration pour beaucoup d’autres pays.
Bien que le royaume investisse déjà depuis un certain temps dans des projets de grande ampleur, c’est seulement aujourd’hui que ces investissements prennent tout leur sens. Sans doute le plus impressionnant porte-t-il sur l’immense complexe solaire Noor I, situé dans le désert, près de Ouarzazate. Inaugurée le 4 février, cette centrale recourt à une technologie extrêmement avancée.
Considérée comme la plus grande installation solaire au monde, Noor I devrait produire assez d’énergie pour subvenir aux besoins de 1 million de personnes et exporter ses excédents vers l’Europe et le reste de l’Afrique. Dans la mesure où le Maroc importe 97 % de son approvisionnement énergétique et ne dispose d’aucun gisement d’hydrocarbures, le gouvernement considère le développement des énergies renouvelables comme l’unique moyen d’assurer la continuité du développement économique du pays.
Noor I, qui compte plus de 500 000 miroirs incurvés, sur plus de 4,5 km2, pour un investissement de 700 millions de dollars [environ 635 millions d’euros], n’est que la première tranche d’un complexe solaire prévu pour occuper plus de 30 km2. D’ici à 2018, trois autres centrales vont être construites, combinant des technologies comme la thermodynamique ou le photovoltaïque.
L’ensemble produira 2 000 mégawatts (MW) d’ici à 2020, contribuant à réduire l’écart de développement entre zones urbaines et rurales. Les deux tiers des 9 milliards de dollars nécessaires à la réalisation de l’ensemble ont été apportés par le gouvernement marocain, dans le cadre de sa stratégie nationale de développement.
Dans le même temps, le Maroc a installé sur la côte atlantique sud le parc éolien de Tarfaya, d’ores et déjà le plus étendu du continent. Grâce à ses 131 turbines, il dispose d’une capacité de production de 300 MW, permettant au pays de réduire de 900 000 tonnes par an ses émissions de dioxyde de carbone, tout en abaissant la facture annuelle des importations pétrolières marocaines de plus de 190 millions de dollars.
Dans les cinq prochaines années, les autorités prévoient de faciliter l’accès des industries nationales au gaz naturel liquéfié
Le pays entend développer, dans un futur proche, un programme éolien capable de produire 2 000 MW par jour, ainsi qu’un projet d’énergie hydroélectrique d’une capacité identique. L’objectif du Maroc est d’assurer lui-même 52 % de sa production totale d’électricité grâce aux énergies renouvelables. Une proportion inégalée dans toute l’Afrique.
À l’heure où la demande en électricité augmente chaque année de 7 % à travers le royaume, le gouvernement sait qu’il ne peut rester passif et n’entend pas procéder à un sevrage brutal des sources énergétiques traditionnelles. Dans les cinq prochaines années, les autorités prévoient de faciliter l’accès des industries nationales au gaz naturel liquéfié (GNL). Un projet de plus de 4,5 milliards de dollars, entièrement financé par le secteur privé, doit voir le jour, comprenant un port doté d’un terminal gazier, raccordé à l’intérieur du pays par un pipeline de 400 km.
Aujourd’hui, 90 % de la population est raccordée au réseau électrique, contre 18 % dans les années 1990. Sur la même période, les investissements ont dépassé 3 milliards de dollars.
Cette somme colossale permet aujourd’hui au Maroc d’affirmer son indépendance énergétique, de réduire le coût de l’électricité et donc d’assurer à ses entreprises un approvisionnement suffisant pour subvenir à leurs besoins, renforçant les capacités du pays à diversifier son économie. Un exemple que beaucoup de pays d’Afrique et du Moyen-Orient pourraient suivre à leur tour.
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