Consommation : au Maroc, le bio prend ses marques

Les produits issus de l’agriculture biologique ont la cote dans les grandes villes. Mais le secteur doit encore se structurer et, surtout, se doter de véritables labels.

La ferme de Yassine Benjdya, 
à Laouamra, dans la région de Tanger. © Yassine Benjdya

La ferme de Yassine Benjdya, à Laouamra, dans la région de Tanger. © Yassine Benjdya

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Publié le 8 novembre 2016 Lecture : 3 minutes.

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Huit heures du matin. Comme chaque samedi, Yassine Benjdya s’apprête à livrer ses clients. Dans son véhicule, il transporte une vingtaine de paniers débordant d’aubergines, de poivrons, de pommes de terre et d’autres légumes de saison. Tous bio.

Retour à la terre

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Diplômé de la Pace University, de New York, et de la Hult International Business School, de Londres, ce jeune homme de 23 ans aurait pu suivre une carrière de golden-boy et gagner « un salaire de malade », comme il dit. Mais, issu d’une famille attachée à la terre, il est rentré au bled participer à la gestion du domaine familial, près de Larache. Dans cette belle exploitation de 1 700 ha, située à 220 km au nord de Casablanca, il a réservé une dizaine d’hectares à la réalisation de son rêve : une ferme bio consacrée à la culture maraîchère.

Effet de mode ? Phénomène de société ? La multiplication des fermes bio aux abords des grandes villes marocaines suscite des interrogations. Depuis dix ans, de nombreuses exploitations ont vu le jour autour de Casablanca, de Rabat, de Marrakech et d’Agadir. « Il y a certes un engouement chez les ménages urbains, mais le Marocain lambda continue surtout à faire attention au prix », tempère Jalal Charaf, vice-président de la Fédération interprofessionnelle du bio (Fimabio).

Créée en juin dernier, cette association regroupe tous les acteurs de la chaîne et compte sur l’État pour l’aider à organiser la filière et à la développer. En avril 2011, le gouvernement marocain a signé un contrat-programme de 1,1 milliard de dirhams avec les opérateurs de l’agriculture biologique, regroupés alors au sein de l’Association marocaine du bio (Amabio), l’ancêtre de la Fimabio. Objectif : faire passer la production de 50 000 à 400 000 tonnes à l’horizon 2020, en s’appuyant sur les cultures liées à l’exportation, comme l’olivier, l’arganier, les cultures maraîchères, les plantes médicinales et les agrumes.

Avec un peu plus de 80 000 t actuellement, l’objectif est encore loin d’être atteint. Le secteur doit relever deux défis : sa structuration et, surtout, sa certification. Mêmes s’ils sont cultivés naturellement et sans pesticides, beaucoup de produits ne peuvent être estampillés bio, faute d’un organisme certificateur national. Quelques opérateurs recourent aux labels étrangers (Ecocert, AB, Veritas…), mais ils le font pour des productions destinées à l’exportation.

Sans cette validation, la relation entre les agriculteurs et leurs clients reste fondée sur la confiance. « Nous ne connaîtrons l’état réel du bio au Maroc que quand les produits seront tous certifiés. Nous pourrons alors juger », insiste Jalal Charaf.

Une offre haut de gamme

Au Maroc, les produits bio font une percée timide dans les grandes surfaces. Les enseignes Carrefour-Label’Vie et Marjane proposent des pâtes alimentaires, des galettes de riz et quelques produits laitiers, essentiellement de marques européennes, tant l’offre locale certifiée est faible. La première entreprise spécialisée dans les produits bio au Maroc est une franchise du groupe français La Vie Claire.

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Épicerie, produits frais, produits d’entretien, cosmétiques… : les étalages y sont mieux approvisionnés qu’ailleurs, mais pas toujours à la portée du grand public, la plupart des produits étant issus de l’importation. La franchise propose aussi des produits marocains, même lorsqu’ils ne sont pas certifiés. Une façon d’encourager la production locale, malgré la difficulté de disposer d’un réseau de fournisseurs fiables.

Filiale du holding royal SNI, les Domaines agricoles proposent aussi de l’épicerie fine, ainsi que des fruits et des légumes issus de l’agriculture raisonnée dans ses deux boutiques de Casablanca, en attendant l’ouverture d’une troisième, à Rabat. En se positionnant, là encore, sur une offre haut de gamme.

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