Aux petits soins du verger ivoirien

Le vieillissement des plantations et les maladies menacent le cacao du premier producteur mondial. Mais pas question pour le pays de céder sa place.

L’âge moyen des cacaoyers (ici, à Gagnoa) oscille entre 25 et 50 ans. © ISSOUF SANOGO/AFP

L’âge moyen des cacaoyers (ici, à Gagnoa) oscille entre 25 et 50 ans. © ISSOUF SANOGO/AFP

Publié le 16 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Unité de transformation du cacao dans l’usine de Choco Ivoire à San Pedro, dans le sud-ouest de la Côte d’Ivoire, en mars 2016. © Jacques Torregano/JA
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Café – cacao

Ralentissement de la consommation, mauvaises conditions climatiques, marges en baisse… Pour résister, les gros acheteurs cherchent à avaler de plus petits concurrents et à intégrer la chaîne de production.

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En Côte d’Ivoire, l’évolution du verger inquiète. Son âge moyen ne cesse de grimper – au moins 20 % des plantations de cacao ont plus de 30 ans. Sur ses 2 millions d’hectares, 400 000 seraient devenus peu productifs. Et le changement climatique s’accompagne de maladies qui viennent le décimer.

Pendant la campagne 2015-2016, la production ivoirienne a baissé, à 1,6 million de tonnes contre 1,8 million lors de la précédente. Mais le pays, qui tire 15 % de son PIB du cacao, est bien décidé à maintenir et à consolider son rang de premier producteur mondial. Son objectif : passer à plus de 2 millions de tonnes à l’horizon 2020.

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Déploiement d’une stratégie nationale

Le pays a donc déployé toute une stratégie. Depuis 2011, le Conseil du café-cacao (CCC), l’organe public chargé de la gestion du secteur, a lancé plusieurs opérations pour renouveler le verger. En synergie avec les acteurs du cacao, l’État ivoirien a mis en place la Plateforme de partenariat public-privé, regroupant des multinationales comme Cargill, Mars, Nestlé, Olam, ainsi que des ONG et des institutions comme la Banque mondiale et l’Agence française de développement. « Nous devons mutualiser toutes les initiatives et élaborer des programmes communs qui permettront de pérenniser la filière », estime Massandje Touré-Litse, la directrice générale du Conseil du café-cacao.

Dans ce cadre, dix-sept protocoles d’accord ont été conclus et ont permis de mobiliser plus de 33 milliards de F CFA (environ 50 millions d’euros) pour des investissements en milieu rural, notamment dans la distribution d’une nouvelle variété de plants de cacao baptisée Mercedes, plus résistante à la maladie et offrant une meilleure productivité.

Le cacao Mercedes a un cycle court et produit 2 t à l’hectare, contre 400 kg pour l’ancienne variété. « Nous avons distribué des semences améliorées pour 152 318 ha et des produits phytosanitaires pour 4,7 millions d’hectares », explique Massandje Touré-Litse.

Le changement climatique a aussi favorisé l’invasion de chenilles dévorantes dans les plantations de cacao.

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Des partenariats signés avec le Centre national de recherche agronomique (CNRA) et avec l’Agence nationale d’appui au développement rural (Anader) ont facilité la lutte contre le vieillissement du verger et les maladies comme le swollen shoot (gonflement des rameaux qui a fait de nombreux dégâts au Ghana et au Nigeria).

« Le changement climatique a aussi favorisé l’invasion de chenilles dévorantes dans les plantations de cacao, attaquant plus de 20 000 ha, révèle la patronne du Conseil du café-cacao. Mais nous avons réglé le problème. » Le pays est également à l’origine d’un programme d’installation pour les jeunes agriculteurs. Plus de 1 000 nouveaux producteurs devraient ainsi être opérationnels à l’horizon 2018. Le gouvernement a aussi créé le Fonds d’investissement en milieu rural et le Fonds d’investissement agricole, qui financent massivement le secteur du cacao et du café.

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