Hydrocarbures : les producteurs de pétrole doivent encore faire le dos rond

Après l’accord sur la réduction de la production conclu à l’Opep, la conjoncture reste compliquée pour les membres ouest-africains de l’organisation qui devront négocier ferme à Vienne pour rester à flot.

Une équipe du groupe pétrolier Perenco intervient sur un puit de pétrole défectueux près de Muanda, à l’extrème ouest de la République démocratique du Congo, le 28 juin 2016. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

Une équipe du groupe pétrolier Perenco intervient sur un puit de pétrole défectueux près de Muanda, à l’extrème ouest de la République démocratique du Congo, le 28 juin 2016. © Gwenn Dubourthoumieu pour JA

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 18 novembre 2016 Lecture : 2 minutes.

Même si fin septembre à Alger, les négociateurs des pays membres de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) se félicitaient d’avoir trouvé un accord « historique » en vue d’une réduction de leurs volumes de production, il y a encore du chemin à parcourir avant que le prix du baril de brut – actuellement autour de 50 dollars (45 euros) – retrouve des couleurs.

D’abord, la diminution sur laquelle ils se sont accordés est marginale : elle limite la production à un niveau compris entre 32,5 et 33 millions de barils par jour, contre 33,24 millions en août 2016. Cette « coupe » représente peu ou prou la hausse de production en un an des mêmes pays de l’Opep ! Ensuite, si le point bloquant des précédentes négociations a été levé – l’Iran a obtenu d’être exclu de l’accord pour pouvoir rattraper ses niveaux de production d’avant le durcissement des sanctions en 2012 –, la répartition des quotas par pays reste encore à définir le 30 novembre, lors de la prochaine réunion de l’Opep à Vienne.

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Les tractations à l’Opep parties pour durer

« Si les producteurs du Moyen-Orient sont prêts à baisser leurs volumes pour faire monter les prix et les Russes à stabiliser les leurs, d’autres pays dont la dépendance au pétrole est très forte, le Nigeria et l’Angola par exemple, ne le souhaitent pas et veulent au contraire être exemptés de quotas contraignants », note l’analyste Jubril Kareem, d’Ecobank.

Selon ce spécialiste basé à Lagos, les tractations à l’Opep vont durer, ce qui va faire perdurer la forte volatilité des cours dans les prochains mois. « Nous nous attendons à un baril autour de 50,35 dollars en moyenne au dernier trimestre 2016, soit un prix un peu plus élevé qu’au trimestre précédent », estime de son côté Ann-Louise Hittle, chef du bureau d’analyse macro-pétrolière chez Wood Mackenzie, pour qui « cette légère hausse n’est pas due à l’accord trouvé à l’Opep, mais simplement à la diminution des entrées en production de nouveaux projets ».

Elle prévoit par la suite une nouvelle baisse des prix du brut au premier semestre 2017, causée par un déstockage de la part des grands traders pétroliers, puis une hausse des cours plus durable à partir du second semestre.

Avec ce niveau de prix de 50 à 60 dollars le baril, les pays africains vont continuer à souffrir.

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« Avec ce niveau de prix de 50 à 60 dollars le baril, les pays africains vont continuer à souffrir, estime Gail Anderson, analyste de Wood Mackenzie pour l’Afrique de l’Ouest : leurs coûts de production élevés – du fait notamment du manque d’infrastructures –, une certaine inflexibilité sur les questions de contenu local, en particulier au Nigeria, ainsi que la résurgence des questions sécuritaires, les rendent moins attractifs que d’autres zones pétrolières qui ont réussi à contenir leurs coûts. » « Il n’y a pratiquement pas eu de nouveau grand projet en eaux profondes sur le continent depuis deux ans », relève de son côté Jubril Kareem, qui espère de la part des États nigérian et angolais une meilleure visibilité sur les évolutions réglementaires et fiscales pour que de nouveaux projets puissent voir le jour.

Dans ce contexte difficile, les compagnies locales sont dans des situations contrastées. « Au Nigeria, celles qui disposent d’un portefeuille diversifié, avec des projets à différents stades, pétroliers et gaziers, implantés dans plusieurs régions, tirent leur épingle du jeu. Mais les autres sont en situation difficile », observe l’analyste Rolake Akingkugbe, de FBN Capital Limited, qui note toutefois leur bonne résilience à la conjoncture, avec au final peu de faillites.

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